mercredi 27 janvier 2010

Bara no nai Hanaya

La simple compréhension du titre de cette série donnera aux japanophones une longueur d'avance pour comprendre que le thème de ce drama ne porte pas sur les violences exacerbées en milieu urbain. Quoique? Les séries à l'eau de rose, sans mauvais jeu de mots, reposent souvent sur des personnages portant en eux leur lot de souffrances.

En l'occurence, Bara no nai Hanaya nous propose de suivre l'histoire d'un père et de sa fille vivant modestement du commerce de fleurs. La rencontre du premier, Shiomi Eiji (Katori Shingo), avec une ravissante aveugle, Shirato Mio (Takeuchi Yuko) , constitue l'amorce d'une réaction en chaine où l'amour, l'amitié et l'affection s'opposent à la mécanique implacable d'une terrible machination. Exprimé ainsi, les allergiques aux éditions Harlequin fuiront sans pousser plus loin leur intérêt. Et ils auront tort. Car ce drama ne manque pas de qualités, à commencer par son ambiance apaisante, presque bucolique, servant de décor aux nombreux rebondissements qui empêchent la série de se traîner sur un rythme désespérant. A noter en effet que, malgré une trame dont les éléments semblent des plus banals, le scénario en lui-même a étonnamment bien accroché le téléspectateur peu amateur de romance que je suis. L'essentiel, cependant, repose avant tout sur la richesse d'un casting de grande qualité.
A tout seigneur, tout honneur, le fleuriste interprété par Katori Shingo, sans doute pas le meilleur acteur des SMAP mais tête d'affiche de cette série, mérite qu'on s'y attarde. Shiomi Eiji représente l'exemple-type d'un personnage introverti au cœur généreux. Trop introverti et trop généreux en fait, au point que son désintéressement, son sens de la culpabilité et son don de soi remettraient quasiment en cause sa crédibilité. Existe-il vraiment de par ce monde des êtres aussi désintéressés, empathiques, généreux, capables de subir les pires coups et avanies sans jamais se rebeller? Cet excès dans la gentillesse finirait presque par passer pour une passivité face au destin, certes apparemment plus prégnante dans les sociétés asiatiques qu'occidentales, mais propre à exaspérer le téléspectateur. On s'attendrait presque à voir "O Hanaya-san" finir cloué sur une croix plantée sur le mont Fuji. Takeuchi Yuko (vu notamment dans Pride), pour sa part, réalise une prestation de très haute volée dans la peau d'un personnage aux multiples facettes. La fragilité de sa condition d'aveugle est particulièrement perceptible, mais son rôle déborde heureusement de ce cadre pour offrir une panoplie plus complète à son caractère. Toute une galerie de personnages secondaires fort bien joués vient enrichir l'univers de cette série, de la jolie maîtresse d'école (Shaku Yumiko) au jeune dilettante (Matsuda Shota), en passant par un père torturé (Miura Tomokazu) et une grand-mère de substitution (Ikeuchi Junko), sans oublier l'ami fidèle et de bon conseil (Terajima Susumu). A leurs mesures, tous sont touchants dans l'expression de leurs sentiments, ceux-ci s'exprimant notamment en réaction et à l'aune des actes du personnage principal.

Et puis, il y a Yagi Yuki au sujet de laquelle je me permets de soumettre la théorie suivante. Un jour, les scientifiques japonais ont réussi à synthétiser le concept, désormais répandu jusqu'en Occident, du "Kawaii" et à lui donner chair. Le fruit de leurs expériences s'appelle Yagi Yuki, l'arme absolue de la mignonitude. J'ai beau être relativement indifférent à la gagatisation qui frappe les personnes de ma génération vis-à-vis des enfants, je dois avouer qu'il est difficile de ne pas fondre devant la petite Shizuku, d'autant plus que les scénaristes ont pris le soin d'en faire un personnage doté d'un vrai caractère et apportant une réelle valeur ajoutée à la série.

Au final, comment juger Bara no nai Hanaya, entre un scénario prenant mais peu crédible et un casting talentueux mais conduit par une figure christique peu vraisemblable? Pour résoudre cette contradiction, je crois qu'il faut redonner à cette série son caractère de fiction. Il s'agit ni plus ni moins que d'une fable, destinée à nous toucher, ce pour quoi ce drama est parfaitement armé, voire à nous faire réfléchir. Sur ce dernier point, les coups du sort et les choix subséquents de Shiomi Eiji nous mettent en effet face à nous-mêmes, à nos petites lâchetés et renoncements, à ces demi-vérités que nous nous racontons parfois sur nous-mêmes. Bien sûr que nous ne sommes pas aussi bons, purs et généreux que lui! Le serions-nous que ce monde-ci ne nous épargnerait pas. Alors nous nous protégeons en gardant nos cœurs à distance: ne prenons pas le risque de souffrir! Pourtant - qui sait? - si nous avions un tout petit peu moins peur des épines... Peut-être que?


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7/10 : At least worth checking out.


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