mercredi 7 septembre 2011

Rookies

Au Japon, le baseball lycéen, loin d'être une petite affaire, rencontre un succès équivalent à celui d'un baseball professionnel pourtant très populaire. Les télévisions locales diffusent ainsi les matchs de qualification pour le tournoi estival qui se tient chaque été au stade du Koshien. Ledit tournoi est ensuite retransmis en direct à toute la Nation par la NHK. Cause et conséquence de cette notoriété, le baseball lycéen a fait l'objet de nombreux récits à sa gloire, au nombre desquels on distingue en priorité les mangas d'Adachi, mais aussi le Rookies de Morita.

L'adaptation de ce manga ne cache d'ailleurs pas sa filiation, tant par son ton que par sa réalisation et le jeu de ses personnages. Issu d'un shonen, ce drama en adopte tous les caractères pour raconter l'histoire d'une bande de voyous, peu à peu convertis au mérite des efforts par un jeune professeur atypique et charismatique, et qui va devenir progressivement, au fil des épreuves, une véritable équipe de base-ball visant l'accession au mythique stade du Koshien. Les mangaphiles qui penseront au terme "nekketsu" n'auront pas tort. Rookies, le drama, ne s'aventurera en tout cas pas au-delà des codes du genre: se battre pour réaliser ses rêves, des capacités hors du commun pour certains personnages, l'effort et la volonté plus forts que l'adversité, notamment dans les moments critiques, et l'amitié comme vertu de référence. Il ne s'agit pas ici de refaire le débat autour des valeurs véhiculées par les shonen, mais il est toujours aussi surprenant de voir à quel point ceux-ci usent et abusent des personnages asociaux pour les transformer en hérauts des valeurs traditionnelles de la société japonaise. Rookies en est un formidable exemple puisque ces Yankees, héros de l'histoire, n'auront de cesse de démontrer à quel point la réussite et la reconnaissance sociale reposent sur le respect des règles, le travail acharné, le dévouement au collectif, etc. Un vrai travail de propagande qui prête globalement à sourire, si ce n'est lors de ces banquets d'amertume où les fautifs d'hier doivent s'incliner encore et encore pour se faire pardonner leurs erreurs passées. Cette culture de la honte indélébile est parfois bien pénible.

A ce type de scenario classique, vous ajoutez des adolescents dont l'hyper-sensibilité est dévoilée sans pudeur (id est plus vous êtes une brute, plus vous êtes en réalité un grand sentimental), des prêches grandiloquents en forme d'apartés afin de bien enfoncer le clou auprès du téléspectateur, des cliffhangers, des ralentis et des flashbacks à foison. Bref, que d'émotions! Je m'en voudrais de ne pas mentionner cette détestable habitude qu'ont certains réalisateurs japonais de faire des plans sur les visages de tous les personnages à chaque séquence, qu'elle soit dramatique, humoristique... ou moralisatrice. Sachant qu'une équipe de baseball lycéen au Japon compte au minimum neuf joueurs, un entraîneur et une manager, je laisse à chacun le soin d'imaginer le temps consacré à montrer et remontrer les visages concernés, émus ou hilares des protagonistes. A contrario, bonne nouvelle pour les allergiques au sport, les matchs de baseball en eux-mêmes occupent finalement peu de place à l'écran au profit de la psychologie des personnages et des leçons de morale.

Pour autant, Rookies vaut mieux que le portrait moyennement flatteur que je viens d'en dresser, en grande partie grâce à son casting. Sato Ryuta (Ikebukuro West Gate Park, Kisarazu Cat's Eye, Pride) incarne à l'écran le fantasque professeur Kawato, trop naïf, sincère et énergique pour être vrai mais finalement drôle et attachant. Et il en est de même pour les acteurs jouant cette bande de sympathiques voyous: l'empilement de bishonen, façon Gokusen ou HanaKimi, est globalement évité pour essayer de retrouver telles quelles les "gueules" des personnages du manga. Il est dès lors d'autant plus facile de s'attacher à Aniya la star (Ichihara Hayato), à l'honnête Mikoshiba (Koide Keisuke), à Shinjo la brute au grand cœur (Shirota Yu), à Sekikawa le sprinter (Nakao Akiyoshi), à Wakana la grande gueule (Takaoka Sousuke), à Hiratsuka le bouffon (Kiritani Kenta) et à son fidèle acolyte Imaoka (Onoue Hiroyuki), à Okada (Sato Takeru), Yufune (Igarashi Shunji) et Hiyama (Kawamura Yosuke). Difficile de ne pas les prendre en affectation, ni de se prendre au jeu et de les soutenir pour les voir gagner et réaliser leur rêve du Koshien. Même si l'émotion est parfois administrée à la truelle, plutôt que distillée avec finesse, elle s'avère régulièrement contagieuse. Et ainsi, au final, malgré ses défauts, Rookies réussit le pari d'offrir à chaque téléspectateur une bande de potes avec lesquels il aura plaisir à aller au bout de l'aventure.


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6/10 : That wasn’t too bad, I guess. But never worth a rewatch.



Official Site
The complete details about Rookies on drama-wiki
Rookies with English subs

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