jeudi 11 février 2010

Proposal Daisakusen

Si tant est que mes précédentes chroniques m’aient valu une certaine crédibilité, mon intérêt pour cette série pourrait bien lui porter un coup assez rude. L’exercice consistant à expliquer pourquoi j’ai apprécié Proposal Daisakusen s’annonce délicat, mais je vais tâcher de relever le défi: aux éventuels lecteurs de juger.

Mon appréhension repose naturellement sur la présence en têtes d’affiche de Yamashita Tomohisa (dans le rôle de Ken) et Nagasawa Masami (dans celui de Rei), jeunes acteurs extrêmement populaires auprès du public adolescent mais assez largement – et justement – décriés par les amateurs de dramas de qualité. Il est vrai qu’ils sont plus habitués à remporter des concours de popularité que des récompenses pour leur jeu d’acteur. Il faut ajouter à cela que le scenario de Proposal Daisakusen repose également sur un élément peu crédible quoique original, à savoir le voyage dans le temps. En effet, le jour du mariage de son amie d’enfance, dont il est amoureux de longue date, le malheureux Ken se voit proposer par une fée masculine (sic) de remonter dans le temps pour lui avouer ses sentiments et la conquérir.

NB : Même si j’entends limiter au maximum les indices sur le déroulement de la série, ceux qui voudraient la regarder hors de toute autre indication sont invités à ne pas lire la suite.


Ainsi va-t-on suivre à chaque épisode l’envoi de Ken vers un moment marquant de sa relation avec Rei et ses efforts désespérés pour faire comprendre à celle-ci l’amour qu’il lui porte. Evidemment, la série n’aurait pas de raison d’être si, dès son premier voyage dans le temps, notre jeune héros faisait sa déclaration de but en blanc et décrochait le cœur de sa belle. Au fil des voyages pourtant, une certaine frustration pourra poindre d’autant plus que Rei est visiblement entichée de celui-ci et en attente de ladite déclaration. Pour autant, sans doute en partie grâce à son attitude de poseur si commune aux Johnnies, Yamapi incarne bien son personnage introverti, un peu hâbleur mais fondamentalement timide et peu communicatif. Dès lors, on comprend mieux son envie de montrer ses sentiments par des actes plutôt que par des mots, d’autant plus que les scènes du passé où il se retrouve projeter sont généralement synonymes de moments où il a blessé sa promise. Et le voici donc courant en toute hâte pour rattraper ses erreurs passées et marquer son intérêt profond pour Rei… sans jamais en tirer une leçon pourtant de plus en en plus évidente : parfois, quelle que soit sa peur du rejet, il faut oser les mots.
Et c’est bien là que, pour le téléspectateur frustré d’une situation qui se répète, le bât finit par blesser… jusqu’à cet épisode salvateur survenant au milieu de la série. Si Ken ne semble pas avoir tiré d’enseignements de ses échecs, sa psychologie va, elle, évoluer de façon beaucoup plus crédible. D’une première chance saisie à bras le corps, il va petit à petit être logiquement gagné par le découragement, le refus et le désespoir jusqu’au point où son renvoi dans le temps finit par ressembler à un jeu cruel et poignant de l’être féérique. Jusqu’à quel point peut-on supporter de rouvrir ses blessures avant de céder au renoncement?

Peut-être est-ce là que se situe la morale de Proposal Daisakusen. Qui ne rêverait de remonter le temps pour corriger des moments de sa vie : un mauvais mot, un vilain geste, un instant raté, une décision néfaste? Mais serait-ce vraiment la solution? Même en écartant les superstitions sur la prédestination, nous sommes aussi la somme de nos échecs et des leçons que nous en avons tirés. Sans doute, aussi difficile que ça puisse être, faut-il aussi apprendre à ne pas regretter le passé pour se satisfaire de l’infinie possibilité du présent. Aussi évident que cela semble à écrire, encore faut-il être capable de le faire. Une dernière leçon? Peut-être tout bêtement savoir saisir les occasions quand elles se présentent.


Avant de conclure, je dirai également un mot sur la romance, en forme de négatif, entre deux personnages secondaires. Amoureux d’Eri (Eikura Nana), qui ne lui porte aucune attention, Tsuru (Hamada Gaku) ne cesse de lui clamer ses sentiments en toute occasion : comique dans son rôle de gnome bondissant, il ne sera pas moins parfois touchant et cette histoire parallèle se suit avec un intérêt amusé mais certain. A noter également que le « Special » qui suit la série vaut pour une fois d’être vu, attendu qu’il donne une conclusion sympathique à ceux qui ne se satisferaient pas de celle donnée par le drama lui-même.

Et ainsi, malgré toutes les critiques, pour une part justifiées, sur le jeu des acteurs, la difficile alchimie du couple vedette, la passivité de Rei ou encore la répétition de certains épisodes, Proposal Daisakusen mérite qu’on lui donne sa chance tant pour son originalité que pour sa qualité croissante au fil d’épisodes teintés d’un parfum doux-amer.


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7/10 : At least worth checking out..



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mercredi 27 janvier 2010

Bara no nai Hanaya

La simple compréhension du titre de cette série donnera aux japanophones une longueur d'avance pour comprendre que le thème de ce drama ne porte pas sur les violences exacerbées en milieu urbain. Quoique? Les séries à l'eau de rose, sans mauvais jeu de mots, reposent souvent sur des personnages portant en eux leur lot de souffrances.

En l'occurence, Bara no nai Hanaya nous propose de suivre l'histoire d'un père et de sa fille vivant modestement du commerce de fleurs. La rencontre du premier, Shiomi Eiji (Katori Shingo), avec une ravissante aveugle, Shirato Mio (Takeuchi Yuko) , constitue l'amorce d'une réaction en chaine où l'amour, l'amitié et l'affection s'opposent à la mécanique implacable d'une terrible machination. Exprimé ainsi, les allergiques aux éditions Harlequin fuiront sans pousser plus loin leur intérêt. Et ils auront tort. Car ce drama ne manque pas de qualités, à commencer par son ambiance apaisante, presque bucolique, servant de décor aux nombreux rebondissements qui empêchent la série de se traîner sur un rythme désespérant. A noter en effet que, malgré une trame dont les éléments semblent des plus banals, le scénario en lui-même a étonnamment bien accroché le téléspectateur peu amateur de romance que je suis. L'essentiel, cependant, repose avant tout sur la richesse d'un casting de grande qualité.
A tout seigneur, tout honneur, le fleuriste interprété par Katori Shingo, sans doute pas le meilleur acteur des SMAP mais tête d'affiche de cette série, mérite qu'on s'y attarde. Shiomi Eiji représente l'exemple-type d'un personnage introverti au cœur généreux. Trop introverti et trop généreux en fait, au point que son désintéressement, son sens de la culpabilité et son don de soi remettraient quasiment en cause sa crédibilité. Existe-il vraiment de par ce monde des êtres aussi désintéressés, empathiques, généreux, capables de subir les pires coups et avanies sans jamais se rebeller? Cet excès dans la gentillesse finirait presque par passer pour une passivité face au destin, certes apparemment plus prégnante dans les sociétés asiatiques qu'occidentales, mais propre à exaspérer le téléspectateur. On s'attendrait presque à voir "O Hanaya-san" finir cloué sur une croix plantée sur le mont Fuji. Takeuchi Yuko (vu notamment dans Pride), pour sa part, réalise une prestation de très haute volée dans la peau d'un personnage aux multiples facettes. La fragilité de sa condition d'aveugle est particulièrement perceptible, mais son rôle déborde heureusement de ce cadre pour offrir une panoplie plus complète à son caractère. Toute une galerie de personnages secondaires fort bien joués vient enrichir l'univers de cette série, de la jolie maîtresse d'école (Shaku Yumiko) au jeune dilettante (Matsuda Shota), en passant par un père torturé (Miura Tomokazu) et une grand-mère de substitution (Ikeuchi Junko), sans oublier l'ami fidèle et de bon conseil (Terajima Susumu). A leurs mesures, tous sont touchants dans l'expression de leurs sentiments, ceux-ci s'exprimant notamment en réaction et à l'aune des actes du personnage principal.

Et puis, il y a Yagi Yuki au sujet de laquelle je me permets de soumettre la théorie suivante. Un jour, les scientifiques japonais ont réussi à synthétiser le concept, désormais répandu jusqu'en Occident, du "Kawaii" et à lui donner chair. Le fruit de leurs expériences s'appelle Yagi Yuki, l'arme absolue de la mignonitude. J'ai beau être relativement indifférent à la gagatisation qui frappe les personnes de ma génération vis-à-vis des enfants, je dois avouer qu'il est difficile de ne pas fondre devant la petite Shizuku, d'autant plus que les scénaristes ont pris le soin d'en faire un personnage doté d'un vrai caractère et apportant une réelle valeur ajoutée à la série.

Au final, comment juger Bara no nai Hanaya, entre un scénario prenant mais peu crédible et un casting talentueux mais conduit par une figure christique peu vraisemblable? Pour résoudre cette contradiction, je crois qu'il faut redonner à cette série son caractère de fiction. Il s'agit ni plus ni moins que d'une fable, destinée à nous toucher, ce pour quoi ce drama est parfaitement armé, voire à nous faire réfléchir. Sur ce dernier point, les coups du sort et les choix subséquents de Shiomi Eiji nous mettent en effet face à nous-mêmes, à nos petites lâchetés et renoncements, à ces demi-vérités que nous nous racontons parfois sur nous-mêmes. Bien sûr que nous ne sommes pas aussi bons, purs et généreux que lui! Le serions-nous que ce monde-ci ne nous épargnerait pas. Alors nous nous protégeons en gardant nos cœurs à distance: ne prenons pas le risque de souffrir! Pourtant - qui sait? - si nous avions un tout petit peu moins peur des épines... Peut-être que?


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7/10 : At least worth checking out.


mardi 19 janvier 2010

H2

L’expérience de mes précédentes chroniques démontre qu’il est souvent difficile de faire passer en quelques lignes les raisons qui font apprécier telle ou telle série. Voyons si l’exercice inverse est moins délicat en revenant sur H2, adaptation ratée du manga éponyme d’Adachi.

Adachi est un auteur à succès de shounen de qualité, bien qu’usant régulièrement des mêmes ficelles scénaristiques : le sport en toile de fond d’une romance entre adolescents. Se déroulant dans l’univers du base ball lycéen, H2 en constitue un exemple-type. Hiro, lanceur émérite, est amoureux d’Hikari, petite amie d’Hideo, batteur de renom dans le milieu lycéen, tous trois étant amis d’enfance. Au contact d’Haruka, Hiro tente d’emmener le club de base ball de son lycée vers les sommets. Les pièces de l’échiquier étant en place, ne reste plus au téléspectateur qu’à observer la partie se jouant à la fois sur le terrain et dans les cœurs.

J’apprécie personnellement beaucoup les manga d’Adachi, notamment pour son style humoristique fondé sur un comique de situation et la légèreté, tout en même temps que la profondeur, avec lesquelles il traite des sentiments de ses personnages, tant envers leur passion pour le sport que pour l’élu de leurs cœurs. Souvent économe en textes, Adachi laisse parler ses personnages par leurs actes plutôt que par de longs discours. Pour faire passer leurs émotions au lecteur, il faut naturellement des personnages crédibles et attachants. Et c’est bien là que le bas blesse dans la transposition d’H2 à l’écran. Yamada Takayuki (Hiro) est stupéfiant d’inexpressivité. Tanaka Koutaro (Hideo) et Ichikawa « tête de souris » Yui (Haruki) ne font guère mieux et il est difficile de percevoir la moindre alchimie entre ces trois personnages. Ishihara Satomi (Haruka), interprétant une jeune manager ingénue et maladroite, tire un peu mieux son épingle du jeu mais le classicisme de son second rôle ne lui donne certainement pas les moyens de rattraper le ton monocorde imposé par le trio de tête.

Quizz: Hiro a) va lancer la balle de la victoire, b) voit Haruki embrasser langoureusement Hideo dans les tribunes, c) se dit qu'il devrait aller chez le coiffeur, d) apprend que son personnage est supprimé du casting

On m’a récemment fait remarquer, à raison, que je consacre beaucoup de place à la description des personnages dans mes chroniques. Rien n’est plus vrai et pour une bonne raison. Certes, je reconnais faire parfois preuve d’un soupçon de fan attitude (KimuTaku…), mais, pour l’essentiel, si j’accorde autant de place aux acteurs c’est avant tout parce qu’ils sont l’ingrédient majeur et indispensable à la réussite d’une série. Sur une formule souvent brève (7 à 11 épisodes), ils ont la lourde tâche de faire entrer le téléspectateur dans l’univers où ils sévissent. Leur capacité à générer de l’empathie pour leurs personnages et à nous immerger dans l’histoire, constituent pour moi l’élément fondamental de la réussite d’une série, avant même la qualité du scénario ou de la réalisation. Tel ne sera peut-être pas l’avis d’autres amateurs de séries télévisées, mais là intervient toute la subjectivité du chroniqueur.

En l’occurrence, les acteurs principaux de H2 ont largement échoué à m’entraîner dans leurs aventures. Le bon rendu des matchs de base ball ou les tentatives de certains personnages secondaires pour renouer avec l’humour d’Adachi n’ont pas suffi à atténuer la monotonie de cette série. Dommage...


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4/10 : The question is: for how many episodes will YOU be able to stand it?

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mercredi 6 janvier 2010

Beach Boys


Alors que l'hiver nous étreint de ses bras glacés, pourquoi ne pas se réchauffer un peu avec un drama estival? La plage, les barbecues, les bières devant le soleil couchant et la mer en toile de fond du récit d'une longue pause, d'une respiration profonde dans un monde étouffant.

Beach Boys, c'est un fantasme, un désir ressenti par tous à un moment ou un autre, cette envie de tout envoyer balader pour profiter de la vie avec insouciance, sans plus se préoccuper de l'avenir ou du qu'en dira-t-on. Qui n'a jamais eu l'impression d'être happé par la vie comme par un tourbillon sans fin? Ecole, études, travail, responsabilités, tout semble parfois s'enchaîner sur un rythme effréné, vite, si vite... Pause!

Kaito (Takenouchi Yutaka) est un jeune cadre brillant travaillant pour une multinationale et que la vie semble avoir comblé de ses bienfaits. Son premier échec professionnel l'incite à prendre quelques jours de repos dans une pension isolée en bord de mer. A l'inverse, Hiromi (Sorimachi Takashi) est un parfait dilettante, sans emploi et vagabond depuis que sa petite amie, lasse de l'entretenir, l'a mis à la porte, ce qui n'entame en rien son intarissable joie de vivre. La rencontre de deux personnalités aussi contrastées ne pouvait naturellement que faire des étincelles avant que l'addition des contraires ne débouche sur une belle histoire d'amitié. Rien de plus classique, certes! Et pourtant, comment ne pas suivre les aventures de ce duo improbable sans un immense sourire aux lèvres? Le charisme de ces acteurs est indéniable, d'autant plus qu'on est ici loin des androgynes aseptisés et infantiles jetés en pâture aux adolescentes japonaises à l'heure actuelle. Attention! Quand on évoque Takenouchi Yutaka et Sorimachi Takashi, on parle de vrais purs mâles japonais, estampillés 100% beaux gosses, tout en fines musculatures, bronzages et lunettes de soleil. Ces dames sont prévenues.

Il faut également souligner la performance, tout en authenticité, des rôles secondaires, à commencer par Hirosue Ryoko interprétant la jeune Makoto, lycéenne saisie par les premiers émois de l'adolescence. A noter également la toujours pétillante Inamori Izumi (Haruko), dans un rôle de grande sœur capable d'être aussi sage que délurée. Le personnage de Masaru (Mike Maki), grand-père de Makoto et propriétaire de la pension où s'agite tout ce beau monde, mérite également quelques mots. Là où on attendait seulement la traditionnelle figure paternelle dispensatrice de bons conseils, le scénariste (Okada Yoshikazu) en profite pour nous rappeler que l'envie de faire le point sur sa vie, d'effacer ses regrets et de se lancer de nouveaux défis, peut frapper à tout âge.


Faut-il dès lors considérer Beach Boys comme une série dispensatrice d'une leçon de vie, sans doute un peu facile et finalement peu originale? Si on s'en tient au scénario et au thème propre à chaque épisode, c'est sans doute le constat qu'on pourra en faire. Mais ce serait à vrai dire juger ce drama sous le mauvais angle. En vérité, et je ne le dirais certainement pas d'une autre série, peu importent l'histoire et son déroulement, ses rebondissements et la morale à en tirer. Au passage, peu importe également que ce drama date de 1997 et que cela se sente dans la qualité de la réalisation. Il offre à ses téléspectateurs un cadeau rare: en nous racontant l'histoire d'une pause, Beach Boys nous en crée une, aussi brève et artificielle soit-elle. Si facilement immersive, il s'agit en effet, à mon goût, de la série la plus rafraîchissante qu'il m'ait été donné de voir. Si je ne devais en souligner qu'un défaut majeur, toute pudeur mise part, c'est la mélancolie qui m'a saisie lorsqu'au terme des douze épisodes, j'ai réalisé à quel point Kaito et Hiromi allaient me manquer...

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9/10 : If you don’t watch this, you’ll regret it for the rest of your life.



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dimanche 13 décembre 2009

Last Friends



Il est des séries dont le sujet est si dur qu’il semble impudique de dire qu’on les a aimées. Pourtant, Last Friends est sans conteste l’un des meilleurs dramas parus en 2008, comme en témoignent les nombreuses récompenses glanées ici ou là.

Last Friends parle de violences - violence des sentiments, violence des rapports sociaux, violence physique - visibles dès un générique (chanté par Utada Hikaru) où les principaux protagonistes exposent une souffrance qui ne va pas sans occasionner quelques frissons. Les destinées et les amours de ces personnages se croisent et s’entrechoquent, chacun portant en lui les éléments d’un mal être dévoilé au fil des épisodes. Ruka (Ueno Juri) est ainsi une jeune femme indépendante et volontaire, arborant un style de garçon manqué qui ne masque pas sa répulsion pour sa propre féminité. Pour autant, elle ne manque pas d’attirer Takeru (Eita), jeune coiffeur à l’air sensible, voire efféminé, et empathique mais incapable d’exprimer ses sentiments à l’égard de l’autre sexe. Eri (Mizukawa Asami), quant à elle, semble disposer de tous les arguments pour trouver facilement chaussure à son pied, mais ne parvient pourtant pas à s’extirper d’une situation amoureuse délicate. Ces trois-là, partageant une même colocation, vont se trouver mêler au drame, si peu exposé et pourtant malheureusement si commun, de la violence domestique, en l’occurrence celle exercée par Sousuke (Nishikido Ryo) à l’égard de sa compagne Michiru (Nagasawa Masami). L’insoutenable relation régissant les rapports de ce couple constitue en effet le pivot de cette série.


Dès lors, tout l’enjeu de ce drama est de soumettre aux téléspectateurs un maximum d’éléments pour tenter de comprendre ce qui peut conduire un homme à frapper sa femme et celle-ci à supporter ce martyr. Comment le sentiment amoureux peut-il se trouver perverti au point d’user de violences à l’égard d’un être qu’on prétend aimer désespérément ? Peur ? Folie ? En dépit des efforts du scénariste pour exposer la complexité des motivations du bourreau et de sa victime, je ne suis toujours pas certain de parvenir à comprendre l’inacceptable. Mon rejet de la domination abusive du fort sur le faible est sans doute trop fort. A cet égard, il me faut dire un mot sur la prestation de Nishikido Ryo. Un débat a secoué les amateurs de dramas pour déterminer si son inexpressivité relevait de la pauvreté de son jeu d’acteur ou répondait aux exigences d’un personnage introverti capable d’explosions d’une rare violence. Je n’ai personnellement pas de réponse définitive à ce sujet, mais, au fil des épisodes, son apparition à l’écran a fait naître en moi une authentique répulsion. Dès lors, on peut conclure que sa prestation fut une solide réussite en ce qui me concerne. A contrario, mon empathie pour le personnage de Michiru fut plus limitée, la faute sans doute à un manque de profondeur voire une fadeur de ce personnage commun, effacé et sans charisme. Tout le contraire d’une Ueno Juri qui, une fois de plus, crève l’écran dans un rôle complexe à la hauteur de son talent. Bonne mention également pour Eita qui parvient à tirer son épingle du jeu derrière les rôles-titres.

C’est d’ailleurs là que réside le principal regret à l’égard de cette série. Au terme de ce drama, on regrettera que les situations personnelles des personnages secondaires n’aient pas été d’avantage développées. Il y a là une absence de prises de risques au moment de parler de sujets forts et peu visibles dans la production télévisuelle, que ce soit l’homosexualité, la pédophilie ou l’inceste. Certes, le trop est l’ennemi du bien, mais ce regret est d’autant moins diffus qu’on ne peut manquer de se poser la question si la production n’a pas privilégié la problématique des violences domestiques pour répondre à un voyeurisme malsain de leur audience (comme nombre d’éléments parus dans la presse de l’époque laissent à le penser). Ceci étant, appuyée par un excellent casting, cette série a au moins le mérite d’exposer un phénomène social qui se cache habituellement avec bonheur loin des lumières médiatiques. Aussi futil que ça puisse paraître, y réfléchir est déjà un début.


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8/10 : Somehow I really enjoyed that one. Personal fave.



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dimanche 15 novembre 2009

Now Open

En toute simplicité, pourquoi ne pas confier à la plus talentueuse des actrices de drama le soin d'accueillir de (très) éventuels visiteurs? D'Orange Days à Last Friends, en passant par Engine et l'extraordinaire Nodame Cantabile, Ueno Juri n'a eu de cesse de surprendre par sa capacité à interpréter avec brio des rôles exigeants. Nul doute que celui d'hôtesse d'accueil ne lui posera pas le moindre problème, si ce n'est par sa modestie.

samedi 14 novembre 2009

Medaka


Voici sans doute le plus sous-estimé et le plus original des school dramas. Quoi ? Encore une histoire de gamins à problèmes sauvés pas les méthodes miraculeuses d’un prof déjanté et/ou d’amourettes adolescentes? Raté! Mais je dois reconnaître avoir posé un piège en parlant de « school dramas ». Si le cadre de l’action se déroule bien dans un environnement scolaire, Medaka s’apparente bien plus à la chronique sociale d’un autre Japon, bien moins mis sous le feu des projecteurs: celui des humbles, des ratés, des marginaux, des exclus…

Faute de trouver mieux, la jeune Takako Meguro (Mimura), dite « Medaka », échoue à un poste d’enseignante en cours du soir. Dans sa petite classe, la moitié des élèves sont plus âgés qu’elle et vivent de petits boulots. A l’image de leur jeune professeur, eux-mêmes ne savent pas bien ce qu’ils viennent faire là. Tout juste placent-ils confusément quelques faibles espoirs que ces cours puissent les aider à dépasser les handicaps que la vie leur a donnés. L’encadrement de cette école de nuit lui-même fait preuve d’une motivation toute relative à l’égard de ses étranges élèves. Dans cette morosité ambiante, Medaka, timide et balbutiante, ne semble pas la plus à même de faire basculer le cours des choses. Pourtant, en s’impliquant de manière plus ou moins imprévue dans la vie de ses étudiants et sans jamais apporter de solutions miraculeuses, elle va les amener à se rappeler leurs motivations à assister à ces cours du soir… et par là-même faire découvrir aux téléspectateurs le revers d’un Japon engoncé dans un cadre social qui semble parfois bien contraignant.

Ainsi, chaque épisode est l’occasion de découvrir l’un de ces élèves, joués par des seconds rôles pétris de talent. Devenu depuis une star confirmée, on retrouve avec plaisir Eita dans le rôle de Sakuragi Taku, jeune ouvrier, obligé de sacrifier ses études pour assurer ses revenus. A ses côtés, on suit avec empathie les destins de Kawahara (Sudo Kira), serveuse de cabaret élevant seule son enfant, Takasugi (Hiraoka Yuta), élève brillantissime mais récemment atteint d’hikikomori, Yoshizumi (Kuroki Meisa - attention les yeux !), en rupture avec le milieu scolaire, Kariya (Izumiya Shigeru), modeste artisan frustre et braillard, Oyamada (Yamazaki Shigenori), pseudo-délinquant au grand cœur, ou encore Taneda (Kohinata Fumiyo), petit salarié effacé et méprisé par tous. Si cette énumération de personnages peut paraître fastidieuse, elle n’en est pour autant ni exhaustive ni superflue car ce sont vraiment les personnages secondaires qui font de Medaka une série d’une belle authenticité.

Certes, on n’échappe pas à la récurrence de scènes un peu faciles, voire à des clichés, et le sourire bêta de jument de Mimura risque de réveiller le téléspectateur certaines nuits en frissonnant, mais l’ensemble se suit avec plaisir et intérêt. En levant le voile sur la difficulté de certains Japonais à s’inscrire dans un modèle social qui structure intensément la société nipponne, cette série apporte un vent de fraicheur sur des schools dramas bien souvent d’un classicisme navrant.

Je ne serais par ailleurs pas complet si je n'invitais à écouter l’excellent générique de la série, Masayume de SPITZ.


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7/10 : At least worth checking out.