mercredi 21 décembre 2011

Tenshi no Wakemae

Si j'avais déjà croisé des séries dans lesquelles la gastronomie japonaise est mise en valeur, je n'avais encore jamais regardé un food drama commandité par la très sérieuse NHK. Ou comment stopper net le grignotage de chips devant l'écran en se disant que vraiment, non, ce n'est pas possible de se nourrir aussi mal en regardant quelque-chose d'aussi bon.

Il faut bien l'avouer, regarder un food drama demande des maxillaires d'acier pour empêcher la bouche de s'ouvrir et la salive de couler. L'image n'est pas très fraîche mais elle transmet un sentiment sincère ou, plus exactement, un instinct primal. Là est d'ailleurs tout l'objet de Tenshi no Wakemae. Jugez plutôt. Une trentenaire, à la veille d'emménager avec son compagnon, se retrouve abandonnée, sans travail ni économie. Plus encore, le fuyard a eu l'impudence de lui confier la garde d'un fils qu'il gardait caché de sa promise. Celle-ci, Kurumi (Mizuki Arisa), assommée par ce brutal revirement de fortune, a la bonne idée de manger quelque-chose de bon, reprendre ainsi des forces et ne pas sombrer dans la panique. Et finalement, tout est là. De ce repas et de ceux qui suivront, Kurumi tirera non seulement l'énergie de redresser la tête, mais gagnera également la sympathie puis l'amitié de toute une galerie d'inconnus qui l'aideront à remettre le pied à l'étrier. Aux créatures pensantes que nous sommes - trop parfois - ce drama rappelle des choses tellement simples qu'elles pourraient en sembler bêtes si elles n'étaient aussi vraies. Un bon repas offre un peu de plaisir dans la morosité en plus de redonner des forces. Savouré, il permet de faire une pause salutaire au milieu des ennuis. Partagé, il génère une ambiance chaleureuse propice à la solidarité. Tenshi no Wakamae, ce n'est que ça: un rappel d'une chose très ordinaire et pourtant plus importante et impactante que nous ne voudrions le croire.

Il est assez amusant d'observer que cette série inverse les premier et second plans habituels des dramas se déroulant, par exemple, dans l'univers de la restauration. En effet, ici, la gastronomie ne sert pas de toile de fond aux histoires des personnages, elle est littéralement le personnage principal. Mis en scène, filmés en gros plan, les plats et leur préparation sont l'objet de toutes les attentions et relèguent les acteurs aux rôles de faire-valoir, à grand renfort de sourires, de humages inspirés ou d'exclamations satisfaites. Tant mieux car, globalement, l'histoire de Kurumi, ses coïncidences cousues de fil blanc et ses développements, s'avèrent un peu trop rocambolesques pour être crédibles. Par ailleurs, si Mizuki Arisa interprète sans problème son personnage, le reste du casting n'a pas grand relief. Légèrement troublé par la bouche tordue de Yoshimura (Tomosaka Rie), bourgeoise pédante et semi-hystérique, j'ai juste apprécié les "gueules" du grand-père de Kurumi (Otaki Hideji), râleur affectueux au bon sens terrien, et de Satou (Issei Ogata), incarnant cette solidarité bourrue qui se crée parfois entre compagnons de galère. Deux archétypes, sans doute, mais bien portés par ces acteurs. Les féministes relèveront également que la série fait parfois plus que flirter avec la répartition des tâches selon les genres. Rien de bien neuf sous le ciel nippon, hélas!

Autant en rester là pour le scenario en concluant que, si on déjà vu mieux, on a aussi eu souvent l'occasion de subir bien pire. Il n'endommage absolument pas le contenu du drama et on ne lui en demande finalement pas plus. L'essentiel, comme évoqué plus haut, se concentre sur la gastronomie et celle-ci mérite donc qu'on y revienne encore pour quelques lignes. Il faut en effet souligner que les plats présentés dans Tenshi no Wakemae ne relèvent pas de la haute gastronomie. On a ici à faire à de la cuisine qui se veut authentique, populaire et dont le succès repose avant tout sur la saine qualité des aliments et sur le soin apporté à sa préparation. Des plats simples, des légumes frais, une attention soutenue et voilà le téléspectateur servi, du moins en images savoureuses! J'en profite pour applaudir vivement le traducteur qui a eu le bon goût de sous-titrer les aliments et plats présentés à l'écran, sans doute très reconnaissables pour les Japonais mais un peu moins pour moi. Enfin, la série a évité de s'étirer en longueur, en ne dépassant pas cinq épisodes, faute de quoi le scenario aurait eu besoin d'un peu plus de travail.

Ainsi donc, à moi qui suis capable de tenir des semaines en mangeant un sandwich ou un plat de pâtes pour tout repas quotidien, j'ai trouvé un réel intérêt à une série parlant de nourriture! L'authenticité de son message et la beauté simple de la gastronomie dévoilée à l'écran m'ont permis d'apprécier sincèrement cette série. Il n'est même pas impossible qu'à l'occasion je rejette un œil sur un food drama, Tenshi no Wakemae ayant réussi à m'ouvrir l'appétit sur le genre.


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7/10 : At least worth checking out


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lundi 19 décembre 2011

20 theme songs (II)


Avec 20 critiques rédigées en l'espace d'un an, je note que j'ai doublé ma productivité! Évidemment, c'est plus simple quand on part de bas... L'occasion de remettre à l'honneur la musique japonaise refait en tout cas surface, sur le modèle de l'interlude musical paru sur ces pages presque un an jour pour jour. Les génériques des 20 derniers dramas chroniqués ici sont donc offerts à l'écoute, sans commentaire étoffé de ma part puisque ma culture musicale s'avère malheureusement toujours aussi limitée. Encore une fois, cette sélection ne reflète pas nécessairement mes propres goûts, mais la variété du panel proposé présente un intérêt certain pour les personnes curieuses de l'univers musical dans lequel baignent les Japonais.

Mes goûts musicaux propres, justement, je réfléchis depuis quelques temps à les proposer sur ce blog, non pas par vanité ou égotisme, mais plus simplement pour répondre à une envie de proposer un contenu complémentaire aux lecteurs de passage, possiblement avides d'en découvrir toujours plus sur ce qui se fait au pays du soleil levant. D'autres thèmes apparaîtront également peut-être avec le temps...

... mais, pour le moment, penchons-nous d'abord sur les seuls thèmes musicaux.


- Haikei, Chichiue-sama
Papier par Moriyama Ryoko - Réputée pour ses chansons d'une grande poésie, cette artiste folk propose une bande musicale dont les sonorités dégagent un parfum de nostalgie en parfaite correspondance avec le thème de ce drama.


- Shinzanmono
Machi monogatari par Yamashita Tatsuro - Déjà interprète du générique de Barai no nai Hanaya, l'un des chanteurs les plus appréciés au Japon offre une ballade un peu datée mais agréablement rythmée.


- Rinjo
Ifuu Doudou par Hirahara Ayaka - On retrouve une artiste déjà sollicitée pour Kaze no Garden et c'est ma foi un plaisir que de réentendre la voix chaude et enveloppante d'Hirahara Ayaka.


- Orange Days
Shanghai Honey par Orange Range - Une insert song nerveuse pour célébrer toute la fougue de la jeunesse! Orange Range s'est fait une spécialité des tubes d'une énergie communicative, pour mon plus grand plaisir!


- Sunao ni Narenakute
Hard to say I love you ~Ii Dasenakute~ par WEAVER - Intégrés à la bande son, les morceaux des Ting Tings constituent l'une des rares satisfactions de cette série d'un triste classicisme. Quant à WEAVER...


- Ninkyo Helper
Sotto Kyutto par SMAP - On ne m'empêchera pas de penser que les SMAP méritent d'être connus pour les dramas dans lesquels ils sont apparus plutôt que pour la soupe musicale qu'ils nous servent. Pilier de la Johnny's Jimusho, ce groupe est un incontournable du show business nippon.


- Papa to Musume no Nanokakan
Hoshikuzu Sunset par YUKI - Si les voix aigues et nasillardes ne vous rebutent pas, l'ex-chanteuse de Judy & Mary pourrait vous convaincre de lui laisser une petite chance, ce même si ce morceau n'est peut-être pas son meilleur produit d'appel.


- M no Higeki
Night & Day par Sister Q - Une chanson issue d'un girls band, aussitôt créé aussitôt disparu, comme tant d'autres. Pas sur que la scène musicale japonaise s'en soit trouvée très affectée...


- Rookies
Kiseki par GReeeeN - On se demande où ils vont chercher tout ça: GReeeeN est un groupe de musiciens souhaitant conserver leur anonymat pour ne pas empiéter sur leur carrière de... dentistes. Leur musique rock, plutôt efficace, me fait excuser leurs facéties.


- Hoshi no Kinka
Aoi Usagi par Sakai Noriko - L'actrice principale, alors au faite de sa gloire, chante le générique de ce drama-culte des 90's et, dans le clip lié, n'oublie pas d'accompagner son chant du langage des signes.


- Densha Otoko
Sekai wa Sore wo Ai to Yobun da ze par Sambomaster - On a déjà parlé du générique animé réalisé pour cette série, alors pourquoi ne pas s'offrir maintenant le délire de cette bande d'excités de Sambomaster?


- Shiroi Haru
Yokogao par Sakai Ayumi - Une ballade très classique, chantée par un mannequin en reconversion. Au moins, ça ne nuit pas au charme de ce drama...


- Ushi ni Negai wo
Green Days par Makihara Noriyuki - Encore un tube pop à la rythmique entraînante, interprétée par une valeur sûre de la scène japonaise.


- Jouu no Kyoushitsu
Exit par Exile - On n'allait pas toujours pouvoir les esquiver et voici donc un boys band actuellement en pleine bourre auprès des ados, mais, pour faire passer, je propose la version dans laquelle Amami Yuki rappelle qu'elle n'est pas un monstre mais une star sympathique. Au moins, c'est drôle.


- Buzzer Beat
Ichibu to Zenbu par B'z - On ne va pas se mentir: ça envoie du lourd! Le plus grand duo musical japonais pour un tube rock pêchu! Asseyez-vous sur vos mains sous peine de vous retrouver à faire du air guitar dans votre salon!


- Meitantai no Okite
Fighting Pose no Uta par Baba Toshihide - Une découverte que ce chanteur rock à la voix originale... autant que l'est ce drama d'ailleurs: ça ne peut être un hasard.

- Soratobu Taiya
La bande son repose sur l'utilisation d'instruments de musique classique et ne comprend pas de chanson principale spécifique que je pourrais réutiliser ici.


- Slow Dance
Tokyo par Fukuyama Masaharu - Le Marc Lavoine japonais règne sur les charts et les popularity contests. Cette chanson en fait de même sur ma playlist.

- Engine
L'équation se vérifie presque toujours: drama avec KimuTaku = tube occidental. Au pluriel dans le cas présent.


- Bijo ka Yajuu
The Galaxy and Maze par Tokyo Ska Paradise Orchestra - Les rois du ska nippon ajoutent ce morceau entraînant à une discographie dont la richesse ravira les amateurs du style.

dimanche 18 décembre 2011

Bijo ka Yajuu

Tout un chacun sait que les chaînes de télévision surveillent très attentivement leurs audiences, mesures du succès de leurs programmes et, par conséquent, déterminantes pour leurs recettes. La série Bijo ka Yajuu entreprend d'étudier les conséquences de ce qu'on appelle communément le diktat de l'audimat et propose ainsi une comédie intelligente et légère se déroulant dans les coulisses d'un journal télévisé. En l'espèce, le thème du drama faisait écho à l'une des raisons m'ayant fait choisir cette série, id est son taux d'audience.

Bien évidemment, les scores fort honorables obtenus par cette série ne furent pas les seuls en cause, puisqu'il comptait également mon vif intérêt à retrouver à l'écran les très populaires Matsushima Nanako et Fukuyama Masaharu. Il fallait bien ces deux acteurs pour me faire tenir devant les premiers épisodes, non pas que le fond soit mauvais, mais j'avais hélas hérité d'une version de très mauvaise qualité, allant fort heureusement en s'arrangeant à compter du quatrième opus. Passé ce défaut, Bijo ka Yajuu ne manque pas d'intérêt, chacun de ses épisodes se portant sur l'une des problématiques soumises aux media et à ceux qui y travaillent. On voit ainsi ces reporters et producteurs confrontés à des choix plaçant sur la sellette leur sens moral au regard de leurs obligations professionnelles. Certes, s'agissant d'une comédie, le traitement s'avère souvent un peu simpliste, mais le questionnement a le mérite d'exister et d'être pertinent. Jusqu'où peut-on aller pour obtenir un scoop? Confronté directement à un fait divers susceptible de faire la Une, le devoir du journaliste est-il de témoigner des faits se déroulant sous ses yeux ou d'intervenir pour secourir son prochain? Que faire lorsque lorsque le sujet d'un reportage ne s’appesantit plus sur un inconnu mais pointe ses proches ou ses amis? La déontologie du métier de journaliste doit-elle s'effacer devant l'intérêt supérieur de son employeur? Au-delà même de cet échantillon de questions posées aux valeurs morales et humaines des personnages, Bijo ka Yajuu met le doigt sur une interrogation essentielle pour les acteurs du journalisme d'information: faut-il donner au téléspectateur l'information qu'il souhaite recevoir ou celle dont il devrait prendre connaissance en tant que citoyen? Voilà une question ordinaire mais que les media se gardent habituellement d'exposer sur la place publique... à croire qu'ils craignent de reconnaître qu'elle a été tranchée dans un sens qui ferait se retourner Albert Londres dans sa tombe marine.

L'une de ces positions est incarnée par Takamiya (Matsushima Nanako), alors qu'une posture intermédiaire est dévolue à Nagase (Fukuyama Masaharu). De façon assez réaliste, celle du journaliste pur et dur, insensible aux discours autres que celui de son devoir, ne trouve pas réellement d'incarnation dans cette série. Takamiya a été embauchée à un salaire indécent pour redresser le journal du soir et lui faire regagner une audience tombée dans les tréfonds de l'audimat. En vue de la réalisation de cet objectif, la nouvelle venue entend produire un journal qui répond aux attentes de téléspectateurs dont les goûts ont été soigneusement disséqués: présentateur dynamique, sujets de la vie courante, faits divers, etc. Issue d'un excellent milieu et passée par les meilleures écoles, elle souhaite au passage secouer les habitudes d'une équipe qui semble par moments aussi amorphe qu'incapable. Arrivé dans le même temps dans cette rédaction, Nagase a été transféré du département variétés où sa principale préoccupation consistait à créer des programmes destinés à distraire le Japonais moyen, une part non-négligeable dudit divertissement ayant apparemment un rapport avec des jeunes femmes en bikini. Loin des enjeux confiés à sa nouvelle patronne, il s'intéresse avant tout à la réalisation de programmes de qualité en faisant confiance à ses collègues pour lui fournir un contenu pertinent. Peu lui importe qu'il s'agisse de dénoncer la corruption ou de donner aux téléspectateurs les meilleures adresses de restaurants de ramen, l'essentiel étant de trouver du plaisir dans son travail. Considérant ses collègues comme une sorte de grande famille, il s'efforce de valoriser leur travail en toute circonstance. Naturellement, les heurts entre sa patronne et lui ne manquent pas mais, pour autant, ils semblent assez rapidement trouver un terrain d'entente... pour démontrer que les valeurs qu'on est en droit d'espérer du journalisme peuvent se concilier avec les enjeux de l'audimat?

Disons-le tout net, Matsushima Nanako est parfaite dans son rôle! D'une classe et d'une élégance rares, la vivacité de son intelligence, sa détermination tout autant que sa faculté à garder la tête froide, font de Takamiya un personnage criant de vérité. Fukuyama Masaharu incarne pour sa part un homme détendu, sympa et charismatique, autrement dit un rôle d'autant plus facile pour lui qu'il s'avère être d'ores et déjà son habituel fond de commerce, faisant de lui l'un des hommes les plus populaires du Japon. Bien évidemment, on se laisse entraîner à son petit jeu et Nagase devient vite un personnage qu'on a plaisir à retrouver. Parfois, il semble forcer un peu le trait, mais comme on ne sait si c'est l'acteur ou le rôle qui en est le responsable, on ne peut réellement lui en tenir rigueur. La télévision nippone ne sachant se priver d'en distiller une dans ses séries, surtout avec un tel couple à l'écran, oui, il y a bel et bien une romance entre Takamiya et Nagase. Ni très crédible, ni très poussée, elle se contente d'épicer très légèrement leurs relations.

Ce duo très charismatique se trouve soutenu par une galerie de seconds rôles qui s'adaptent au déroulé de la série pour offrir, au choix, des instants graves et appelant la compassion, ou des moments légers et burlesques. Parmi eux, on retrouve avec plaisir des figures aussi connues que Watanabe Ikkei (Liar Game, Galileo...), Sasaki Kuranosuke (M no Higeki, Saitou-san, Zettai Kareshi...), Nagai Masaru (Yankee Bokou ni Kaeru, Suna no Utsuwa, At Home Dad, Buzzer Beat, Facemaker...) et même la charmante Shiraishi Miho (Orange Days, Densha Otoko, Shiroi Haru...) dont ce semble être la première apparition au petit écran. Tout ce beau monde vit, s'agite, partage ses angoisses, en bref, crée une belle ambiance et donne corps à l'univers dans lequel se déroule Bijo ka Yajuu.

On pouvait s'en douter, si la série pose de bonnes questions, elle s'attache également à rehausser le prestige d'une profession qui prête le flanc à beaucoup de critiques et des plus justifiées. Qu'on se rassure, la morale est sauve! Le devoir de vérité du journalisme sera récompensé et l'emportera sur les basses contingences matérielles liées à l'audimat. Facile, sans doute, mais on ne pouvait attendre du diffuseur de cette série qu'il se tirât une balle dans le pied. Cela n'affecte cependant pas outre mesure l'intérêt des problématiques soulevées par le série. Celles-ci, ajoutées au casting évoqué plus haut, font de Bijo ka Yajuu un drama qui, pour le coup, mérite certainement son audience.


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7/10 : At least worth checking out.


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mercredi 7 décembre 2011

Engine

On m'a fait récemment remarquer que, bien que me proclamant ouvertement fan de Kimura Takuya, je ne lui ai pas fait beaucoup de place sur ces pages. Remarquez qu'il y a pire que d'évoquer cet acteur au moyen de Beautiful Life, Pride et Karei naru Ichizoku, des dramas de grande qualité. Comme j'ai déjà pu l'insinuer ici ou là, je suis toujours hésitant lorsqu'il s'agit d'écrire sur un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Vais-je réussir, pas nécessairement à convaincre l'auditoire, mais au moins à être clair dans l'exposé de mes pensées et sentiments? Ou ne vais-je susciter qu'incompréhension? C'est tout le challenge du rédacteur et il serait paradoxal de le fuir alors même que j'ai la prétention de porter mes écrits sur le net. Dont acte, avec cette note sur Engine, le premier drama où je vis KimuTaku.

Kanzaki Jiro, un pilote de courses automobiles (Formula Nippon, ex-F3000, pour les aficionados), est renvoyé de son écurie et se résout à retourner vers la demeure paternelle, le temps de retrouver une opportunité de courir. Mais la maison familiale est devenue un orphelinat où vivent pas moins de 12 enfants, encadrés par 5 adultes: le père et la soeur de Jiro, deux pédagogues et une femme de service. C'est donc un treizième enfant qui vient rejoindre cette tribu hétéroclite autour de la table familiale. "Treizième enfant"? Oui, car, bien qu'âgé de 32 ans, Jiro s'avère être un personnage d'une grande puérilité, du moins en apparence, et ses interactions avec les petits pensionnaires constituent le cœur et le sel de cette série. J'entends d'ici les voix de ceux qui se plaindront par anticipation de tomber sur la recette chère aux school dramas: des enfants à problème et un pseudo-adulte pour les remettre dans le droit chemin. Non! Soyons clairs: ce serait faire injure à Engine que de le réduire à ce genre éculé. Si, sur la forme, avec ses épisodes consacrés successivement aux habitants du pensionnat Kaze no Oka, cette série peut laisser entrevoir quelques similitudes, son scenario se veut plus riche et surtout plus original grâce à son personnage principal.

Kanzaki Jiro n'est pas un mentor, pas un grand frère, pas un éducateur, pas un redresseur de torts ou que sais-je encore? Il n'est pas à l'écoute des enfants ou de leurs problèmes et ne manifeste ni indulgence ni attention particulières en raison de leur âge ou de leur situation personnelle, quand il n'affiche pas une totale indifférence. Lorsqu'une petite pensionnaire a les yeux rouges et gonflés d'avoir trop pleuré, il lui demande si elle a de l'allergie et s'en va sans attendre la réponse. Nombriliste et irresponsable, il ne cache pas que la présence de la horde enfantine a tendance à lui casser les pieds. Surtout, et c'est le point-clé de la relation qui va se nouer entre les enfants et lui, l'immaturité de Jiro le conduit à traiter avec les pensionnaires sur un pied d'égalité: il se moque, se dispute ou se bagarre avec eux sans jamais jouer de sa posture d'adulte. N'ayant pas d'attente à leur égard, il ne dispense ni conseil, ni morale, mais, en se plaçant à leur hauteur, Jiro, plus qu'aucun autre, comprend ses jeunes colocataires. Une compréhension qui ne se veut pas compatissante, mais qui lui permet de faire simplement le geste juste quand l'un des enfants rencontre un problème. Étonnant et pourtant logique, ce geste consiste généralement à les laisser prendre leurs propres décisions et à faire face par eux-mêmes aux obstacles qui se dressent devant eux, sans intervenir ni commenter. Naturellement, petit à petit, une certaine affection finira par se dégager de cette famille nombreuse reconstituée, mais sans trop affecter le comportement général de Jiro.

Cette évolution ira de pair avec le développement de deux trames secondaires. D'une part, grillé dans le milieu de la compétition automobile pour son tempérament arrogant et de tête brulée, Jiro doit apprendre l'humilité, l'esprit d'équipe mais également - quoique la morale voulue par le scenario m'a semblé ici plus incertaine - la force et la responsabilité qui échoient à celui qui se surpasse pour une cause et non pour son profit égoïste. D'autre part, suivant un schéma bien connu qui veut que les contraires s'attirent, une romance se noue peu à peu entre le personnage principal et son alter ego féminin, Tomomi, représenté par une jeune pédagogue timide et maladroitement attentionnée. Si Kimura Takuya et Koyuki sont deux acteurs de qualité, on ne peut cependant pas dire que leur relation soit très crédible ni n'apporte une réelle valeur ajoutée à la série.

La transition est trop facile et évidente pour que je me prive de la saisir et j'en profite donc pour évoquer les acteurs en quelques mots. A tout seigneur, tout honneur, je commencerai par KimuTaku. Avec raison, on me fera remarquer que je ne parle pratiquement que de lui depuis le début de cette note. Mea culpa. On aura compris que j'ai réellement accroché au personnage de Jiro, mais plus encore que de revenir sur une performance déjà longuement commentée, je souhaite souligner à quel point je fus absorbé par le charisme et le naturel qui se dégagent de cet acteur. Kimura Takuya n'est pas le plus doué des acteurs, naturellement, pas plus que cette série ne fut sa meilleure ni ne lui offrit son rôle le plus accompli, mais, qu'on me pardonne cette parenthèse personnelle, Engine reste pour moi le drama d'une rencontre, d'un engouement, en bref et pour ne pas avoir peur des mots: d'un coup de foudre. J'ai la faiblesse de penser que, même pour un dramaphile aussi peu averti que je l'étais à l'époque, le choc eut été largement atténué si le personnage de Jiro avait été mal interprété. J'en déduis que KimuTaku réalise là une belle performance.

Il n'est pas le seul puisque Jiro est entouré d'une galerie de personnages très correctement interprétés (ainsi que de race queens, mais c'est un autre sujet). On relève quand même que, de manière assez originale, la traditionnelle rude figure paternelle, bourrue mais sage et aimante, fait l'objet d'une double incarnation, au travers de Kanzaki Takeshi (Harada Yoshio), propriétaire de la pension et père de Jiro, mais également d'Ichinose (Izumiya Shigeru), patron de l'écurie où notre héros devra refaire ses gammes. Si son rôle d'enseignante un peu cruche s'avère ingrat, Koyuki le joue au plus juste et on ne peut lui imputer la responsabilité d'une romance plus ou moins convaincante, celle-ci étant moyennement portée par le scenario. Les autres personnages secondaires incarnant des adultes sont à l'avenant et évitent les fausses notes.

Il faut absolument souligner la jolie prestation des jeunes acteurs incarnant les enfants de l'orphelinat. Au cœur des développements de l'histoire, ils se montrent convaincants dans leur interprétation de jeunes qui se trouvent, bien malgré eux, mis en marge d'une société nippone pas toujours tendre avec les personnes différentes, y compris quand cette différence devrait appeler compréhension et solidarité plutôt que rejet. Les épisodes qui leur sont consacrés, sans être d'une grande originalité, proposent un regard assez juste sur leurs peurs et leurs angoisses ainsi que sur ce qu'il faut faire pour y répondre. On s'attache très vite à cette petite bande, composée de gamins aux caractères aussi divers que réalistes, et on s'amuse de leurs relations tantôt conflictuelles, tantôt complices, avec Jiro. Quoi qu'il m'en coûte, j'avoue également que les plus jeunes pensionnaires sont quand même drôlement mignons. Enfin, pour l'anecdote, Engine offre au passage l'occasion de découvrir les étoiles en devenir que sont Ueno Juri et Toda Erika.

Ce très bon casting, emmené par un KimuTaku pleinement habité par son rôle, saura gagner la sympathie des téléspectateurs et faire oublier les quelques points faibles de ce drama: la romance donc, le classicisme de certains développements de l'histoire, le réalisme de la situation professionnelle de Jiro et la morale bancale censée accompagner sa prise de conscience quant à l'inanité de son arrogance et de son égoïsme. Poussières que tout cela, au regard de l'excellent moment qu'Engine propose à son audience. Alors, pas d'hésitation: en piste!

... et merci pour cette rencontre.


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8/10 : Somehow I really enjoyed that one. Personal fave.



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mercredi 23 novembre 2011

Slow Dance

Et me voici à nouveau parti à faire la critique d'une romance, id est pas nécessairement le genre qui m'intéresse le plus, mais pas forcément le plus déplaisant non plus. Comme déjà évoqué à plusieurs reprises sur ces pages, les séries japonaises déploient souvent une réelle virtuosité lorsqu'il s'agit de parler de sentiments humains en général et des relations amoureuses en particulier. C'est donc sans attente spéciale, mais sans réticence non plus, que je me suis lancé dans Slow Dance.

Il faut dire que ce drama bénéficie, grâce à son casting, d'un produit d'appel propre à balayer toutes les hésitations. Jugez plutôt: Tsumabuki Satoshi, Fukatsu Eri, Hirosue Ryoko et Fujiki Naohito, pour n'évoquer que les principaux protagonistes. Un point important pour ce type de récits qui, faute d'avoir les moyens d'être d'une grande originalité, doit pouvoir s'appuyer sur le charisme et le jeu de ses acteurs. Slow Dance confirme cette théorie puisque l'histoire en elle-même est assez ordinaire et que ce sont bien les personnages qui donneront l'envie d'aller au bout des onze épisodes de cette série.

Riichi (Tsumabuki Satoshi) est un ancien étudiant en audiovisuel, apparemment promis à une belle carrière de metteur en scène, mais dont le caractère indécis l'a conduit à abandonner ses projets pour se contenter d'un emploi de moniteur d'auto-école. Sensible, complexé vis-à-vis d'un frère aîné qui accumule les succès, il a mis de côté ses rêves estudiantins pour choisir une voie qu'il juge plus raisonnable et donc plus adulte. Preuve que l'herbe semble toujours plus verte ailleurs, ledit grand frère, Eisuke (Fujiki Naohito), envoie balader sa brillante carrière, et par la même occasion sa sculpturale et snobinarde petite amie, pour créer un petit bar de nuit et repartir de zéro. Du côté féminin, Isaki (Fukatsu Eri) dirige un magasin de vêtements pour femmes et se dédie à son métier faute d'une vie sentimentale réussie. Il faut dire qu'à 30 ans révolus, la femme japonaise célibataire est considérée comme ayant très largement dépassé sa "date de péremption" (dixit) pour devenir une épouse et une mère. Avec son caractère affirmé, sa propension à boire et sa pêche naturelle, l'enthousiasme d'Isaki s'avère irrésistiblement contagieux et constitue le vrai plus de cette série, en dépit d'une garde-robe à faire frémir. Sa collègue et comparse, la jeune et mignonne Mino (Hirosue Ryoko) pétille d'une fausse candeur et d'une malice sympathique. L'une et l'autre, bien que porteuses d'une sensibilité plus profonde qu'elles ne souhaitent le montrer, se révèlent comme des personnages résolument positifs. En somme, deux femmes qui viennent équilibrer deux hommes un peu ternes en comparaison. Bien qu'inspirant beaucoup de sympathie, Tsumabuki Satoshi excellant dans ces rôles de bon et brave garçon, Riichi est en effet un personnage un peu pâle, alors que Fujiki Naohito, comme trop souvent, se contente d'être un très bel homme.

Bien évidemment, tout ce petit monde se trouve à être attiré par l'un ou l'autre des protagonistes, parfois en empruntant des chemins détournés qui les mènent à s'intéresser à l'un des personnages secondaires gravitant autour d'eux. Ceux-ci sont naturellement les victimes désignées des amours des rôles-titres et on se trouverait presque à plaindre leur inévitable destin. A ma grande surprise, je me suis ainsi pris d'une réelle compassion pour un personnage qui avait pourtant tout pour me porter sur les nerfs, à savoir Ayumi (Kobayashi Mao). En dépit de sa voix crispante, de son sourire constipé et d'un jeu assez limité, j'ai peu goûté de voir ce personnage être le constant dindon de la farce en n'ayant au final jamais eu droit à un minimum de sincérité de la part de Riichi. Une tache sur le blason immaculé du gentil garçon que l'histoire veut nous vendre. Ceci étant précisé, il n'y a pas de réelles surprises quant aux développements des diverses relations amoureuses. Le principal obstacle, qu'on pourrait généreusement consacrer comme thème central de la série, relève de la question de l'âge des personnages et des conséquences de celui-ci. Isaki est-elle trop vieille pour créer un foyer ou préférer un jeune homme à un homme plus mûr et offrant plus de garanties? Riichi doit-il renoncer à ses rêves d'étudiant pour s'inscrire dans le profil dudit homme mûr et responsable? Mino a-t-elle raison de croire encore au prince charmant? Autant de questions plus ou moins originales dispensées au fil des épisodes, l'ensemble formant un tout cohérent où les développements interviennent naturellement plutôt que par de brutaux revirements. Bref, on se laisse doucement porter par le flot de l'histoire.

Bonus: Attention, ça peut légèrement piquer les yeux...

Parfois même, on s'endort un peu en se laissant gentiment bercer par une histoire convenue et un peu lente. L'énergie déployée par Isaki ne suffit pas toujours à contrebalancer l'inertie de Slow Dance, dont on comprend ainsi mieux le titre, tant les personnages mettent du temps à développer leurs sentiments. Il manque ainsi un certain dynamisme pour que ce drama s'inscrive comme une romance majeure de la production télévisuelle japonaise. Le plaisir de retrouver à l'écran un casting quatre étoiles et de partager ces quelques épisodes en leur compagnie permet cependant d'aller au-delà de ce défaut et de passer au final un bien agréable moment. Et puis, franchement, comment se lasser d'écouter le Tokyo de Fukuyama Masaharu?


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7/10 : At least worth checking out.


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jeudi 17 novembre 2011

Soratobu Taiya

Enfin! Je l'ai longtemps cherchée, cette série japonaise à suspense qui me tiendrait en haleine de son premier à son dernier épisode, mais la voici! Son titre? Soratobu Taiya, un drama inspiré du double scandale impliquant le groupe Mitsubishi (cf. infra) qui frappa durablement la société japonaise et son rapport aux zaibatsu, fleurons et fierté du Japon.

Il est vrai que tous les éléments d'un authentique thriller se retrouvent dans cette affaire qui fut marquée par la mort d'une femme, en 2002, suite à un défaut de conception délibérément caché par le fabricant automobile. Le drama démarre d'ailleurs sur ce fait divers. Un camion, appartenant à une petite société de transport, perd l'une de ses roues dans un virage et celle-ci percute une piétonne et son enfant, provoquant le décès de la première. Aussitôt police, media et grand public pointent du doigt la responsabilité du transporteur, Akamatsu Transportation, d'autant plus que, suite à une expertise du constructeur, Hope Motors, il semble bien que le détachement de la roue soit le résultat d'un défaut de maintenance. Incroyable mais vrai: suite à un accident impliquant un de ses véhicules, c'est bel et bien le constructeur qui est mandaté par la police pour expertiser ledit véhicule et, par là, attribuer la responsabilité dudit accident. Cette présomption d’iniquité de la part d'un fabriquant, juge et partie, et surtout sa confiance à l'égard du professionnalisme de ses collaborateurs conduisent le président d'Akamatsu Transportation à se lancer dans une lutte, seul contre tous, pour laver l'honneur de son entreprise. Lutte démesurée que celle-ci, tant la petite société se heurte au gigantisme de son adversaire, à ses moyens, à ses relations avec le système bancaire, politique et médiatique. L'affrontement de David contre Goliath constitue une valeur sure pour s'attacher l'intérêt des téléspectateurs, mais encore faut-il qu'il soit bien mis en œuvre. C'est le cas de Soratobu Taiya, sans le moindre doute.

Bien que n'étant absolument pas expert en ce domaine, j'écrirai quelques mots sur la forme d'abord. La réalisation se rapproche du rythme des thrillers américains et l'histoire ne laisse pas le temps au téléspectateur de reprendre son souffle: les personnages complotent, les coups durs s'abattent sans prévenir, les séquences s'enchaînent. L'image, la musique, tout est ici à l'unisson. On se trouve ainsi happé par l'enchaînement des évènements, ce qui n'empêche cependant pas de bien suivre les tenants et les aboutissants des différentes manœuvres en cours. En l'espèce, il s'agit surtout de suivre les efforts désespérés d'Akamatsu face à une société civile qui se montre solidaire dans sa condamnation du fautif désigné. Ainsi, non seulement Akamatsu Transportation est livrée en pâture aux media et poursuivie en justice par l'époux de la victime, mais elle semble condamnée en conséquence à perdre ses clients, ses profits, ses employés... il n'est jusqu'à la famille du président de la compagnie qui se trouve victime des calomnies et des mauvais coups portés par le voisinage. La machine à broyer, injuste et terrifiante, est en place. On notera également que le transporteur sera littéralement pris à la gorge par sa banque, appartenant au même conglomérat que le constructeur. Vous avez pensé: "collusion"?

Tous les moyens sont en effet bons pour museler la petite société et Hope Motors ne se prive pas d'en user: blocage des appels, accusations et dénégations, refus de communiquer les conclusions des expertises ou de rendre la pièce de véhicule responsable de la perte de la roue, tentative de corruption, chantage voilée par la filière bancaire, pression par le budget publicitaire sur les media tentés de s'intéresser à l'affaire... L'enjeu est crucial pour le géant automobile qui craint le coût financier et en termes d'image d'un rappel de ses véhicules, d'autant plus qu'il est au même moment à la recherche de capitaux pour redresser une situation économique menacée.

Pour autant, Soratobu Taiya, même s'il valorise le courage du petit transporteur, tente d'éviter tout manichéisme pour faire de "Goliath" une entité plus grise que noire. Ainsi, les motivations du président d'Hope Motors se veulent pragmatiques et fondées sur l'intérêt global du conglomérat et de ses employés. En parallèle, au sein même de l'entreprise, des salariés s'interrogent sur la réalité de faits connus d'une unique poignée de responsables, mais également de l'intérêt à long terme d'une compagnie qu'ils ne se résignent pas à voir perdre ses valeurs d'honnêteté et de fiabilité qui font la fierté des entreprises japonaises et sont le support indispensable de la relation de confiance créée avec le consommateur. On relève quand même l'ambiance feutrée, secrète et embarrassée qui entoure ces rebelles en herbe et témoigne de la gêne viscérale du salarié nippon à s'opposer à son employeur, fut-ce pour les meilleures raisons du monde.

Le scenario est porté par une excellente distribution qu'il sera difficile de citer dans son ensemble, bien que rôles principaux et secondaires soient tous interprétés avec justesse. On ne peut que compatir aux malheurs qui s'abattent sur le président d'Akamatsu Transportation (Nakamura Toru, vu peu avant dans un autre grand Business Drama, Karei naru Ichizoku) et sur les siens, famille comme employés. La même compréhension s'étend aux salariés du groupe Hope, Sawada (Tanabe Seiichi) et Isaki (Hagiwara Masato), partagés entre fidélité à leur hiérarchie, intérêt de l'entreprise et sens de la justice. Face à eux, la real politik menée par les dirigeants de ces entreprises géantes est parfaitement incarnée par Kano (Kunimura Jun), président d'Hope Motors. On note d'ailleurs que les scénaristes ont tenu à ne pas céder à la facilité de la déshumanisation en lui adjoignant une nièce, Kaori (Mimura), qui ne voit en lui qu'un père de substitution, protecteur et aimant. On peut ajouter à cette liste l'inspecteur de police (Endo Kenichi, vu dans Shiroi Haru), écrasé par une pression qui l'invite à se concentrer sur Akamatsu Transportation plutôt que de subir les conséquences d'une enquête à l'encontre du géant automobile, la journaliste Enomoto (Mizuno Miki) qui tente de lever le voile sur les pratiques d'Hope Motors, et bien d'autres encore.

Intense et prenant, Soratobu Taiya mérite des louanges, pour tous les points déjà évoqués, mais également pour avoir osé se pencher sur un évènement récent qui a secoué la société japonaise. Il faut bien comprendre l'importance du contrat moral qui unit les entreprises nippones à leurs clients et qui se fonde sur l'excellence et la fiabilité de la production japonaise. Cette confiance est tellement ancrée dans la culture japonaise qu'il n'existe au Japon que peu de lois visant à protéger le consommateur des erreurs ou malversations dont il peut être victime. Elle est également une composante essentielle du lien étroit unissant l'employé à son entreprise et de son respect vis-à-vis des actes de sa hiérarchie. Soratobu Taiya s'attaque donc à l'un des fondements de la société japonaise, tout en tentant de montrer que des forces, fidèles aux valeurs traditionnelles qui font la réputation du Japon, existent en son sein et essayent de remettre les fautifs dans le droit chemin. Et tout cela, sans oublier les dommages humains collatéraux provoqués par ces machinations économiques. De la grande et belle ouvrage, assurément, et un drama qui se classe d'emblée comme un incontournable.


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9/10 : If you don’t watch this, you’ll regret it for the rest of your life.



Official Site
The complete details about Soratobu Taiya on drama-wiki
Soratobu Taiya with English subs


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Le scandale Mitsubishi

En 2000, le Japon découvre avec stupeur que Mitsubishi Motors, sous l'égide de son président, a dissimulé des défauts sur les véhicules sortis de ses chaînes de production. Bien que le géant automobile ne se prive pas de porter le blâme sur de supposés défauts de maintenance de la part des propriétaires, des centaines de milliers de voitures et camions doivent être rappelés aux usines.

Deux ans plus tard, une mère de famille est tuée par un pneu échappé d'un camion de la marque Mitsubishi. Alors qu'on aurait pu croire que le scandale précédent avait incité les responsables à régler le problème, les conclusions de l'enquête démontrent que le fabricant dissimulait sciemment les défauts de ses véhicules et exerçait des pressions sur les transporteurs pour cacher les incidents... depuis 1977! Déconsidérée et avec des ventes en chute libre, l'entreprise n'a du sa survie qu'à la puissance du conglomérat Mitsubishi dont elle fait partie. On relèvera cependant que les dirigeants n'écopèrent que de peines avec sursis et la compagnie elle-même échappa à toute sanction financière.