vendredi 20 juillet 2012

Chase


Après cette parenthèse humoristique, retour aux choses sérieuses avec Chase, l'une de ces séries courtes faisant le bonheur des téléspectateurs de la NHK ou de WOWOW amateurs de thrillers. Plus mature, plus moderne, plus nerveux, s'intéressant à des problématiques contemporaines, ce genre a contribué, en ce qui me concerne, à compléter l'offre de dramas japonais la plus connue (id est les renzoku en 10 à 12 épisodes), voire à régénérer mon intérêt. L'excellent Soratobu Taiya ouvrit ainsi la voie à de nouvelles découvertes, avec beaucoup de réussites et quelques rares déceptions. Reste à savoir dans quelle catégorie classer Chase, objet de la présente note.


Le synopsis trouvé sur internet était à vrai dire parfaitement minimaliste: "A story about tax evasion". L'expérimenté Sakamoto Yuji au scénario, la présence d'Eguchi Yosuke (Lunch no Joou, Shiroi Kyoto, Tobosha...) en tête d'affiche ainsi que celle de Iura Arata, acteur dont j'avais lu le plus grand bien sans encore jamais l'avoir vu, m'ont donné quelques arguments supplémentaires pour me lancer dans ce drama. Comme espéré, la réalisation se révèle impeccable, assez proche, me semble-t-il, des réalisations américaines, ce qui s'avère convaincant pour traiter une série à suspense. La bande son, entre grincements de saxophone et chants de soprano, distille une ambiance adéquate. Le rythme s'avère rapide, la caméra s'essaye à quelques effets, mais sans jamais tomber dans une surenchère de plans qui ne laisseraient pas à l'audience le temps de respirer. Or, il en faut un minimum pour tenter d'ingérer et de comprendre la thématique de l'évasion fiscale, pas nécessairement familière à tous. Qu'on se rassure néanmoins, nul besoin d'être expert-comptable pour suivre la logique des faits. Pour l'amateur de financial thrillers, ce pourrait d'ailleurs être l'une des faiblesses de Chase, qui, peut-être pour se rendre plus facilement compréhensible du grand public, ou pour ne pas donner de mauvaises idées à certains, traite parfois son sujet sous un angle assez simpliste. Il est ainsi certaines combines dont un quidam lambda trouverait les failles en quelques minutes. Autant dire que, pour des inspecteurs des impôts, la tâche semble loin d'être insurmontable. Le grand écart entre complexité du sujet et accessibilité n'était certes pas facile à faire et, visiblement, la série n'a pas totalement trouvé la solution.


Cela étant, cette faiblesse du scenario n'handicape Chase qu'assez modérément. Le suspense entourant la réussite ou l'échec des fraudes existe réellement. Surtout, l'accroche du téléspectateur tient avant tout à la course-poursuite haletante entre l'inspecteur Haruma (Eguchi Yosuke) et le mystérieux Murakumo (Iura Arata). Le premier est l'incarnation classique de l'homme immergé dans son travail, quitte à en négliger ses devoirs familiaux. Les évènements vont d'ailleurs le faire basculer dans une véritable obsession pour le maître es fraude, rendu responsable de tous ses malheurs, à un point qui m'a d'ailleurs un peu interloqué. Murakumo, qui vient au secours des riches désireux d'échapper aux taxes, apparaît comme un personnage d'une intelligence rare mais également profondément amoral. Comme tel, je l'ai trouvé tout à fait intéressant, grâce en soit rendue à un formidable Iura Arata spectral, ophidien, presque dérangeant. Si Eguchi Yosuke fait le boulot, Iura Arata dévoile ici un personnage méritant de laisser une trace dans les annales de la fiction nippone. Pas moins. Autour d'eux, les personnages secondaires jouent une composition honnête sur laquelle je ne m'attarderai pas.


Malheureusement, ces bonnes dispositions sont durement mises à mal par un basculement du récit intervenant à mi-parcours. Le scenario succombe à la facilité en s'extirpant du techno-thriller pour plonger dans les sempiternelles blessures du passé dévoilant la racine du Mal. Quel dommage! Une touche moralisatrice vient sauver les apparences (?), à l'image du personnage de Kawashima Kaori (Aso Kumiko) dont la crise de conscience survient de façon plus qu'inattendue. Les révélations sur le passé de Murakumo ne sont pas désastreuses en elles-mêmes, au contraire même puisqu'elles ont un caractère choquant assez réussi, mais elles participent d'une déviation de l'histoire qui n'a pas lieu d'être! J'aurais préféré une poursuite dans la veine de départ, voire des développements semblables à celui où la moralité des représentants de la loi subit la tentation des sommes folles auxquelles ils sont confrontés. C'est donc quelque peu déçu que j'ai fini de regarder Chase. Sans en effacer les qualités, le développement final de ce drama porte, de mon point de vue, un vilain coup à ce qui s'annonçait comme une série très prometteuse.


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6/10 : That wasn’t too bad, I guess. But never worth a rewatch.



Official Site
The complete details about Chase on drama-wiki
Chase with English subs

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