vendredi 27 juillet 2012
Boku dake no Madonna
Kyoichi est un étudiant lambda, un peu timide, plutôt gentil, se destinant à une profession artistique. Sa vie est chamboulée lorsqu'une jeune femme plus âgée que lui s'incruste dans son appartement. Le synopsis vous dit quelque-chose? D'accord, ce n'est pas bien ardu vu que ma critique de Long Vacation se trouve dans la note précédente. Ce sera donc d'autant plus facile de mettre en exergue pourquoi Boku dake no Madonna n'arrive pas à la cheville de son prestigieux aîné.
Si le scenario de la présente série ne se veut pas une simple nouvelle version du drama-culte de 1996, on peut cependant y voir une parenté prononcée, à la fois dans l'idée d'une relation entre un étudiant et une femme plus âgée et dans la volonté de recréer au bénéfice de Takizawa Hideaki (Majo no Jouken, Antique, Taiyou no Kisetsu...) le personnage incarné à l'époque par Kimura Takuya. Malheureusement, le résultat ne vaut pas grand chose tant Boku dake no Madonna se révèle médiocre dans ses différents aspects. Le ton de la série se voulant plus léger qu'une romance traditionnelle, les différents personnages n'hésitent pas à surjouer leurs émotions, quand ils ne sont pas complètement excentriques, tel le voisinage immédiat du jeune Kyoichi, le tout sur fond de toile sonore façon dessin animé pour enfants. Difficile de se laisser happer par l'histoire dans telles conditions, même si on se surprend à sourire quelques fois. Passons: le choix d'accentuer le versant comique n'est pas de mon goût mais chacun est libre de raconter une histoire comme il le souhaite, n'est-ce pas? L'utilisation de la voix intérieure pour chroniquer les aventures (sic) de Kyoichi n'a pas véritablement emporté mon adhésion non plus.
Qu'en est-il des personnages? Kyoichi est un benêt, ce qui n'a pas dû demander trop d'efforts à Tackey pour le jouer. La pique est gratuite, mais enfin, ce personnage se révèle si mou, si flasque, sans caractère, manipulé par tout le monde et versatile, que seules de ferventes admiratrices devraient pouvoir lui trouver quelque intérêt. Quant à sa construction en tant qu'adulte, il faudra se traîner pendant une dizaine d'épisodes avant de le voir assumer une décision prise de manière autonome. Quel ennui... Pour ce qui est du personnage principal féminin interprété par Hasegawa Kyoko (M no Higeki, Dragon Zakura, Scandal...), dont je ne remets pas ici les compétences artistiques en cause, elle se dévoile un peu bohème, rêveuse et excentrique, mais, surtout, elle se rend rapidement antipathique du fait d'un nombrilisme prononcé, sans compter sa propension au mensonge. De fait, censée être plus âgée que Kyoichi, Surumi se révèle au final particulièrement puérile. L'idée de voir le garçon évoluer au contact de la femme, ou vice-versa, aurait pu prendre. Mais l'addition des deux donne ici un couple sans charisme pour lequel j'envisage mal qu'on puisse éprouver beaucoup d'empathie. Les personnages secondaires, sans être mauvais, n'ont pas vraiment les moyens de rattraper le coup. Sortant d'une période de visionnage où les femmes-enfants occupaient beaucoup trop le devant de la scène, j'ai quand même eu plaisir à voir enfin à l'écran une vraie jeune femme, en la personne de la chanteuse Shimatani Hitomi: son personnage, dont la vanité finit par se confondre avec des sentiments, se révèle comparativement presque intéressant, mais ce n'est qu'un détail.
Bref, sans que ses nombreux défauts ne rendent la série irrémédiablement insupportable, on aura quand même compris que Boku dake no Madonna n'est vraiment pas parvenu à me convaincre. Je ne peux que recommander aux amateurs de ce type de romance de privilégier l'original à cette médiocre copie.
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3/10 : Try it if you’re a masochist.
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mardi 24 juillet 2012
Long Vacation
Avant d'affiner mes goûts et de mener mes propres recherches, je me suis naturellement dirigé vers les grands classiques du petit écran nippon, ceux qui ont suscité le plus de bruissements parmi les amateurs de dramas. Il s'avère que les romances occupent une place importante dans ce microcosme. Logique? J'ai cru comprendre que l'audience des séries télévisées au Japon est en bonne partie féminine, de même d'ailleurs que les dramaphiles, or - et sans vouloir généraliser, de peur de m'attirer l'ire des féministes... - il semblerait que ce public soit particulièrement friand du genre romantique. En conséquence, les romances portées à l'écran bénéficient de moyens solides et d'échos importants. Néophyte à l'époque, je m'étais donc naturellement tourné vers ces séries réputées et je ne m'en suis d'ailleurs pas porté plus mal, bien au contraire (cf. Beautiful Life, entre autres). J'ai en effet découvert un genre, qui agissait sur moi jusqu'alors plus comme un répulsif que comme un aimant, et il m'arrive depuis régulièrement d'intégrer une romance dans ma sélection de dramas à voir. Pour en revenir à l'époque de mes premiers pas, avec une dizaine de récompenses glanées aux TV Drama Academy Awards, une audience moyenne proche des 30%, un casting de luxe et donc des pages et des pages de discussions et de critiques positives, je ne pouvais passer à côté du célèbre Long Vacation.
A dire vrai, ce drama est si connu qu'une chronique classique ne présente sans doute pas beaucoup d'intérêt. Je n'aurai donc pas la prétention à l'exhaustivité et me contenterai de quelques brèves remarques: les lecteurs avides d'en apprendre plus trouveront le nécessaire sur le net sans le moindre problème. Pour un court rappel des faits, Long Vacation décrit la naissance et le développement de la relation entre une femme active de 31 ans, Minami (Yamaguchi Tomoko), et un étudiant en musique de 24 ans, Sena (Kimura Takuya), la première nommée, suite à un mariage annulé, s'imposant comme colocataire du second. Leurs interactions mutuelles et avec leurs cercles personnels bouleverseront leurs univers respectifs et de ce chaos émergeront des caractères neufs, des envies inattendues et des amours déraisonnables. Au cœur de ce maelström, la question de la différence d'âge entre Minami et Sena sert de fil rouge et, si cela n'est pas totalement original - quoique, en 1996?... - elle est ici particulièrement bien traitée, à la fois sous l'angle de la problématique sociale, mais surtout par la prestation des acteurs, Yamaguchi Tomoko jouant à la perfection ce rôle tout à la fois d'aînée un peu moqueuse, de grande sœur attentive, finalement de femme mature inquiète de ses sentiments et de son avenir. Le développement de la relation entre Minami et Sena s'avère d'ailleurs globalement fort bien mené. Se construisant peu à peu, elle se donne le temps de gagner en profondeur et en crédibilité. On note que la sexualité n'est pas absente de cette construction du couple, ce qui semble être devenu un sujet tabou dans les productions télévisuelles nippones plus récentes. On remarque également, qu'à la différence des séries occidentales où on tend à ne plus perdre de temps à établir un distinguo entre coup d'un soir et femme d'une vie, le sexe participe ici d'une évolution naturelle des relations et apporte son écot à la sincérité des sentiments.
C'est d'ailleurs la qualité principale de Long Vacation que d'offrir une histoire si joliment naturelle. Kitagawa Eriko possédait alors ce talent de sublimer, au travers de ses scenarii, des sentiments si bêtement humains et pourtant si forts et si irrésistiblement évocateurs pour toute personne ayant eu la chance de les ressentir. Les acteurs sont les autres grands artisans de cette réussite, Yamaguchi Tomoko et Kimura Takuya en tête. La première interprète brillamment une femme dynamique, libérée, drôle, espiègle, vivante, mais aussi sincère et sensible. Mariée peu avant la diffusion du drama (à Karasawa Toshiaki, future tête d'affiche de Fumo Chitai), on ne peut que déplorer que Long Vacation ait été son chant du cygne. Quant à Kimura Takuya, avec le naturel qui le caractérise déjà, il fait peu à peu sortir son personnage de sa coquille, ces grandes vacances portées à l'écran marquant symboliquement son entrée dans l'âge adulte. Pour autant, si j'ai aimé passer quelques heures avec ce duo, je ne peux pas cacher que j'ai ressenti plus de sympathie que d'empathie pour eux, les moments forts de leur histoire ne m'ayant ainsi pas particulièrement ému.
Ces rôles-titres sont accompagnés par une belle génération d'acteurs: Takenouchi Yutaka se glisse sans souci dans la peau de son personnage charmeur et rebelle aux conventions. Inamori Izumi, drôlissime, est encore plus pétillante que dans Beach Boys. J'ai, par contre, assez peu apprécié Matsu Takako, malgré l'intérêt de son personnage, trop sage pour ne pas avoir envie d'autre chose que les platitudes d'une relation bien sous tout rapport mais monotone. Avis aux fans: ce drama est également le premier de Ryo et on y aperçoit même une toute jeune Hirosue Ryoko. On regrettera cependant que ces divers personnages secondaires, au regard de leur potentiel, ne bénéficient pas d'une meilleure exposition. Certaines longueurs auraient largement pu laisser leur place à des développements sur ces protagonistes. Remarque tout à fait annexe mais petit plaisir personnel: les quelques notes du Gymnopédie n°1 d'Erik Satie, au milieu d'une bande son fort étoffée.
J'en resterai donc là de mon exposé sur Long Vacation. Malgré son âge, visible à l'écran, ce drama s'impose toujours comme un immanquable standard à l'aulne duquel les romances ultérieures furent et seront comparées. A l'instar d'un Love Generation, il se pose comme un ambassadeur des sentiments et des désirs d'une jeunesse plus libérée, plus passionnée. Il consacre également KimuTaku comme une superstar du petit écran. Pour toutes ces raisons, les amateurs de romance à la sauce nippone ne sauraient faire l'impasse sur ce monument télévisuel, les autres étant simplement conviés à exercer leur curiosité.
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7/10 : At least worth checking out.
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JDrama,
Kimura Takuya,
Kitagawa Eriko,
Matsu Takako,
Takenouchi Yutaka
vendredi 20 juillet 2012
Chase
Après cette parenthèse humoristique, retour aux choses sérieuses avec Chase, l'une de ces séries courtes faisant le bonheur des téléspectateurs de la NHK ou de WOWOW amateurs de thrillers. Plus mature, plus moderne, plus nerveux, s'intéressant à des problématiques contemporaines, ce genre a contribué, en ce qui me concerne, à compléter l'offre de dramas japonais la plus connue (id est les renzoku en 10 à 12 épisodes), voire à régénérer mon intérêt. L'excellent Soratobu Taiya ouvrit ainsi la voie à de nouvelles découvertes, avec beaucoup de réussites et quelques rares déceptions. Reste à savoir dans quelle catégorie classer Chase, objet de la présente note.
Le synopsis trouvé sur internet était à vrai dire parfaitement minimaliste: "A story about tax evasion". L'expérimenté Sakamoto Yuji au scénario, la présence d'Eguchi Yosuke (Lunch no Joou, Shiroi Kyoto, Tobosha...) en tête d'affiche ainsi que celle de Iura Arata, acteur dont j'avais lu le plus grand bien sans encore jamais l'avoir vu, m'ont donné quelques arguments supplémentaires pour me lancer dans ce drama. Comme espéré, la réalisation se révèle impeccable, assez proche, me semble-t-il, des réalisations américaines, ce qui s'avère convaincant pour traiter une série à suspense. La bande son, entre grincements de saxophone et chants de soprano, distille une ambiance adéquate. Le rythme s'avère rapide, la caméra s'essaye à quelques effets, mais sans jamais tomber dans une surenchère de plans qui ne laisseraient pas à l'audience le temps de respirer. Or, il en faut un minimum pour tenter d'ingérer et de comprendre la thématique de l'évasion fiscale, pas nécessairement familière à tous. Qu'on se rassure néanmoins, nul besoin d'être expert-comptable pour suivre la logique des faits. Pour l'amateur de financial thrillers, ce pourrait d'ailleurs être l'une des faiblesses de Chase, qui, peut-être pour se rendre plus facilement compréhensible du grand public, ou pour ne pas donner de mauvaises idées à certains, traite parfois son sujet sous un angle assez simpliste. Il est ainsi certaines combines dont un quidam lambda trouverait les failles en quelques minutes. Autant dire que, pour des inspecteurs des impôts, la tâche semble loin d'être insurmontable. Le grand écart entre complexité du sujet et accessibilité n'était certes pas facile à faire et, visiblement, la série n'a pas totalement trouvé la solution.
Cela étant, cette faiblesse du scenario n'handicape Chase qu'assez modérément. Le suspense entourant la réussite ou l'échec des fraudes existe réellement. Surtout, l'accroche du téléspectateur tient avant tout à la course-poursuite haletante entre l'inspecteur Haruma (Eguchi Yosuke) et le mystérieux Murakumo (Iura Arata). Le premier est l'incarnation classique de l'homme immergé dans son travail, quitte à en négliger ses devoirs familiaux. Les évènements vont d'ailleurs le faire basculer dans une véritable obsession pour le maître es fraude, rendu responsable de tous ses malheurs, à un point qui m'a d'ailleurs un peu interloqué. Murakumo, qui vient au secours des riches désireux d'échapper aux taxes, apparaît comme un personnage d'une intelligence rare mais également profondément amoral. Comme tel, je l'ai trouvé tout à fait intéressant, grâce en soit rendue à un formidable Iura Arata spectral, ophidien, presque dérangeant. Si Eguchi Yosuke fait le boulot, Iura Arata dévoile ici un personnage méritant de laisser une trace dans les annales de la fiction nippone. Pas moins. Autour d'eux, les personnages secondaires jouent une composition honnête sur laquelle je ne m'attarderai pas.
Malheureusement, ces bonnes dispositions sont durement mises à mal par un basculement du récit intervenant à mi-parcours. Le scenario succombe à la facilité en s'extirpant du techno-thriller pour plonger dans les sempiternelles blessures du passé dévoilant la racine du Mal. Quel dommage! Une touche moralisatrice vient sauver les apparences (?), à l'image du personnage de Kawashima Kaori (Aso Kumiko) dont la crise de conscience survient de façon plus qu'inattendue. Les révélations sur le passé de Murakumo ne sont pas désastreuses en elles-mêmes, au contraire même puisqu'elles ont un caractère choquant assez réussi, mais elles participent d'une déviation de l'histoire qui n'a pas lieu d'être! J'aurais préféré une poursuite dans la veine de départ, voire des développements semblables à celui où la moralité des représentants de la loi subit la tentation des sommes folles auxquelles ils sont confrontés. C'est donc quelque peu déçu que j'ai fini de regarder Chase. Sans en effacer les qualités, le développement final de ce drama porte, de mon point de vue, un vilain coup à ce qui s'annonçait comme une série très prometteuse.
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6/10 : That wasn’t too bad, I guess. But never worth a rewatch.
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mercredi 18 juillet 2012
Zettai Kareshi
"Prenez garde à vos rêves, car ils risquent de se réaliser", écrivait Mary Wesley en 1984 (merci Wikipedia...). Plus récemment, Placebo chantait: "Protège-moi de mes désirs". Chacun choisira la référence qui lui convient le mieux, l'important étant de se rejoindre sur la proximité entre l'essence de ces citations et le thème introductif de Zettai Kareshi, une comédie romantique adaptée d'un manga et diffusée en 2008.
De quoi s'agit-il? Izawa Riiko, OL intérimaire dans une société de confection de pâtisseries, ne rencontre pas le succès espéré, ni dans sa vie professionnelle, ni sur le plan sentimental et affectif. Elle est donc le parfait cobaye pour accueillir quelques jours chez elle un prototype de robot humanoïde destiné à jouer, pour les femmes solitaires, le rôle du parfait fiancé. On s'en doute, cette étrange cohabitation se révèle particulièrement propice à bon nombre de situations comiques. En effet, si Night reproduit les comportements d'un amoureux enflammé, il ne dispose pas du bon sens commun qui lui permettrait d'éviter les manifestations affectives ou les déclarations amoureuses dans les situations qui ne s'y prêtent guère. Difficile de ne pas comprendre le stress et la gêne d'une Riiko poursuivit par les assiduités démonstratives de son robot. Et quel foi accorder à des actes ou des paroles pré-programmés émanant d'un tas de métal?
Naturellement, le comique de la situation vient de ce décalage entre la femme et la machine, mais la situation n'est, à vrai dire, pas uniquement humoristique. Au-delà de ses gaffes, Night propose bien tous les avantages du parfait amant: bel homme, dévoué, patient, attentionné, affectueux, toujours à encourager sa partenaire, à lui sourire, à la complimenter, sans compter qu'il se révèle être une vraie fée du logis et un comptable scrupuleux. Finalement, pour chacun et chacune d'entre nous, quel(le) est vraiment le ou la partenaire idéal(e)? Quelles exigences avons-nous envers lui ou elle? D'une certaine façon, la série place la femme japonaise devant ses contradictions: bien qu'on lui donne l'homme idéal, Riiko n'a de cesse de le repousser. Bien évidemment, il ne s'agit pas de fustiger spécifiquement la gent féminine, mais, si on replace le drama dans le contexte social japonais, on ne peut que constater que Zettai Kareshi taquine gentiment les désirs féminins qui se sont faits jour au Japon depuis la fin des années 80 et ont mis à mal la relation homme-femme y ayant traditionnellement cours. Même si le pragmatisme des mariages de raison existe toujours - on repense ici aux fameux "3 kô": kô-shinchô = grande taille; kô-gakureki = bonne instruction; kô-shûnyû = haut salaire - les Japonaises ne s'en satisfont plus et expriment leur envie d'être séduites, soutenues, aimées... Si on en croit les chiffres parus ces dernières années sur le célibat, dans ce pays où le mariage semble demeurer une institution fondamentale, la divergence entre les attentes archaïques de nombreux hommes et celles, plus modernes, des femmes n'est pas encore résolue. En conséquence, même si ce drama se veut avant tout un divertissement, il s'inscrit dans une thématique sociale particulièrement prégnante au Japon.
Ainsi, comme je l'évoquais en préambule, la comédie un peu bouffonne fondée sur les relations compliquées femme-robot n'est bien qu'un thème parmi d'autres, d'abord très présent puis ouvrant la porte à d'autres. S'y ajoute donc un thème social, mais également et de manière logique, un questionnement amoureux. Au fil des épisodes, la question des sentiments d'un être humain envers un "compagnon" - quelle détermination adéquate employer? - finit par devenir centrale. La série n'étant pas à un élément invraisemblable près, les scénaristes ont ainsi eu l'intelligence de développer le personnage de Night pour le faire sortir de sa posture de simple robot et permettre ainsi de donner quelque crédibilité à ces questions: les sentiments humains sont-ils nécessairement réservés à nos congénères? Quelle est alors la vraie nature de ces sentiments? Peut-on s'en satisfaire? Par exemple, Night ne vieillit pas, ni ne peut avoir d'enfants, des thèmes importants dans un projet de couple. Ainsi, au milieu des rires, le téléspectateur est invité à réfléchir plus ou moins consciemment à l'importance et à la nature des sentiments.
Pour atteindre leur objectif d'à la fois faire rire et émouvoir leur audience, les promoteurs de Zettai Kareshi n'ont pas hésité à accumuler les invraisemblances propres aux récits de science-fiction et aux contes de fée. Et pourquoi pas? Si les évènements de la série sont censés se dérouler dans notre monde contemporain, l'absence de crédibilité des faits n'a pas vraiment d'importance. Dès lors qu'on laisse son esprit cartésien derrière soi, rien n'interdit de s'abandonner aux développements tumultueux de la relation entre Riiko et Night. C'est d'ailleurs à cette seule condition qu'on pourra pleinement profiter des scènes émouvantes qui clôturent la série.
Pour dire un mot des acteurs quand même, je soulignerai d'abord l'interprétation d'Hayami Mokomichi (Densha Otoko, Tokyo Tower, Hatakari Man, Shinzanmono, Rebound...), qui joue un être artificiel plus vrai que nature. Pour une fois que le physique fort peu naturel de la nouvelle vague d'acteurs japonais apporte une valeur ajoutée à un drama, comment ne pas le saluer? Dans le rôle de Riiko, Aibu Saki (Ushi ni Negai wo, Buzzer Beat, Rebound...) surjoue quelque peu son personnage de jeune femme très ordinaire, fleur bleue et souvent dépassée par les évènements, mais son hystérie au regard de ce qui lui arrive m'apparaît suffisamment compréhensible pour ne pas lui en tenir rigueur. Quant au reste du casting, Mizushima Hiro (Tokyo Dogs...), en troisième pointe d'un triangle amoureux, ne m'aura pas laissé un souvenir impérissable, pas plus que Ueno Natsuhi dans le rôle d'une collègue enquiquineuse. A contrario, j'ai fait la connaissance avec ce drama de Maya Miki, sympathique chaperonne du couple vedette, et de Sasaki Kuranosuke, concepteur et père de Night, deux acteurs que j'ai depuis lors toujours eu plaisir à revoir dans les séries regardées depuis.
Comme le laisse entendre la phrase précédente, j'ai en effet regardé Zettai Kareshi peu de temps après sa diffusion, en 2008. A quel point, le fait que cette série japonaise fait partie des premières que j'ai visionnées contribue à enjoliver les souvenirs qu'il m'en reste? Avec le nombre de dramas vus depuis, j'aurais peut-être aujourd'hui des exigences supérieures. Pourtant je pense aussi qu'être capable d'en avoir un souvenir vivace quatre ans plus tard offre une garantie sérieuse d'avoir passé un vrai bon moment devant cette comédie romantique. Très drôle tout en étant loin d'être stupide, émouvante parfois, voilà en tout cas une série qui ne pourra que détendre nos neurones et - qui sait? - peut-être même les processeurs de nos fidèles compagnons électroniques.
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8/10 : Somehow I really enjoyed that one. Personal fave.
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mardi 17 juillet 2012
Koori no Sekai
J'ai souvent souligné l'habilité des Japonais à mettre en scène des sentiments complexes de façon délicate, authentique et donc touchante. Koori no Sekai offre une nouvelle illustration de ce talent, au moyen d'un drama alliant efficacement le genre policier à la romance.
Hirokawa Eiki, agent d'assurance, enquête sur les disparitions brutales de ses assurés pour valider ou non le paiement des polices souscrites en faveur de leurs proches. Il se penche ainsi sur le meurtre inexpliquée d'une enseignante et se trouve vite interpelé par la personnalité d'Egi Toko, une collègue de la victime. Rapidement, ses soupçons, comme ceux de l'inspecteur Ujou Takeshi, portent vers cette femme altière dont les trois fiancés successifs sont décédés dans des circonstances douteuses. Plus l'ambitieux Hirokawa creuse dans le passé de la suspecte et découvre des raisons de s'inquiéter, plus cette femme intelligente, sombre et froide se transforme en véritable obsession au point d'y engloutir ses pensées... et son cœur. Est-ce au développement d'une véritable passion amoureuse ou à l'avatar d'un inéluctable "syndrome de Stockholm" - ou ce qui s'approche le plus d'un transfert affectif vers une supposée criminelle - que les téléspectateurs sont ainsi conviés? Question d'autant plus marquante que ceux-ci seront probablement affectés eux-mêmes par le personnage d'Egi Toko, d'un magnétisme troublant.
Qui mieux que la superbe Matsushima Nanako pouvait incarner la fascinante Egi Toko? L'actrice la plus classe de la télévision japonaise crève l'écran avec l'interprétation de ce personnage complexe, tour à tour glacial, touchant, hautain, inquiétant, énigmatique, émouvant. Takenouchi Yutaka, dans le rôle d'Hirokawa Eiki, lui offre la réplique avec la fougue, l'intensité et le charisme propres à ce talentueux acteur: les découvertes et les doutes, aussi bien que les sentiments de son personnage, entraînent à leur suite l'empathie des téléspectateurs. Le duo dévoile ici une belle alchimie qui emporte les suffrages. Malheureusement les autres acteurs se trouvent du coup relégués loin des projecteurs et n'offrent pas de partition marquante. Nakamura Toru (Karei Naru Ichizoku, Soratobu Taiya...) s'extirpe un peu de l'anonymat ambiant, mais son personnage irascible souffre de deux défauts: le premier est un acte dévoilé au fil du drama et qui me l'a rendu antipathique jusqu'à la dernière minute et j'avoue d'ailleurs un sentiment de gêne à l'égard de la mansuétude du scenario qui tente de rendre son personnage plus sympathique par la suite; le second, et corollaire à ce que j'évoque à l'instant, relève d'une volte-face mal expliquée dans ses agissements. Uchida Yuki, dans le rôle de la petite amie d'Eiki, retiendra un peu l'attention par sa jolie voix et son personnage sacrifié, avant que le désintérêt ne s'installe. Et c'est à peu près tout.
Pour être juste, et en dépit de l'indéniable attrait pour le couple phare, il faut également relever les défauts de Koori no Sekai. La réalisation d'abord, avec un drama de 1999 qui fait son âge, malgré quelques petites idées sur l'utilisation des filtres et de la lumière. Par ailleurs, la série n'est pas exempte de certaines longueurs et le scenario fait parfois montre de faiblesses. Si l'intrigue principale est en effet solide, la véritable nature d'Egi Toko échappant à toute certitude pratiquement jusqu'au dernier épisode, certains revirements dans l'attitude des personnages étonnent et la conclusion est, à mon avis, beaucoup trop faible. Par ailleurs, si la nature des sentiments est, comme je l'écrivais en préambule, finement explorée et si ceux-ci atteignent une rare intensité, leur expression m'est apparue parfois un peu forcée, trop mélodramatique.
Ces quelques défauts permettent de porter un jugement plus objectif, mais ne doivent évidemment pas occulter la qualité de ce drama porté par un duo très charismatique et un mystère habilement ficelé. Il en résulte un mariage réussi entre série (très) noire et romance. Koori no Sekai bénéficie également d'un joli thème au moyen du Diamond Dust d'Himuro Kyosuke, qui s'intègre parfaitement bien à l'ambiance générale du drama et pousse un peu plus le téléspectateur à s'immerger dans ce troublant monde de glace.
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7/10 : At least worth checking out.
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Matsushima Nanako,
Nakamura Toru,
Takenouchi Yutaka
lundi 16 juillet 2012
Ningen no Shoumei
J'avoue que, plus je regarde de séries avec Takenouchi Yutaka, plus j'apprécie cet acteur, au point de me servir allègrement dans sa filmographie pour assouvir ma dramaphilie (si tant est que ce terme existe). Ningen no Shoumei ne me découragera pas de poursuivre sur cette voie puisqu'il s'agit d'un bon policier comme on aimerait en voir plus souvent sur le petit écran japonais.
Munesue Ichiro (Takenouchi Yutaka), un flic au style plutôt musclé, est transféré au quartier général de la police à Tokyo, où il se voit rapidement confronté à l'affaire du meurtre d'un jeune afro-américain. Les preuves, les témoins, le mobile, l'identité même de la victime.. rien n'est apparent dans ce mystérieux assassinat et l'affaire semble tout simplement insoluble. L'acharnement de Minosue à résoudre ce crime va néanmoins permettre de faire la lumière, non seulement sur ce mystère mais également sur le passé de ses multiples protagonistes. Au fil des épisodes, la caméra nous transporte de Tokyo à Jefferson City (Missourri) en passant par la campagne japonaise, à la rencontre d'une impressionnante galerie de personnages: un jeune et riche dealer japonais, un clochard irascible, une femme politique influente, un policier américain peu amène, un mari jaloux en chaise roulante, une mystérieuse maitre-chanteuse, une putain vieille et aveugle... Le déplacement s'avère non seulement géographique mais également temporel, avec de nombreuses scènes dévoilant les réminiscences d'un passé agité. Ici plus que jamais, l'auteur s'est amusé à relier le passé de ses personnages mais, étonnamment et même si certaines coïncidences peuvent sembler de trop, le drama en lui-même n'en souffre pas. Il s'agit là finalement d'un à-coté qui - regardons le côté positif - pimente l'intrigue tout en permettant de mieux creuser la personnalité des protagonistes. L'affaire en elle-même est complexe, prenante et tient allègrement en haleine les téléspectateurs tout au long des dix épisodes de la série. En compagnie de Munesue, nous suivons les fausses pistes, révisons nos intuitions, tentons de reconstituer les faits et de démêler les énigmes. En somme, nous sommes invités à suivre un vrai bon polar.
En sus de son intrigue, Ningen no Shoumei est porté par un casting aussi performant qu'étoffé. Takenouchi Yutaka joue impeccablement la double partition du policier renfrogné et obsédé par son travail, et de l'homme affecté par de terribles souvenirs. Pour l'anecdote, on applaudira également sa jolie maîtrise de la langue anglaise. L'inspecteur Munesue est accompagné d'un ancien de la maison, Yokowatari (Osugi Ren, second rôle vu dans un nombre impressionnant de dramas) dont les valeurs de solidarité entre flics sont mises à rude épreuve par son fougueux et entêté coéquipier. On retrouve également avec plaisir, au sein de la police, le sympathique et regretté Ogata Ken (Ruri no Shima, Kaze no Garden...) et Sato Jiro, autre habitué des seconds rôles à la carrière prolifique.
Munesue, malgré son caractère de cochon, retrouve un semblant d'humanité au moyen du soutien patient et amical de la souriante Motomiya Kiriko (Natsukawa Yui - Kekkon Dekinai Otoko, Ninkyo Helper...), journaliste encore habitée d'idéaux sur son métier. Celle-ci suit notamment la campagne électorale de Koori Kyoko (Matsuzaka Keiko) dont l'interprétation d'une femme de tête aussi ambitieuse qu'imperturbable mérite les louanges. J'ai également été touché par le duo improbable formé par Oyamada (Kunimura Jun - Pandora, Soratobu Taiya...) et Niimi (Kazama Morio - Change, Arifureta Kiseki...), unis par une même inquiétude pour la courageuse Fumiie (Yokoyama Megumi). Sans lien apparent avec la trame principale, on suit également la chute vertigineuse d'un jeune bourgeois paumé, interprété par Takaoka Sousuke (Taiyou no Kisetsu, Rookies...), accompagné par la jolie mais déconnectée Michiko (Matsushita Nao). Belle liste, n'est-ce pas? Et il en manque! Une mention quand même pour les acteurs américains, qui prendront la peine d'articuler leur anglais pour une meilleure compréhension, mais sans se départir d'un naturel qui donnerait presque l'impression d'un crossover entre ce drama japonais et une authentique série policière américaine.
S'agissant des États-Unis, on ne sera pas surpris qu'ils soient égratignés par le scénariste, tant les Japonais, à mi-chemin entre fascination et répulsion, manquent rarement l'occasion de brocarder leurs anciens vainqueurs. Plus surprenant par contre, l'angle sous lequel ils sont attaqués n'est pas seulement celui, classique, de la violence des mœurs américains, mais également celui du racisme à l'encontre de la communauté noire. On sait que les Japonais ont souffert, voire souffrent encore, d'un complexe lié à un supposé même racisme américain, mais la critique est étonnante venant d'une société aussi peu métissée et ouverte que l'est le Japon. Cela étant, la société nipponne reçoit également quelques reproches quant à son formalisme et sa passivité. Une manière plus ou moins concluante de rééquilibrer les comptes.
Au final, si on met de côté les coïncidences du destin chères aux Japonais, Ningen no Shoumei se révèle comme une jolie réussite, avec une intrigue solide, une résolution construite patiemment, des moyens mis au service de la forme, le tout porté un brillant casting. La série a également l'avantage d'offrir autre chose que l'habituel police procedural: un effort louable qui, en sus du reste, m'incite à lui décerner un accessit mérité.
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8/10 : Somehow I really enjoyed that one. Personal fave.
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dimanche 15 juillet 2012
Mayonaka no Ame
Depuis le mois de mai et mon retour du Japon, il a été essentiellement question sur ces pages de mon séjour dans l'archipel nippon. On en finirait presque par oublier que ce blog a originellement été créé pour chroniquer des dramas et je me propose donc de faire un petit intermède dans le récit de mes pérégrinations pour effectuer un retour aux sources.
Mayonaka no Ame fait partie de ces dramas rencontrés un peu par hasard en croisant des informations diverses: noms connus, récompenses et autres. Par ailleurs, je n'avais encore jamais trop tenté de regarder une de ces séries dites "médicales" et l'occasion m'apparut donc bonne de m'y mettre. Cela étant, les aspects famille et policier occupant une part au moins aussi importante dans l'intrigue générale de la série, je ne tirerai pas de l'expérience des leçons définitives quant aux dramas se déroulant dans l'univers hospitalier.
Pour en venir au synopsis de Mayonaka no Ame, Tokura Takashi, un jeune chirurgien émérite est recruté par un hôpital privé appartenant à la famille Izumida. Rapidement, il se trouve mêlé aux luttes politiques qui agitent l'établissement et fait en parallèle la rencontre d'une policière aux prises avec des troubles psychologiques. Comme les Japonais aiment à le faire, passé et présent des différents personnages vont se mêler et s'emmêler pour lever peu à peu le voile sur les actes et les caractères des différents protagonistes. Le véritable attrait du drama réside d'ailleurs dans ce dernier point. Mayonaka no Ame s'avère être une série où les personnages dépassent de loin l'intérêt de l'intrigue. Si celle-ci se révèle d'un niveau honorable, elle ne saurait suffire à retenir l'attention du téléspectateur sans la profondeur accordée à des protagonistes tout en ambiguïté. Le personnage principal, Tokura Takashi, illustre cette volonté de semer le doute tant il est vrai que, rendu à la moitié de la série, on ne sait toujours dire de lui s'il est un vrai ou un faux méchant.
Pour porter ces rôles, il fallait un casting solide et on ne saurait remettre en cause celui-ci. Dans le rôle titre du Dr. Tokura Takashi, Oda Yuji (Tokyo Love Story, Odoru Daisousasen, Last Christmas...) incarne parfaitement ce personnage compétent mais abrupt, parfois antipathique, aux manœuvres troubles et aux ambitions obscures. Au sein de l'hôpital, il se heurte rapidement avec un irascible président, Izumida Keichiro (Nagatsuka Kyozo), et dispute le futur de l'établissement au fils de celui-ci, Izumida Shunsuke, interprété par Abe Hiroshi. Ce dernier joue là un personnage, certes secondaire, mais original car, dénué du machiavélisme de son adversaire et intéressé au premier chef par la survie de l'hôpital familial quitte à devoir avaler quelques couleuvres, il s'extirpe du rôle classique de fils à papa arriviste pour offrir une réplique positive et intègre au sombre Tokura Takashi. Les personnages secondaires gravitant dans l'hôpital autour de ces premiers rôles évitent les fausses notes et on relève notamment la bonne prestation d'Ishiguro Ken (Change, Marks no Yama...) dans le rôle de l'arriviste Ando Hiroshi. A cet univers médical vient se greffer l'inspectrice Misuzawa Yukiko, profondément intriguée par la personnalité du Dr. Tokura dont elle tente de se rapprocher. Son rôle est joué par nulle autre que Matsuyuki Yasuko, qui dévoile ici un charme inattendu de la part de l'actrice marmoréenne de Suna no Utsuwa et Mother.
Quitte à me répéter, c'est assurément cette galerie de personnages qui retient l'attention dans Mayonaka no Ame. Notons également un point positif s'agissant de la forme: fidèle à son titre, la série se déroule essentiellement à des heures nocturnes par temps d'orage, participant ainsi grandement à renforcer son ambiance sombre et pesante. Il faut en effet souligner que les moments de joie et les sourires sont globalement absents de Mayonaka no Ame, en toute cohérence avec le ton général de la série. A contrario, le fonctionnement politique et corrompu du monde hospitalier prend bien quelques claques au passage, mais le sujet demeure accessoire. L'intrigue tient également la route mais sans offrir grand chose de neuf et sachant que les Japonais y succombent, comme trop souvent, à leur goût immodéré pour les coïncidences du destin. En conséquence, une fois faite la somme entre aspects positifs et négatifs, ce drama ne laisse pas de souvenirs véritablement marquants et ne s'impose donc pas comme un incontournable. La série mélange les genres - policier, série médicale, drame familial - sans s'imposer dans aucun. Tout cela est bien maîtrisé mais ne laisse pas de souvenir impérissable, ce qui s'avère un peu décevant au regard de son brillant casting.
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6/10 : That wasn’t too bad, I guess. But never worth a rewatch.
Official Site
The complete details about Mayonaka no Ame on drama-wiki
Mayonaka no Ame with English subs
samedi 14 juillet 2012
Nihon e yokoso (X)
Dix jours. Tel est le temps que j'aurai tenu avant d'être entraîné dans une demi-journée de shopping... J'avais évité la veille les petites boutiques, je n'esquiverai pas la visite des grandes enseignes que sont Muji, Uniqlo et Marui. En attendant l'heure d'ouverture, nous déambulons dans le Namba Park, un immense complexe commercial, aux terrasses arborées, faisant presque oublier qu'on se situe dans le cœur dense et urbain d'Osaka. A cette heure de la mâtinée, seuls les jardiniers et quelques photographes en goguette hantent les lieux et ne suffisent pas à en troubler la sérénité.
Vient donc le moment d'errer dans les travées des magasins. Comme on peut s'y attendre, tout est propre, bien rangé et le personnel nombreux. Une visite dans un Muji suffirait à trouver le nécessaire pour équiper de A à Z un logement, sans compter qu'avec cette recherche effrénée de la satisfaction du client, on trouve beaucoup de petites choses, certes dispensables, mais bien pensées et qu'on imagine fort pratiques. Uniqlo surfe sur la même vague, en proposant quelques modèles mais avec une gamme de tailles et de couleurs suffisamment large pour satisfaire tout le monde. Après un pillage en règle des rayons et, ayant épuisé de mon côté mon intérêt sociologique pour les grandes enseignes nipponnes et leurs clients, nous reprenons le shinkansen (et nos ekiben) direction Hiroshima!
A la gare d'Hiroshima, une charmante personne de l'office du tourisme nous explique comment nous rendre à notre hôtel en tramway. Celle-ci prend soin de nous fournir les explications dans un Japonais lent et bien articulé. Généralement, ces personnels s'attendent à devoir parler anglais avec les touristes occidentaux. Logique. Lorsqu'ils se rendent compte qu'ils peuvent s'exprimer en japonais, le soulagement qu'on lit sur leur visage est assez comique, mais avec pour conséquence de les faire basculer en "mode automatique" et donc débiter à vitesse normale tout un baratin bien huilé, le tout avec toutes les formulations honorifiques qui vont bien. Voilà qui n'est pas forcément facile à suivre. Bref, fin de la parenthèse et, après avoir déposé nos bagages à l'hôtel, nous sommes partis pour l'inévitable parc du mémorial de la paix.
En sus du musée, ledit parc propose des dizaines de monuments dédiés tant à la paix qu'à la mémoire des victimes de la guerre en général, de la bombe atomique en particulier. De nombreux collégiens se pressent sur le site, notamment devant le monument des enfants où sont suspendus des milliers de grues en papier. En plus des "Haro! Haro!" (hello) que nous lancent les gamins des classes que nous croisons, nous sommes interpelés par une petite bonne femme rondouillarde et riante, bientôt rejointe par une comparse. Après quelques questions basiques sur notre provenance et notre visite du Japon, vient la grande interrogation: "do you like peace"? C'est une question du concours Miss France ça, non? J'ai envie de répondre que je suis pour la mort, le meurtre et la destruction, mais nous sommes au Japon, le pays de la courtoisie, donc je garde mon humour pour moi. Après quelques minutes de bavardage embarrassé sur Dieu, la foi, la paix, nous arrivons à nous esquiver poliment, non sans s'être vus remettre quelques prospectus et extraits de la Bible. Conclusion: même en traversant la moitié du globe, on n'échappe pas aux prêches des témoins de Jéhovah...
Monument emblématique d'Hiroshima, le Gembaku Dome témoigne par sa seule présence de ce jour d'août 1945 où fut utilisée pour la première fois une bombe atomique à l'encontre d'êtres humains. Construit en béton dans les années 1910, ce bâtiment, situé à seulement 600m du lieu de l'explosion (celle-ci ayant eu lieu à environ 150m du sol), fut l'un des rares à ne pas être purement et simplement vaporisés par l'explosion, contrairement aux centaines de maisons en bois. Conservé tel quel, ses cicatrices ne peuvent que laisser une impression durable à ses visiteurs.
La nuit vient et, armés d'un guide peu explicite, nous tentons de rejoindre un restaurant recommandé pour sa spécialité locale: l'okonomiyaki. Nous nous heurtons de plein fouet à la signalétique nébuleuse des rues japonaises. Après de longues déambulations, découragés et affamés, nous voyons une petite enseigne lumineuse indiquant, en retrait de la route, un restaurant spécialisé en okonomiyaki. Qu'à cela ne tienne, essayons et espérons qu'il fera l'affaire. Après tout, l'obsession des Japonais pour le fraîcheur et l'hygiène, ainsi que leur gourmandise, assurent que, quel que soit l'endroit où on se rend à dîner, le résultat sera toujours, au pire correct, généralement très bon. Nous entrons dans une toute petite salle où on a tout juste la place de s'assoir sur des chaises hautes autour d'une grande plaque de cuisson faisant office de comptoir. Le patron, un trentenaire souriant et amical, s'offre de préparer devant nous deux okonomiyaki d'Hiroshima, un standard et un spécial. Sirotant nos bières, nous le regardons préparer avec dextérité la spécialité locale: le résultat est succulent! L'échoppe est minuscule, mais tout est propre, pimpant, les aliments sont frais... Je me dis à cet instant: "voilà le Japon comme j'avais envie de le vivre"! Un restaurant d'habitués, un patron qui met à l'aise, une musique lounge, une bière fraîche, un plat local sain et excellent... tout le nécessaire pour un délicieux moment de détente, chaleureux et confortable. Et ainsi, au milieu de toutes les merveilles vues lors de ce séjour au Japon, je garderai une place particulière dans mes souvenirs pour cet intermède au Nagiya.
Vient donc le moment d'errer dans les travées des magasins. Comme on peut s'y attendre, tout est propre, bien rangé et le personnel nombreux. Une visite dans un Muji suffirait à trouver le nécessaire pour équiper de A à Z un logement, sans compter qu'avec cette recherche effrénée de la satisfaction du client, on trouve beaucoup de petites choses, certes dispensables, mais bien pensées et qu'on imagine fort pratiques. Uniqlo surfe sur la même vague, en proposant quelques modèles mais avec une gamme de tailles et de couleurs suffisamment large pour satisfaire tout le monde. Après un pillage en règle des rayons et, ayant épuisé de mon côté mon intérêt sociologique pour les grandes enseignes nipponnes et leurs clients, nous reprenons le shinkansen (et nos ekiben) direction Hiroshima!
A la gare d'Hiroshima, une charmante personne de l'office du tourisme nous explique comment nous rendre à notre hôtel en tramway. Celle-ci prend soin de nous fournir les explications dans un Japonais lent et bien articulé. Généralement, ces personnels s'attendent à devoir parler anglais avec les touristes occidentaux. Logique. Lorsqu'ils se rendent compte qu'ils peuvent s'exprimer en japonais, le soulagement qu'on lit sur leur visage est assez comique, mais avec pour conséquence de les faire basculer en "mode automatique" et donc débiter à vitesse normale tout un baratin bien huilé, le tout avec toutes les formulations honorifiques qui vont bien. Voilà qui n'est pas forcément facile à suivre. Bref, fin de la parenthèse et, après avoir déposé nos bagages à l'hôtel, nous sommes partis pour l'inévitable parc du mémorial de la paix.
En sus du musée, ledit parc propose des dizaines de monuments dédiés tant à la paix qu'à la mémoire des victimes de la guerre en général, de la bombe atomique en particulier. De nombreux collégiens se pressent sur le site, notamment devant le monument des enfants où sont suspendus des milliers de grues en papier. En plus des "Haro! Haro!" (hello) que nous lancent les gamins des classes que nous croisons, nous sommes interpelés par une petite bonne femme rondouillarde et riante, bientôt rejointe par une comparse. Après quelques questions basiques sur notre provenance et notre visite du Japon, vient la grande interrogation: "do you like peace"? C'est une question du concours Miss France ça, non? J'ai envie de répondre que je suis pour la mort, le meurtre et la destruction, mais nous sommes au Japon, le pays de la courtoisie, donc je garde mon humour pour moi. Après quelques minutes de bavardage embarrassé sur Dieu, la foi, la paix, nous arrivons à nous esquiver poliment, non sans s'être vus remettre quelques prospectus et extraits de la Bible. Conclusion: même en traversant la moitié du globe, on n'échappe pas aux prêches des témoins de Jéhovah...
Monument emblématique d'Hiroshima, le Gembaku Dome témoigne par sa seule présence de ce jour d'août 1945 où fut utilisée pour la première fois une bombe atomique à l'encontre d'êtres humains. Construit en béton dans les années 1910, ce bâtiment, situé à seulement 600m du lieu de l'explosion (celle-ci ayant eu lieu à environ 150m du sol), fut l'un des rares à ne pas être purement et simplement vaporisés par l'explosion, contrairement aux centaines de maisons en bois. Conservé tel quel, ses cicatrices ne peuvent que laisser une impression durable à ses visiteurs.
A la verticale précise du point d'explosion de la bombe. |
(Cliquez sur cette légende pour un lien Google Map) |
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