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Il est temps de s'attaquer à ce monument de la nerd-attitude paru en 2005 qu'est
Densha Otoko. Inspirée de faits plus ou moins réels, cette série raconte la naissance et le développement de la relation inespérée entre un otaku et une belle jeune femme de la bonne société. A en croire les scores d'audience, ce conte de fée moderne aura touché un très grand monde de personnes.
Pour rappeler brièvement cette histoire ultra-médiatisée, un jeune otaku, Yamada Tsuyoshi, vient au secours d'une belle inconnue, Aoyama Saori, embêtée dans un train par un homme ivre. Pour le remercier, celle-ci lui fait parvenir un service à thé estampillé Hermès. "
Densha" sollicite alors l'aide des utilisateurs du forum 2channel qu'il fréquente pour savoir comment interagir avec "
Hermes" dont il est tombé éperdument amoureux.
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L'histoire étant posée, parlons des protagonistes du rêve. Et puisqu'il s'agit du récit de la conquête d'une femme délicate, soyons galants et commençons par "
Hermes", cette jeune femme de bonne famille, refroidie à l'égard des hommes suite à une déception sentimentale, mais qui a le mérite de ne pas s'embarrasser de préjugés sociaux vis-à-vis de ses interlocuteurs. Ito Misaki, ou l'éloge de la lenteur, se glisse - délicatement, bien sur - dans la peau de ce personnage. On n'aurait mieux su incarner le fantasme de la princesse raffinée, pleine de grâce, de charme et d'élégance: elle parle doucement, ses gestes sont lents et mesurés, elle sourit avec retenue... à croire que la quatrième dimension dans laquelle elle se meut n'est pas la même que la nôtre. En face, "
Densha", incarné par Ito Atsushi, est un nain complexé, timide, mal attifé, moqué et donc peu à l'aise en société sinon celle de ses camarades otaku avec lesquels il écume Akihabara pour satisfaire sa passion à l'égard des figurines, dessins animés et autres jeux vidéos. Il a également grand cœur et s'autorise à peine le rêve de passer un moment avec une femme qui lui semble si incomparablement supérieure et inaccessible. Et pourtant, poussé et encouragé par des forumeurs de plus en plus nombreux à suivre son histoire, il ose se lancer dans cette impossible conquête. Malheureusement et au-delà de tous ses autres traits de caractère, le personnage, certes joué avec une ostensible exagération, est ici un incorrigible geignard. Il pleure quand il pense à "
Hermes", il pleure quand il est humilié, il pleure quand il est devant son PC, il pleure quand il fait sa déclaration, il pleure, il pleure, il pleure... Les nombreuses séquences comiques ne sont finalement que de courtes respirations avant que les couinements ne reprennent. Bien longtemps après avoir vu
Densha Otoko, il m'est toujours impossible de repenser à ce drama sans être poursuivi par les pleurs et gémissements de "
Densha". Au secours!
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Pour autant,
Densha Otoko ne manque pas d'intérêt. Sur le plan de la réalisation, j'ai trouvé excellente la représentation du net et cette toile lumineuse qui relie ces petites lucarnes de vie les unes aux autres. Il est vrai
a contrario qu'à l'intérieur desdites lucarnes, s'agitent de drôles de personnages, extrêmement caricaturaux et dans lesquels seuls quelques rares excentriques devraient se reconnaître. La production a également mis le paquet pour plonger le téléspectateur dans une ambiance propre au monde des otaku, ne serait-ce que dès
le générique sous forme d'anime conçu spécifiquement pour les besoins de la série. On trouve également un casting très étoffé et de qualité avec, entre autres, Shiraishi Miho (vu dans
Orange Days) dans le rôle d'une collègue plus ou moins protectrice vis-à-vis du triste "
Densha", Hayami Mokomichi dans celui du frère protecteur à l'égard de Saori, Oguri Shun parmi les utilisateurs de bon conseil de 2channel, Toyohara Kosuke en imposteur et soupirant intéressé de la gracieuse "
Hermes" et même Horikita Maki dans un rôle minimaliste de petite sœur pas franchement fière de son otaku de frère. Une bien courte sélection parmi les très nombreux sympathiques et amusants seconds rôles: j'espère qu'on me pardonnera d'ailleurs la prime à la notoriété.
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J'ai également trouvé intéressantes deux questions soulevées par la série. Même pour la meilleure raison du monde, faut-il renoncer à sa nature, à ses passions et centres d'intérêt pour se poser en prétendant légitime d'une femme qui appartient à un autre milieu? On se doute de la réponse donnée par le drama, mais cette réflexion, notamment dans une société qui fait la part belle au conformisme, a le mérite d'être pertinente. Et c'est également le cas de la seconde question: quelle est la frontière à partir de laquelle la vie privée ne doit plus s'exposer sur la place publique sous peine de perdre tout intimité? Ne pensant pas à mal et avide de secours, "
Densha" n'en expose pas moins sur un forum la vie d'une tierce personne, sans que celle-ci n'en sache rien.
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Au final donc,
Densha Otoko se présente comme un divertissement assez bien ficelé et amusant, mais handicapé par un couple vedette qui ne m'aura pas vraiment convaincu et notamment le personnage de "
Densha" qui aura mis à mal mes trésors d'empathie pour la remplacer petit à petit par une profonde envie de lui tordre le cou. Un drama qui se laisse voir, mais en n'oubliant pas de placer une serpillère sous son écran: on n'est jamais trop prudent.
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6/10 : That wasn’t too bad, I guess. But never worth a rewatch.
The complete details about Densha Otoko on drama-wikiDensha Otoko with English subs