samedi 20 novembre 2010

Kaze no Garden

Fin.

Entamer une chronique par ce terme pourrait paraître paradoxal. Pourtant, c'est bien de cela dont il s'agit dans Kaze no Garden : lorsque la fin arrive, que nous reste-il à faire ? Que peuvent ou doivent être nos derniers mots, nos derniers actes ?

Shiratori Sadami (Nakai Kiichi), anesthésiste réputé, se découvre atteint d'un cancer incurable. Sept ans plus tôt, son infidélité lui a fait perdre sa femme et ses deux enfants et lui a valu d'être banni par son propre père. Apprenant la nouvelle de sa maladie, Sadami se voit irrésistiblement poussé par l'envie de revoir les siens, comme un retour à l'essentiel après une vie pleine de légèreté. Bien que discret sur son état, collègues, amis, amantes ne tardent pas à se presser autour de lui, mais aucun d'eux n'est en mesure d'offrir à Sadami ce qu'il recherche au crépuscule de sa vie. Et d'ailleurs, de quoi s'agit-il : réconfort, rédemption, absolution ? Sans doute, au fond de son cœur, espère-t-il un peu de tout cela, mais ce besoin de retrouver sa famille semble toucher à quelque-chose de plus primal. Toutes les constructions d'une vie, professionnelles ou personnelles, s'effacent avec une radicalité frappante devant l'irrépressible envie de vivre ces instants, si précieux puisqu'ils sont les derniers, auprès de sa chair et de son sang, fut-ce même à leur insu. Ce sentiment est admirablement bien distillé aux téléspectateurs, avec ce mélange de finesse et de détermination propre aux (bons) dramas.

C'est d'ailleurs l'une des qualités de cette série, touchante mais pas larmoyante, de savoir traiter son sujet avec une retenue jamais prise en défaut. On pourrait être choqué de la faible place accordée à la douleur liée à un cancer en phase terminale, qui se trouve plus souvent évoquée que réellement montrée. On évite cependant ici l'écueil d'un voyeurisme malsain pour se concentrer sur les réflexions évoquées plus haut : d'un passé infâmant à la privation brutale de son avenir, que reste-il à Shiratori Sadami ? Parce qu'il atteint le terme de sa vie, le personnage principal se trouve mis à nu et obligé de s'interroger sur ce qui importe fondamentalement dans une existence. C'est sa réponse à ce questionnement qu'il fait partager intimement aux téléspectateurs.

Kaze no Garden ne se veut pas un documentaire sur la fin de vie, mais bien un drame familial et un objet de réflexion sur nos accomplissements et nos valeurs au regard de notre propre mortalité. Cette invitation à prendre le temps d'une pause pour réfléchir sur nous-mêmes s'avère d'autant plus persuasive que ce drama se déroule dans un cadre superbe et apaisant. Loin de sombrer dans une atmosphère lugubre et morbide, ce drama renvoie au contraire vers une réjouissante rusticité, parsemée de scènes d'une grande beauté. Par ailleurs, je limiterai mes reproches quant au rythme lent de cette série, ponctuée de moments forts mais qui jamais ne heurtent un cheminement volontairement paisible. Il y a comme une évidence paradoxale à donner du temps pour raconter l'histoire d'un homme auquel il en reste si peu.

Parlant de cet homme, il faut noter la très bonne prestation de Nakai Kiichi pour tenir ce rôle de séducteur vieillissant, d'un courage discret et d'une détermination seulement freinée par la honte de ses actes passés. Ogata Ken (Shiratori Keizo), dont ce fut le dernier rôle avant de décéder lui-même d'un cancer 4 jours avant la diffusion de Kaze no Garden, incarne avec une grande délicatesse ce grand-père dévoué et compatissant, obligé à une fermeté qui ne demande qu'à s'effacer devant l'amour et le pardon pour son fils prodigue. Kuroki Meisa (Shiratori Rui), pour sa part, poursuit sa progression vers une qualité d'interprétation qui devrait la voir devenir une actrice dont le physique ne l'emporte pas sur le talent. Enfin, il faut souligner la superbe performance de Kamiki Ryunosuke (Shiratori Gaku) qui incarne avec une véracité confondante un jeune garçon atteint d'un léger autisme.

Clairement, Kaze no Garden appartient à ce qui, à mon goût, se fait de mieux comme série dramatique, en particulier pour l'intelligence et l'authenticité de son histoire ainsi que la pudeur de son traitement. Comme une opportunité d'abreuver notre réflexion à la source de nos émotions...


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8/10 : Somehow I really enjoyed that one. Personal fave.



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Kaze no Garden with English Subs

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