Lorsqu'on demande aux adultes d'évoquer leurs meilleures années, bon nombre parlent de leur époque estudiantine comme d'une ère de liberté, soulagée de la tutelle parentale et pas encore affectée des responsabilités d'un foyer, et donc propice à vivre toutes les aventures humaines avec l'énergie de nos vingt ans. Ce sont ces moments-là, et un peu plus encore, qu'Orange Days nous propose de revivre le temps de quelques épisodes.
Il est vrai qu'il ne faut pas beaucoup de temps pour se replonger avec délice et nostalgie dans cette époque! L'énergie et l'enthousiasme qui se dégagent de la joyeuse bande portée à l'écran sont indéniablement contagieux. Kai (Tsumabuki Satoshi), Sae (Shibasaki Kou), Shohei (Narimiya Hiroki), Akane (Shiraishi Miho) et Keita (Eita) portent chacun leur caractère, leurs espoirs, leurs peurs, leurs envies et recréent fidèlement cette ambiance si particulière, propre aux années universitaires. Bien évidemment, série japonaise grand public oblige, tout cela reste très contrôlé et certains excès sont pudiquement passés sous silence, sans vraiment nuire à la crédibilité de l'ensemble. En leur compagnie, on revit cette légèreté, cette énergie, cette camaraderie franche et totale - nos amis ne sont-ils pas alors ce que nous avons de plus précieux? -, ces amours dont on ne sait pas encore s'ils ne seront qu'une passade ou le prélude d'une longue histoire... Ce dernier exemple illustre d'ailleurs la transition que représente cette époque entre l'insouciance juvénile et les premières incursions des responsabilités qui s'abattront dans peu de temps sur ces étudiants. Entre un week-end entre amis et des amourettes maladroites, on suit ainsi tout au long de ce drama intimiste les interrogations sur leur avenir de ces futurs actifs.
En somme donc, il ne manque rien à cette reconstitution de "nos meilleures années" et on aurait probablement pu en rester à cette immersion nostalgique. C'eut été mal connaître Kitagawa Eriko, scénariste spécialisée dans les drames amoureux, pour le meilleur (Long Vacation, Beautiful Life, Sora Kara Furu Ishioku no Hoshi) et pour le pire (Tatta Hitotsu no Koi). En l'espèce, le personnage destiné à émouvoir les cœurs les plus endurcis est celui de Sae, une jolie étudiante en musique atteinte de... surdité. Et il faut avouer que ledit personnage est particulièrement réussi! Là où on pouvait craindre une énième resucée du pauvre être malade mais plein de courage, l'excellente Shibasaki Kou campe une jeune femme rebelle, parfois jusqu'à la vulgarité, déchirée entre une normalité apparente et un handicap omniprésent. Sae peut paraître caractérielle, mais en vérité elle porte en elle une colère profonde et violente contre sa condition, une rage qui explose à chaque occasion où sa surdité lui est renvoyée au visage. Récemment atteinte par cette infirmité, la jeune violoniste de talent ne supporte pas ce qu'elle considère comme une déchéance. Si elle se bat parfois courageusement, cette colère n'est finalement jamais loin, d'autant plus que sa vision d'elle-même exacerbe sa susceptibilité. Que peuvent lui vouloir ceux qui l'approchent? Quel regard posent-ils sur elle? Est-ce une pitié qu'elle hait ou une réelle affection? Paradoxalement, Sae se comporte en animal sauvage avec ses proches alors même que sa plus grande peur est l'isolement dont sa surdité la menace.
Ce personnage vrai offre indubitablement une dimension supplémentaire à Orange Days. Une fois encore, Kitagawa Eriko montre une compréhension d'une surprenante finesse des personnes affligées d'un handicap. Il est donc d'autant plus regrettable qu'elle n'ait pas su faire l'économie de certains revirements amoureux totalement "clichés". Fort heureusement, ils ne suffisent pas à gâcher l'excellent moment qu'Orange Days propose à tous ses téléspectateurs.
Je ne serais pas complet sans relever que, corrélativement à l'héroïne atteinte de surdité, le langage des signes japonais devient au fil des épisodes un élément extrêmement fort de la série, quasiment un personnage à part entière. Enfin, pour accompagner un drama consacré à de jeunes adultes, il était indispensable de proposer une bande son en phase avec son temps et c'est notamment le cas via le pêchu Shanghai Honey interprété par... Orange Range.
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8/10 : Somehow I really enjoyed that one. Personal fave.
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Orange Days with English subs