jeudi 22 septembre 2011

Shiroi Haru

Parler d'un drama au titre ouvertement printanier au moment où l'automne commence... après tout, pourquoi pas? Il n'y a jamais de mauvais moment pour raconter une belle histoire et applaudir un grand talent.

A vrai dire, les deux se confondent puisque cette histoire est d'abord celle d'un homme, Sakura Haruo, incarné par ce fabuleux acteur qu'est Abe Hiroshi (Trick, At Home Dad, Dragon Zakura, Kekkon Dekinai Otoko, CHANGE, Saka no Ue no Kumo, Shinzanmono). Après 9 années passées en prison, Haruo découvre que Mariko (Konno Mahiru), la femme pour laquelle il a sacrifié sa liberté, est décédée de maladie. Alors que le crime qu'il a commis, en échange d'une forte somme d'argent, aurait dû permettre d'éviter cette issue funeste, Haruo noie son chagrin dans la colère. Sa fureur se dirige vers Murakami Yasushi (Endo Kenichi), un artisan boulanger qui semble avoir entretenu une relation avec Mariko au moment de son décès: lui aurait-il soutiré son argent, et donc condamnée à mort, pour ouvrir sa boutique? C'est dans ces circonstances qu'Haruo rencontre Sachi (Ohashi Nozomi), la fille de Murakami et qu'un lien étrange se noue entre eux.

Il m'arrive parfois de me demander si je dois vraiment réécrire un synopsis qu'on peut trouver facilement par ailleurs. Après tout, mes très rares lecteurs connaissent souvent l'histoire aussi bien que moi, aussi devrais-je peut-être me consacrer uniquement à la critique de la série et de ses acteurs? Pourtant ces brèves introductions sont bien utiles pour faire apparaître les thèmes principaux qui porteront la série, clairement ou en germes.

Parlons du plus visible d'abord. Ce drama dépeint avec acuité l'effondrement social résultant d'un séjour en prison. Pour une fois, et c'est à souligner, on évite le couplet lancinant de la honte indélébile du coupable pour se mettre à la place de l'ancien taulard et comprendre son isolement et sa misère. Haruo, dont l'avilissement est parfois montré de manière très crue, comme lors de la distribution de la soupe populaire, se retrouve au plus bas de l'échelle sociale, avec des chances de réinsertion minimales. C'est néanmoins parmi ces marginaux et ces exclus de la société qu'il retrouvera, en la personne de Nishida Shiori (Yoshitaka Yuriko), un peu de solidarité et de sympathie. Cette jeune fille taquine, qui lui offre un refuge, et la jeune Sachi seront, à des degrés divers, les deux artisans de l'évolution du personnage principal et, peut-être, de sa reconstruction.

Mais ces sentiments aimables ne suffisent pas pour étancher la soif de vengeance de Haruo. Sa revanche lui est d'autant plus nécessaire qu'elle apparaît comme la seule solution pour combler le vide de sa nouvelle vie. En fait, le personnage semble chercher une façon d'exorciser son impuissance à avoir pris soin de la femme qu'il aimait. En choisissant de commettre un crime et d'aller en prison, Haruo s'est condamné lui-même à l'absence et à l'inaction. Ce constat amer mais vrai lui sera constamment rappelé au fil de l'histoire et de ses rebondissements. Peut-on vraiment rattraper le temps perdu?

Une question d'autant plus cruciale qu'elle se trouve au cœur de l'affrontement entre Sakura Haruo et Murakami Yasushi. Je ne peux malheureusement trop m'y pencher sous peine de dévoiler l'intrigue, mais j'ai aimé la très grande justesse du scénario sur ce point et la crédibilité des deux acteurs. Qu'aurions-nous fait à la place de ces deux hommes? Shiroi Haru administre une leçon de vie sur le difficile équilibre à trouver entre ce qui semble bon, bien ou préférable et ce qui est juste. Le scénariste lui-même renonce d'ailleurs à délivrer son avis, comme le prouve un dernier épisode, que certains trouveront insatisfaisant mais qui a le mérite de laisser les téléspectateurs libres de leur propre opinion.

Pour porter cette histoire, il fallait donc un grand acteur et Abe Hiroshi, touchant, sincère, naturel, vrai, en un mot: excellent, relève le défi haut la main. Ce n'est pas un hasard, mais bien un hommage, si je le fais figurer sur chacune des illustrations. Il se trouve être très bien accompagné par un vieil habitué des caméras, Endo Kenichi, dans le rôle de Murakami, qui joue avec beaucoup de justesse cet homme ordinaire tiraillé entre ses envies et ses peurs d'une part, sa morale et sa conscience de l'autre. Un tiraillement partagé par sa belle-sœur, Takamura Tanako, interprétée sobrement par la toujours convaincante Shiraishi Miho (Orange Days, Densha Otoko). A contrario, n'est pas Yagi Yuki qui veut (cf. Bara no nai Hanaya), et la petite Ohashi Nozomi ne m'a pas toujours ému, mais fort heureusement sans réellement porter préjudice à son duo avec Abe Hiroshi. J'ai également apprécié les apparitions rafraichissantes de Yoshitaka Yuriko (Ashita no Kita Yoshio, Love Shuffle), interprétant la mutine Shiori, jeune fille espiègle à la recherche d'une figure paternelle protectrice. Globalement, le casting et l'ambiance créée par les acteurs sont convaincants. On a l'impression de traverser un moment extraordinaire de la vie finalement très ordinaire de gens qui le sont tout autant.

Il ne manque pas grand chose pour faire de Shiroi Haru un de ces dramas qui marquent durablement les amateurs du genre. A moins que, plutôt qu'un manque, il faille parler d'un trop plein, en l’occurrence d'un excès d'épisodes eu égard au scenario parfois monocorde. Le rythme lent et les développements prévisibles finissent en effet par desservir les sentiments nés du visionnage de cette série. Ceux-ci s'en trouvent dilués faute de scènes fortes capables de revitaliser une histoire qui s'étale, parfois mollement, sur onze épisodes. On ressort donc de ce drama en ayant eu l'impression de passer un moment agréable, mais sans cette émotion qui oblige à reprendre son souffle une fois l'écran éteint.

Le regret exprimé ici ne doit cependant pas détourner le téléspectateur du plaisir de s'offrir ces quelques jours de printemps, en excellente compagnie, sous les cerisiers en fleurs.


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7/10 : At least worth checking out.


Official Site
The complete details about Shiroi Haru on drama-wiki
Shiroi Haru with English subs

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