vendredi 17 août 2012

Nihon e yokoso (XIII)

Les Japonais s'y connaissent en attentions discrètes. Nous en avons eu la preuve tout au long de notre séjour, mais il n'est, bien entendu, pas évident de mettre en image cette gentillesse feutrée. En voici pourtant un témoignage: ce matin encore, avant de partir au travail, nos hôtes nous ont préparé un petit déjeuner alors que nous émergions des brumes de la nuit.


Après s'être apprêtés, direction la station la plus proche, Mizonokuchi, en direction de Shibuya, où nous faisons un petit passage au Loft, enseigne d'une chaîne de magasins proposant à peu près tout ce qu'il est possible d'imaginer en biens de consommation et d'équipement.



Direction ensuite le marché aux poissons de Tsukiji, le plus grand du monde, mais, à force de lanterner, nous arrivons alors que, éclairés par les néons du marché couvert, les marchands ont quasiment fini de remballer leurs marchandises. Victimes honteuses de notre flânerie, nous nous installons sur des chaises hautes devant l'une des nombreuses petites échoppes proches du marché et nous consolons devant un maguro donburi, forcément d'une fraîcheur confondante.





Après avoir emprunté le métro, le bus, le train, le shinkansen, il manquait un autre type de transports en commun à l'appel: le yurikamome, qui nous emmène vers l'île artificielle d'Odaiba. Ce faux monorail emprunte le fameux Rainbow Bridge, traversant sur 800m une partie de la baie de Tokyo. A notre arrivée sur Odaiba, nous sommes accueillis par un mecano géant qui se révèle n'être autre que le siège de Fuji TV, dessiné par Kenzo Tange, sans doute l'architecte japonais le plus connu de la planète. Depuis Odaiba, la vue sur Tokyo offre naturellement un joli panorama, mais nous avons aussi la surprise d'y retrouver une réplique inattendue de la Statue de la Liberté. Est-ce parce qu'il s'agit d'une réplique réduite que son nom a lui-même été raccourci en "Statue de Librte"?



 





Cela étant, il y a plus surprenant encore puisque se trouve sur cette île ouverte aux quatre vents, une réplique "à l'échelle" d'un robot Gundam. C'est peu dire qu'elle rencontre un vif succès, auprès d'ailleurs de toutes les générations. Peu importe en effet qu'on s'intéresse ou non à cet anime, il apparaît essentiel à tous les visiteurs du lieu d'en prendre une photo-souvenir, avant d'aller dépenser quelques billets dans les produits-dérivés vendus par le Gundam Café. Depuis notre passage par Akihabara, nous n'avons plus vraiment été en contact avec cette facette de la culture japonaise, alors que le monde du manga/anime/etc. en constitue une part non-négligeable. Comme beaucoup d'Occidentaux, c'est par le manga que nous avons eu nos premiers contacts avec le Japon, mais il faut avouer que, l'âge faisant, cet aspect-ci de la culture japonaise nous interpelle aujourd'hui moins que d'autres. Certains s'y intéressent plus que nous et j'en profite donc pour faire un peu de pub au guide de voyage Otaku Tōkyō isshūkan. Son auteur est un ami dont l'érudition sur la culture manga, sous un angle aussi bien artistique que sociologique, doit souffrir de peu de comparaisons en France (et au-delà).



 






Odaiba semble conçue comme un prototype de ville du futur. On y tente donc d'allier espaces verts, divertissements, logements, halls d'exposition, dont le vaste Zepp Tokyo, et même d'immenses bains publics baptisés Ooedo onsen.qui ne manquent pas de surfer sur le succès commercial du moment: Thermae Romae. Le centre commercial Venus Fort ne manque pas de surprendre le visiteur puisqu'il est aménagé de façon à ressembler à une ville italienne traditionnelle avec ses fontaines, son église, ses peintures et un plafond dont la luminosité change selon l'heure de la journée!











Nous nous rendons maintenant à Ginza, quartier huppé de Tokyo s'il en est. Pendant que monsieur se repose les pattes, mademoiselle jette un œil sur les rayons d'un immense Shiseido et les deux yeux sur les mannequins japonais bodybuildés d'Abercrombie... Je vous vois venir: non, pas de photo de ces derniers.



Retour à Shinjuku, crochet par le plus grand Uniqlo de la capitale nippone, puis nous prenons un macha tea latte au Starbucks local en attendant de revoir un ami, expatrié de longue date. Petite anecdote, le caissier entend toutes ses commandes répétées à tue-tête par deux serveuses, apparemment lancées dans un record du monde de synchronisation vocale. Amusant. Nous retrouvons l'ami en question à l'entrée Sud de la station et gagnons une izakaya bondée de salarymen, où le patron nous accorde deux heures de grignotage et de bières fraîches.


Parfaitement au fait des us et coutumes de la société japonaise, notre camarade expatrié nous offre un nouveau regard sur notre séjour en nous livrant un certain nombre de clés de compréhension. Exemple: si les Japonais, même dans une rame pleine à craquer, ne s'assoient pas à côté de nous dans le métro, s'ils nous évitent dans les onsen, ce n'est pas tant par dégoût des gaijin que par peur de se voir interpelés en anglais et de se couvrir de honte au cas où ils ne sauraient nous comprendre ou nous répondre. Il nous parle également de l'inquiétude muette d'une population tokyoïte qui, après les évènements du Tohoku de mars 2011, sent la menace se rapprocher, de cette seconde d'angoisse lorsque les alarmes sonnent en se demandant: "serait-ce LE tremblement de terre de Tokyo?". Bon nombre d'autres sujets sont évoqués et c'est à regret que nous devons mettre un terme à cet échange passionnant. Il ne nous reste plus qu'à rentrer pour notre dernière nuit au Japon.




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