lundi 22 août 2011

Ninkyo Helper

En 2011, près du quart (22.7%) de la population japonaise a plus de 65 ans, ce qui représente près de 30 millions de personnes qui, selon leur état de santé, se trouvent plus ou moins en état de dépendance. Les articles s'alarmant du vieillissement de la population japonaise sont légion depuis de nombreuses années et confirment à quel point le Japon doit faire face, ici aussi, à un problème social et économique majeur. Bizarrement, alors que les dramas semblent souvent être en pointe lorsqu'il s'agit d'aborder des sujets de société, je n'en avais pas encore vu se pencher sur cette problématique. Peut-être avais-je mal cherché, mais toujours est-il que ce manque est aujourd'hui comblé grâce au visionnage de Ninkyo Helper.

Il m'a d'abord fallu passer par delà un synopsys à même de repousser bien des ardeurs. Jugez plutôt: les lieutenants d'un gang de yakuzas sont envoyés dans une maison de retraite pour faire leurs preuves (?) afin de déterminer lequel est le plus apte à diriger ledit gang. Vos yeux s'écarquillent? Il en fut de même des miens. Cela étant, la perspective de découvrir Kusanagi Tsuyoshi, le dernier SMAP manquant à ma collection, m'a donné le surcroit de motivation nécessaire et, pour écarter tout suspense, je ne fus pas mécontent d'avoir fait preuve d'obstination.

En effet, Ninkyo Helper ne manque pas d'atouts. En premier lieu, bien évidemment, par son thème central portant sur le 3ème âge. Ce drama permet de revenir sur des situations dont l'authenticité ne peut qu'interpeler le téléspectateur. Ainsi découvrons-nous des personnes âgées abandonnées à leur sort par leur famille, d'autres dont la faiblesse est abusée par des escrocs, celles qui souffrent de démence ou d'Alzheimer, celles encore qui subissent des maltraitances mais qui n'osent s'en plaindre de peur de perdre leurs proches... Chaque épisode offre son histoire et dévoile un peu plus le triste sort des personnes âgées, même dans une société moderne, riche et censée culturellement être particulièrement respectueuse de ses aînés. Ninkyo Helper ne se contente pour autant pas de décrire, avec beaucoup de finesse, des situations plus ou moins dramatiques et toujours touchantes. Au-delà de la description de ces cas intimes, la série nous soumet à certains questionnements quant à la condition de personne âgée. A les traiter comme des malades, des handicapés, des statistiques ou un problème à résoudre, n'en oublierait-on pas leur humanité? Perd-on sa fierté face aux humiliations dues au temps? Est-ce que les sentiments, y compris le plus célébré d'entre eux, disparaissent avec l'âge?...

Ces questions sur l'humanité des personnes dépendantes sont au cœur de l'affrontement entre Tsubasa Hikoichi (Kusanagi Tsuyoshi), yakuza promu héraut et héros des vieillards de l'hospice où ses chefs l'ont expédié comme bénévole, et Hatori Akira (Natsukawa Yui), présidente d'une société de services aux personnes âgées, pour laquelle le traitement du problème social semble passer avant toute considération humaine. Leurs visions respectives forcent le téléspectateur à sortir de sa neutralité et du seul registre sentimental pour s'interroger lui-même concrètement sur un thème qui finalement concerne ou concernera presque toutes les familles. Ce duo mérite d'ailleurs une reconnaissance particulière pour son excellence à porter ces personnages.

En ce qui concerne la qualité du casting, on peut y ajouter le personnage du petit Hatori Ryota (Kato Seishiro) et surtout l'ensemble des acteurs qui ont joué avec sincérité ces vieillards pour lesquels l'hospice représente une dernière page de vie. A l'inverse, les rôles secondaires incarnant les autres yakuzas dépêchés comme bénévoles ne présentent guère d'intérêt par leur jeu comme par leurs rôles (et je mets Kuroki Meisa dans le lot... si, si). C'est en partie la faute du scénariste qui s'est acharné à développer les rebondissements tournant autour de la mafia nippone. Il y avait certainement une idée derrière ce schéma, mais j'ai sincèrement eu l'impression de minutes gâchées chaque fois que le scenario s'est égaré du côté de ces histoires de gangs. A vrai dire, je crois bien avoir même entendu des ligaments claqués à force de chercher à faire le grand écart entre ce que sont concrètement les yakuzas, id est des criminels, et le pourquoi du comment des types pareils se sont retrouvés dans un hospice pour vieillards. La fin de la série, qui tente de joindre les deux bouts, offre d'ailleurs une bagarre généralisée assez grotesque.

Ce défaut, important par la place qu'il occupe dans la série, n'est cependant pas rédhibitoire et ne doit pas amoindrir la qualité de Ninkyo Helper, un drama intelligent, pertinent et d'une grande humanité.


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7/10 : At least worth checking out.



Official Site
The complete details about Ninkyo Helper on drama-wiki
Ninkyo Helper with English subs

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