lundi 16 juillet 2012
Ningen no Shoumei
J'avoue que, plus je regarde de séries avec Takenouchi Yutaka, plus j'apprécie cet acteur, au point de me servir allègrement dans sa filmographie pour assouvir ma dramaphilie (si tant est que ce terme existe). Ningen no Shoumei ne me découragera pas de poursuivre sur cette voie puisqu'il s'agit d'un bon policier comme on aimerait en voir plus souvent sur le petit écran japonais.
Munesue Ichiro (Takenouchi Yutaka), un flic au style plutôt musclé, est transféré au quartier général de la police à Tokyo, où il se voit rapidement confronté à l'affaire du meurtre d'un jeune afro-américain. Les preuves, les témoins, le mobile, l'identité même de la victime.. rien n'est apparent dans ce mystérieux assassinat et l'affaire semble tout simplement insoluble. L'acharnement de Minosue à résoudre ce crime va néanmoins permettre de faire la lumière, non seulement sur ce mystère mais également sur le passé de ses multiples protagonistes. Au fil des épisodes, la caméra nous transporte de Tokyo à Jefferson City (Missourri) en passant par la campagne japonaise, à la rencontre d'une impressionnante galerie de personnages: un jeune et riche dealer japonais, un clochard irascible, une femme politique influente, un policier américain peu amène, un mari jaloux en chaise roulante, une mystérieuse maitre-chanteuse, une putain vieille et aveugle... Le déplacement s'avère non seulement géographique mais également temporel, avec de nombreuses scènes dévoilant les réminiscences d'un passé agité. Ici plus que jamais, l'auteur s'est amusé à relier le passé de ses personnages mais, étonnamment et même si certaines coïncidences peuvent sembler de trop, le drama en lui-même n'en souffre pas. Il s'agit là finalement d'un à-coté qui - regardons le côté positif - pimente l'intrigue tout en permettant de mieux creuser la personnalité des protagonistes. L'affaire en elle-même est complexe, prenante et tient allègrement en haleine les téléspectateurs tout au long des dix épisodes de la série. En compagnie de Munesue, nous suivons les fausses pistes, révisons nos intuitions, tentons de reconstituer les faits et de démêler les énigmes. En somme, nous sommes invités à suivre un vrai bon polar.
En sus de son intrigue, Ningen no Shoumei est porté par un casting aussi performant qu'étoffé. Takenouchi Yutaka joue impeccablement la double partition du policier renfrogné et obsédé par son travail, et de l'homme affecté par de terribles souvenirs. Pour l'anecdote, on applaudira également sa jolie maîtrise de la langue anglaise. L'inspecteur Munesue est accompagné d'un ancien de la maison, Yokowatari (Osugi Ren, second rôle vu dans un nombre impressionnant de dramas) dont les valeurs de solidarité entre flics sont mises à rude épreuve par son fougueux et entêté coéquipier. On retrouve également avec plaisir, au sein de la police, le sympathique et regretté Ogata Ken (Ruri no Shima, Kaze no Garden...) et Sato Jiro, autre habitué des seconds rôles à la carrière prolifique.
Munesue, malgré son caractère de cochon, retrouve un semblant d'humanité au moyen du soutien patient et amical de la souriante Motomiya Kiriko (Natsukawa Yui - Kekkon Dekinai Otoko, Ninkyo Helper...), journaliste encore habitée d'idéaux sur son métier. Celle-ci suit notamment la campagne électorale de Koori Kyoko (Matsuzaka Keiko) dont l'interprétation d'une femme de tête aussi ambitieuse qu'imperturbable mérite les louanges. J'ai également été touché par le duo improbable formé par Oyamada (Kunimura Jun - Pandora, Soratobu Taiya...) et Niimi (Kazama Morio - Change, Arifureta Kiseki...), unis par une même inquiétude pour la courageuse Fumiie (Yokoyama Megumi). Sans lien apparent avec la trame principale, on suit également la chute vertigineuse d'un jeune bourgeois paumé, interprété par Takaoka Sousuke (Taiyou no Kisetsu, Rookies...), accompagné par la jolie mais déconnectée Michiko (Matsushita Nao). Belle liste, n'est-ce pas? Et il en manque! Une mention quand même pour les acteurs américains, qui prendront la peine d'articuler leur anglais pour une meilleure compréhension, mais sans se départir d'un naturel qui donnerait presque l'impression d'un crossover entre ce drama japonais et une authentique série policière américaine.
S'agissant des États-Unis, on ne sera pas surpris qu'ils soient égratignés par le scénariste, tant les Japonais, à mi-chemin entre fascination et répulsion, manquent rarement l'occasion de brocarder leurs anciens vainqueurs. Plus surprenant par contre, l'angle sous lequel ils sont attaqués n'est pas seulement celui, classique, de la violence des mœurs américains, mais également celui du racisme à l'encontre de la communauté noire. On sait que les Japonais ont souffert, voire souffrent encore, d'un complexe lié à un supposé même racisme américain, mais la critique est étonnante venant d'une société aussi peu métissée et ouverte que l'est le Japon. Cela étant, la société nipponne reçoit également quelques reproches quant à son formalisme et sa passivité. Une manière plus ou moins concluante de rééquilibrer les comptes.
Au final, si on met de côté les coïncidences du destin chères aux Japonais, Ningen no Shoumei se révèle comme une jolie réussite, avec une intrigue solide, une résolution construite patiemment, des moyens mis au service de la forme, le tout porté un brillant casting. La série a également l'avantage d'offrir autre chose que l'habituel police procedural: un effort louable qui, en sus du reste, m'incite à lui décerner un accessit mérité.
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8/10 : Somehow I really enjoyed that one. Personal fave.
The complete details about Ningen no Shoumei on drama-wiki
Ningen no Shoumei with English subs
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3 commentaires:
J'avais noté ce drama il y a quelques temps en explorant également la filmographie de Takenouchi Yutaka (qui est aussi un acteur que j'apprécie beaucoup), mais je m'interrogeais sur le versant policier (sachant que j'ai souvent du mal avec les trop calibrés procedural). Me voilà assez rassurée ! Ta review sait aiguiser la curiosité et m'a conforté dans mon projet de rattraper prochainement ce drama ! :) Merci ;)
Merci à toi. J'ai rarement des commentaires et c'est toujours un plaisir d'en lire un! Mais du coup, je suis un peu sous pression, en espérant que ma recommandation se révèlera positive: vivement ta critique! :)
Comme toi, les procedural m'intéressent moins que les histoires de long terme avec une intrigue suffisamment solide pour tenir l'audience en haleine au fil des épisodes. Les dramas chroniqués ce mois-ci (et d'autres à venir) attestent d'ailleurs de ma préférence pour ce genre. L'émergence des thrillers sur WOWOW ces dernières années est, à ce titre, un vrai bonheur.
Celui-là aussi est sur ma liste ! J'ai d'ailleurs failli le commencer tout récezmment, mais j'étais pas trop motivée. Du coup, tu as reboosté mon intérêt ^^. Moi aussi j'aime beaucoup Takenouchi Yutaka, il est convaincant dans de nombreux registres ^^.
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