Ce drama est un monument de la télévision japonaise. Pour donner une idée, cette série a raflé tous les prix aux 24th Television Drama Academy Awards, son onzième et dernier épisode a décroché la plus forte audience (41.3% !) jamais enregistrée pour un drama depuis 1983... En vérité, les statistiques démontrant l’implacable succès de Beautiful Life sont légion. La présence de Kimura Takuya, en dépit de son immense popularité, ne saurait à elle seule expliquer un tel phénomène. Quelles peuvent bien être les raisons d’un tel succès ?
Beautiful Life est tout à la fois une simple romance et bien plus. Au thème, désormais mille fois traité, de l’amour par delà les différences, s’ajoute celui, plus original, du handicap. Et il faut bien s’incliner devant la façon magistrale dont le sujet a été abordé. Je suis resté pantois devant la compréhension intime de la scénariste (Kitagawa Eriko) s’agissant du rapport de la personne handicapée à sa maladie et surtout aux autres.
Kyoko (Tokiwa Takako) est cette femme en fauteuil roulant, vivante, courageuse, et pourtant si pleine d’appréhensions : comment croire en l’amour quand on se sent soi-même si faible, si différente, si anormale ? Car le quotidien renvoie sans cesse à Kyoko cette image d’anormalité : impossibilité de rentrer dans certaines boutiques à cause des marches, dans les restaurants à cause du manque d’espace pour faire passer un fauteuil roulant, taxi refusant de s’arrêter la prendre en charge, craintes de la fiancée de son frère de devoir supporter la charge future d’une handicapée, etc. L’inadaptation de nos sociétés censément modernes aux personnes à mobilité réduite est montrée de façon criante quoique sans ostentation. Kyoko veut vivre comme tout un chacun - travailler, voyager… - mais son courage ne masque pas ses doutes. Quand Shuji (Kimura Takuya) passe du temps avec elle, est-ce par pitié ? Quand il la prend pour modèle, est-ce pour marquer les esprits en se faisant photographier avec une handicapée ? Quelle chance a-t-elle de plaire à un homme brillant, aimé, admiré ? Quel futur pour elle, pour eux ? Kyoko se voit naturellement toujours elle-même d’abord au travers de son handicap. Et c’est là qu’est tout le « combat » mené par Shuji : bien avant d’être une personne handicapée, il montre à Kyoko qu’elle est une femme, une femme ayant droit aux mêmes sentiments, aux mêmes bonheurs, aux mêmes envies que tout un chacun. Bourru, réservé à la limite de l’inexpressivité, Shuji se comporte avec elle comme avec n’importe-quelle autre femme valide. Il ne nie pas son handicap, mais le remet à sa place, autrement dit loin, très loin, derrière tout ce qui fait de Kyoko une femme qui l’attire et qu’il va aimer profondément. Et celle-ci a tellement envie d’y croire, tellement peur d’y croire…
Je ne crois pas que cette question du handicap suffisait en elle-même à apporter un tel succès à ce drama, mais, tout à la fois centrale et diffuse, elle a donné une intensité et une véracité uniques aux sentiments qui unissent Kyoko et Shuji. Là se crée la différence entre Beautiful Life et ses séries-sœurs. Entre la finesse de l’évocation du thème du handicap, la romance des personnages principaux, la légèreté de certaines scènes, la gravité et l’impact émotionnel de certaines autres, un parfait équilibre est atteint. Egalement porté par d’excellents acteurs, Beautiful Life s’avère ainsi être un drame sentimental à nul autre pareil.
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Beautiful Life est tout à la fois une simple romance et bien plus. Au thème, désormais mille fois traité, de l’amour par delà les différences, s’ajoute celui, plus original, du handicap. Et il faut bien s’incliner devant la façon magistrale dont le sujet a été abordé. Je suis resté pantois devant la compréhension intime de la scénariste (Kitagawa Eriko) s’agissant du rapport de la personne handicapée à sa maladie et surtout aux autres.
Kyoko (Tokiwa Takako) est cette femme en fauteuil roulant, vivante, courageuse, et pourtant si pleine d’appréhensions : comment croire en l’amour quand on se sent soi-même si faible, si différente, si anormale ? Car le quotidien renvoie sans cesse à Kyoko cette image d’anormalité : impossibilité de rentrer dans certaines boutiques à cause des marches, dans les restaurants à cause du manque d’espace pour faire passer un fauteuil roulant, taxi refusant de s’arrêter la prendre en charge, craintes de la fiancée de son frère de devoir supporter la charge future d’une handicapée, etc. L’inadaptation de nos sociétés censément modernes aux personnes à mobilité réduite est montrée de façon criante quoique sans ostentation. Kyoko veut vivre comme tout un chacun - travailler, voyager… - mais son courage ne masque pas ses doutes. Quand Shuji (Kimura Takuya) passe du temps avec elle, est-ce par pitié ? Quand il la prend pour modèle, est-ce pour marquer les esprits en se faisant photographier avec une handicapée ? Quelle chance a-t-elle de plaire à un homme brillant, aimé, admiré ? Quel futur pour elle, pour eux ? Kyoko se voit naturellement toujours elle-même d’abord au travers de son handicap. Et c’est là qu’est tout le « combat » mené par Shuji : bien avant d’être une personne handicapée, il montre à Kyoko qu’elle est une femme, une femme ayant droit aux mêmes sentiments, aux mêmes bonheurs, aux mêmes envies que tout un chacun. Bourru, réservé à la limite de l’inexpressivité, Shuji se comporte avec elle comme avec n’importe-quelle autre femme valide. Il ne nie pas son handicap, mais le remet à sa place, autrement dit loin, très loin, derrière tout ce qui fait de Kyoko une femme qui l’attire et qu’il va aimer profondément. Et celle-ci a tellement envie d’y croire, tellement peur d’y croire…
Je ne crois pas que cette question du handicap suffisait en elle-même à apporter un tel succès à ce drama, mais, tout à la fois centrale et diffuse, elle a donné une intensité et une véracité uniques aux sentiments qui unissent Kyoko et Shuji. Là se crée la différence entre Beautiful Life et ses séries-sœurs. Entre la finesse de l’évocation du thème du handicap, la romance des personnages principaux, la légèreté de certaines scènes, la gravité et l’impact émotionnel de certaines autres, un parfait équilibre est atteint. Egalement porté par d’excellents acteurs, Beautiful Life s’avère ainsi être un drame sentimental à nul autre pareil.
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2 commentaires:
(spoilers légers~)
J'ai été étonnée de l'archaïsme des relations amoureuses, la communication réduite au strict minimum (notamment entre Masao et Sachi), et de l'esprit encore très traditionaliste. L'immaturité sociale du personnage de Masao me laisse également perplexe.
Au final, bien qu'une émotion indéniable se dégage de cette oeuvre, la fin me laisse un goût d'inaccompli, comme si plus aurait pu être dit. Mais peut-être cela vient-il basiquement du fait que les émotions sont plus souvent évoquées qu'exprimées avec des mots, chez les japonais par rapport aux français (sans vouloir tomber dans les comparaisons taillées à la hache). Kyoko est bien la seule à laisser parler son coeur 'tout haut', et c'est aussi ce qui en fait un personnage très réussi, très frais, à la fois courageuse et fragile. Bref, très humaine.
Ce drama est également pour moi la découverte de KimuTaku ^^; (qui semble avoir une grande popularité comme vous le signalez).
Merci à nouveau pour cet article.
PS: le lien vers le site officiel ne semble pas correct.
Merci pour ce commentaire et votre retour sur ce bref article.
Je partage en grande partie votre opinion sur vos différents points.
Pour incarner un frère sur-protecteur, les traits du personnage de Masao ont été quelque peu forcés. Sans doute l'idée était-elle de donner encore plus de relief aux envies d'émancipation de Kyoko et de créer le contraste entre une femme moderne, dynamique, intelligente, mais contrainte par sa maladie, et son propre frère dont les qualités et les défauts semblent être à l'exact opposé. Car finalement, à part être bien portant, Masao a fort peu de choses pour lui.
Pour ce qui est de la culture du non-dit, je vous accorde qu'elle est parfois frustrante. Dans certaines séries, elle est usée jusqu'à la corde pour créer des ressorts scénaristiques qui ne tiendraient pas la route si plus de deux mots avaient été échangés entre les personnages concernés. Pour autant, l'expression des sentiments au travers des actes plutôt que des mots est certainement pour moi l'un des attraits majeurs des séries télévisées japonaises. J'aurais mauvaise grâce à m'en plaindre.
Évidemment d'accord avec vous sur le personnage de Kyoko. Quant à KimuTaku, vous n'en dites rien - ce qui me fait craindre le pire ;) - mais vous le retrouverez souvent sur ces pages. Qu'on l'apprécie ou non, il s'agit d'un acteur franchement incontournable.
Merci encore pour cet échange.
PS: et on dit adieu au lien, le site officiel n'existant plus.
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