

Take Seiji, frais émoulu de l'université, ne cache pas son incrédulité devant un certain nombre de règles implicites de la vie en entreprise au Japon, que ce soit la déférence obséquieuse envers la hiérarchie, les étranges séances de "team building", ou les interminables pots de fin de journée. Au bout de trois petits mois, il démissionne donc mais ne parvient pas à retrouver un travail stable et doit donc se contenter de petits boulots. En conflit ouvert avec un père autoritaire et méprisant, Seiji traîne son spleen en laissant sa mère pourvoir à ses besoins, jusqu'à ce que celle-ci ne se trouve plus en état de le faire, le plaçant ainsi dans l'obligation de réagir. Après quelques essais malheureux, il se retrouve sur un chantier autoroutier à transporter des brouettes de cailloux ou étaler du bitume fumant et y fait la rencontre d'une jeune femme aussi déterminée que lui-même est indécis, sans idée ni ambition.


Ainsi, Freeter, Ie o Kau, en dépit de son titre, ne parle pas réellement des "freeters", mais préfère se pencher sur le difficile apprentissage de l'âge adulte par Seiji et les relations au sein de la cellule familiale. Le premier point faisant osciller le téléspectateur entre sentiment de déjà-vu et légère irritation devant le sempiternel triptyque "faute personnelle / intégration au collectif / gambarimasu", on se penchera de préférence sur le second. Pour ce faire, il me faut passer en revue les différents protagonistes, en espérant qu'on me pardonnera ce procédé façon listing.
Le père, Take Seiichi, m'a beaucoup intéressé. Maître de maison tyrannique, il traite sa femme comme une servante et, puisqu'elle est la seule responsable de la maison en l'absence du mari, occupé à gagner l'argent du foyer, il lui reproche la conduite de son fils. Il peut d'autant moins faire preuve de compréhension vis-à-vis de celui-ci que le refus de Seiji s'apparente à une critique du système professionnel auquel lui-même a consacré toute sa vie, mais est également ressenti comme une terrible ingratitude envers des parents qui se sont évertués à l'élever pour en faire un bon petit Japonais.

La mère, Take Sumiko, se trouvera, par la force des choses, limitée dans son rôle de femme au foyer typique, mais les évènements liés à ce personnage s'expriment d'eux-mêmes pour dévoiler la situation déplorable dans laquelle peuvent se retrouver ces femmes abandonnées à elles-mêmes. L'absence d'un mari qui se consacre pleinement à son emploi, l'oblige à porter seule le poids du foyer dans toutes ses facettes: éducation des enfants, tenue de la maison, voisinage...
La situation de la fille aînée, mariée au directeur d'une clinique, mère d'un petit garçon et tyrannisée par une belle-mère décidée à prendre en charge la formation de l'héritier du nom, est également intéressante. Les choix qu'elle doit faire pour l'éducation de son enfant trouvent un écho très bien vu dans la relation de la voisine des Take avec son propre fils, jeune avocat brillant mais peu charitable avec ses congénères humains et franchement vindicatif envers sa génitrice.

Ces quelques personnages, les situations auxquelles ils se trouvent confrontés, et ce qu'ils disent ainsi de la société japonaise, constituent le réel point d'intérêt de Freeter, Ie o Kau. Le reste des intervenants, le scénario, l'histoire de l'héroïne, etc. n'offrent rien de bien original et je ne m'y attarderai donc pas sinon pour dire que l'ensemble du casting a joué fort honnêtement son rôle, Nino compris. Je dois avouer, pour l'anecdote, que j'ai quand même supplié le ciel à chaque épisode de m'épargner la vision d'un baiser entre la superbe Karina et le nain. Je laisse à chacun le soin dé vérifier si la prière constitue une ressource efficace dans ce genre de situation.

Que dire pour conclure sur cette série? Comme je pense l'avoir expliqué, Freeter, Ie o Kau ne manque pas d'intérêt par l'éclairage qu'il offre sur la cellule familiale japonaise et les conséquences du modèle social japonais sur celle-ci. Pour autant, j'ai été quelque peu déçu de ne pas voir le drama aborder pleinement la problématique des "freeters" sinon pour en faire des adulescents en crise de croissance. Par ailleurs, aussi bien l'histoire de l’héroïne que les leçons de vie généreusement dispensées à Seiji sur son chantier m'ont plutôt fait bailler tant elles sentent le réchauffé. Tout cela est bien mignon et moralisateur comme il faut et je dois avouer que je sature un peu s'agissant de ces lieux communs. En conséquence de quoi, la note finale sera sans doute un peu dure, mais témoigne d'une déception à la hauteur de mon attente pour un grand drama de société, ce que Freeter, Ie o Kau échoue à être.
---


6/10 : That wasn’t too bad, I guess. But never worth a rewatch.
Official Site
The complete details about Freeter, Ie o Kau on drama-wiki
Freeter, Ie o Kau with English subs
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire