samedi 21 avril 2012

Ruri no Shima

 

Le soleil, la mer d'un bleu turquoise, les plages de sable fin, les barrières de corail... qui ne voudrait du calme et de l'art de vivre d'une île paradisiaque située à l’extrême sud du Japon? Apparemment, beaucoup de monde, du moins si on en croit l'inquiétante dépopulation connue par les ilots de l'archipel Yaeyama. L'effondrement des industries locales de pêche au thon a en effet conduit les habitants à émigrer vers des centres urbains à la recherche d'un emploi stable et de structures publiques situées à une rassurante proximité. Sur l'île d'Hatoma (Hatomijima dans la série), les parents du dernier enfant scolarisé en maternelle ne souhaitent pas le voir poursuivre ses études à l'école primaire locale et décident donc de partir pour une ville plus grande. L'établissement scolaire de l'île se trouve ainsi condamné à la fermeture, mettant à mal les chances de voir l'île survivre aux derniers vieillards y résidant. C'était sans compter la volonté farouche de ses habitants, qui se mirent à chercher le moyen de faire revenir des enfants dans leur petit coin de paradis. Partant de cette histoire vraie, Ruri no Shima nous dévoile la rencontre mouvementée entre une jeune Tokyoïte et cette culture ilienne traditionnelle.


Il faut avouer qu'en l'espèce le choc culturel était particulièrement aisé à mettre en œuvre, d'autant plus qu'elle se double d'une différence d'âge flagrante entre cette gamine de 11 ans, plutôt mature mais rebelle, et une population locale dont la moyenne d'âge dépasse les 63 ans. Les amateurs avertis se douteront que l'un des fils rouges du drama est de faire de cette rencontre une école de la vie pour la jeune Ruri. Délaissée par sa mère biologique, celle-ci se place constamment dans une logique de provocation envers un monde adulte auquel elle ne fait plus confiance. Ses interactions avec les habitants de l'île, parfois sévères ou maladroits mais toujours chaleureux et prompts au pardon, lui permettent peu à peu de grandir et de retrouver son équilibre. Le téléspectateur est ainsi invité à vivre avec elle ses colères et ses chagrins mais aussi ses joies, lorsqu'elle se trouve confrontée à l'amitié, au respect, à la solidarité, a la responsabilité ou à la mort. En compagnie de Ruri, nous sommes également conviés à découvrir un autre mode de vie dont on ne nous cache ni les plaisirs, visibles à l’œil nu, ni les inconvénients, plus discrets mais réels, tel le manque d'intimité, patent sur une île de moins de 4km de circonférence.


Si les aventures de Ruri servent de fil conducteur à ce drama, de nombreuses histoires viennent en étoffer la trame. De nombreux personnages se voient ainsi doter d'une réelle épaisseur et permettent en conséquence de réellement s’immerger dans la vie de ces insulaires. Au côté de la jeune héroïne, très bien interprétée par Narumi Riko, on trouve ainsi, dans le rôle des parents d'adoption, le colérique mais sage et aimant Yuzo (Ogata Ken, magnifique acteur de Kaze no Garden notamment) et sa patiente et chaleureuse épouse Megumi (Baisho Mitsuko), qui n'auront pas partie facile avec la turbulente Ruri. Sanae-Sensei (Konishi Manami), professeur légèrement autiste, se découvrira une âme au contact de sa jeune élève, encouragée en cela par l'habile proviseur Ohama (Kishibe Ittoku). On s'attache et on suit avec intérêt les aventures de la famille Aragaki, composé de l'inquiet Jiei (Hiraizumi Sei), de la douce Yoshie (Ichige Yoshie) et d'un troisième larron-mystère, ou du couple Matsukuma, Koji (Katsumura Masanobu, père de famille indigne dans LIFE) et Natsumi (Nishiyama Mayuko ), fatigués de subir la pression d'un voisinage qui s'étonne de ne pas leur voir d'enfants, enfin du jeune couple un peu bohème constitué par Shigeru (Kashu Toshiki) et Mizuki (Igawa Haruka, vu dans Freeter, ie o Kau). Comment ne pas compatir également au triste sort de Shomei, simplet et alcoolique, interprété par Kohinata Fumiyo, acteur à la filmographie impressionnante et toujours parfait quel que soit le rôle qui lui est dévolu? Sans doute trouvera-t-on cette longue liste de seconds rôles quelque peu rébarbative, mais il faut y voir le signe de mon attachement affectueux à cette galerie de personnages.


Et puis, il y a Takenouchi Yutaka (Hoshi no Kinka, Long Vacation, Beach Boys, Koori no Sekai, Yankee Bokou ni Kaeru, Ningen no Shoumei, Rondo, BOSS, Fumo Chitai, Nagareboshi...) . Si son personnage, qui vient saupoudrer Ruri no Shima de quelques flocons tragiques, n'est pas sans intérêt, il faut avouer que ce rôle ne constitue pas en lui-même une raison suffisante pour lui consacrer ces quelques lignes à part. Non, ce qu'on retiendra en premier lieu du personnage de Kawashima Tatsuya, c'est l'extraordinaire charisme de Takenouchi Yutaka. En tant qu'homme, j'eusse du ressentir au moins une pointe de jalousie à son égard, mais ce ne fut pas le cas. Avais-je donc reconnu de facto que l'acteur était trop loin du commun des mortels pour ne susciter autre chose qu'une admiration respectueuse de ma part? Quel coup à mon égo...


Pour ne pas finir sur de ridicules prosternations devant une icône du petit écran, je préciserai que ce drama, s'il se laisse parfois aller à des développements faciles et donc pas toujours très originaux, a le mérite d'allier la beauté des images à une réflexion intelligente sur la vie contemporaine. En ne cachant pas les difficultés de vivre sur une île isolée, ni le coût que représente le maintien de services publics sur ces terres reculées, Ruri no Shima a l'habileté de ne pas condamner le mode de vie urbain mais plutôt de poser une vraie question sur l'avenir de ces communautés: à part être une destination touristique, que peuvent offrir ces cultures iliennes au Japon moderne? Elle se double d'une autre réflexion sur ce que peuvent apporter des personnes âgées à des jeunes générations, parfois quelque peu déboussolées. Il faut noter que, dans les faits réels, l'initiative de l'île d'Hatoma d'offrir un accueil à des jeunes en rupture de ban a rencontré un réel succès. Même s'il s'agit d'une adaptation romancée, vous n'en serez pas surpris si vous prenez le temps de faire cette balade sur l'île de Ruri.


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8/10 : Somehow I really enjoyed that one. Personal fave.


Official Site
The complete details about Ruri no Shima on drama-wiki
Ruri no Shima with English subs

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