mercredi 15 août 2012

Nihon e yokoso (XII)

De retour à notre point de départ, le moment est venu de compléter les découvertes du premier jour par de nouvelles promenades dans les différents quartiers tokyoïtes. Au programme de cette journée: Harajuku, Omotesando, Shinjuku, Roppongi... Mais avant cela, pour une transition en douceur après la visite de si nombreux temples aux quatre coins de l'île de Honshu, nous commençons par le Meiji Jingu, sanctuaire shinto niché au milieu d'un bois, lui-même s'élevant au sein du quartier de Shibuya. Rien moins qu'une forêt, paisible et verte, au cœur de la mégapole nippone! Le long du chemin menant au temple, sont entassées des dizaines de larges barriques d'alcool, offrandes à la mémoire de l'Empereur qui fit entrer le Japon dans la modernité. Comme toujours, toutes les générations se pressent dans ces lieux de prière.






Sortant du couvert des arbres entourant le Meiji Jingu, nous pénétrons dans Harajuku par la célèbre Takeshita Street. La moyenne d'âge y est particulièrement basse, et, en ce jour de semaine, les jeunes gens portent tous leurs uniformes. Quand on regarde la devanture des boutiques devant lesquelles ils se pressent, on peut cependant imaginer la réputation d'excentricité du quartier. S'y étalent également les produits dérivés des Johnny's et des boys bands coréens.


J'avoue ne pas être très intéressé et c'est donc d'un pas assez rapide que nous quittons les lieux pour Omotesando, paradis du shopping de luxe, au sein duquel les marques françaises se taillent une place de choix. Le sac Vuitton n'est-il pas l'accessoire indispensable de la Tokyoïte?


Après un coup d’œil amusé sur ces vitrines de luxe, nous décidons, pour nous restaurer, d'aller vers un quartier plus en rapport avec nos moyens. Direction Jiyugaoka, quartier résidentiel et commerçant, abritant de nombreux petits restaurants fréquentés par une bourgeoisie confortable, mais aux tarifs acceptables. Les Japonais apprécient la cuisine occidentale, dont certains plats font désormais partis du patrimoine gastronomique nippon, et nous sommes curieux de voir les éventuelles différences avec ce que nous connaissons. Malheureusement, nous ne trouvons pas l'enseigne, réputée pour ses napolitan, qui nous avait été indiquée et nous nous rabattons donc sur un restaurant qui nous propose des spaghetti mentaiko shimeji. Celles-ci sont suivies d'un passage éclair par une pâtisserie proposant des donuts au macha et nous voici repartis pour Shinjuku!



Le temps de faire le trajet, le ciel s'est couvert de nuages et c'est donc sous la pluie que nous nous rendons au pied de l'imposante mairie de Tokyo. L'averse a chassé les piétons des rues, à l'exception d'une femme politique et de son équipe, arborant en bandoulière des écharpes bleues. Alors que ses séides se tiennent stoïquement au garde-à-vous, sans un parapluie malgré une ondée brutale, la femme poursuit ses exhortations, amplifiés par les enceintes montées sur la camionnette garée derrière elle, à destination d'une foule invisible, en fait réduite à un unique auditeur. Abnégation admirable ou entêtement aberrant? J'ai le sentiment de voir dans cette scène un morceau de l'âme nippone.


Étrange parallèle. Aux portes de Nishi-Shinjuku, quartier des gratte-ciels, symboles de la prospérité économique japonaise, se trouve un parc hanté par les exclus du système, les oubliés, les marginaux... Pour les protéger de la pluie, leurs biens sont emballés sous des bâches en plastique bleues, particulièrement reconnaissables car destinées principalement aux sans-abris. L'averse les a chassés vers des endroits mieux abrités. Nous-mêmes pressons le pas vers un de ces distributeurs de boissons chaudes (et froides) qu'on trouve tous les cent mètres, nous permettant de nous réchauffer avant de reprendre le métro vers notre prochaine destination.




Roppongi Hills, méga-complexe immobilier au cœur de Tokyo, empile en un même lieu des magasins, des restaurants, un cinéma et des résidences de luxe. One Piece y côtoie l'atelier de Joël Rebuchon, où l'on notera, comble du chic, que la carte est rédigée en français puis en japonais: les prix paraissent raisonnables jusqu'à ce qu'on réalise qu'il s'agit bien de petites portions pour dégustation... Au fil de nos allées et venues, nous profitons d'une vue superbe sur la Tokyo Tower.




 


Après un dernier détour par les grands magasins Marui et Nocty, nous retrouvons nos amis pour un repas de départ, légèrement anticipé car ils ne pourront se libérer pour notre véritable dernière soirée. La formule boissons à volonté pour accompagner le shabu shabu nous permet de tester un étrange highball et le makkori: kampai! Nous finissons la soirée par une petite promenade digestive: à cette heure avancée, Matsumoto Kiyoshi, le plus grand drugstore du Japon est toujours ouvert, de même que les supermarchés, l'occasion de faire une dernière razzia de produits purement made in Japan. La fin du séjour se fait décidément beaucoup trop proche.


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