dimanche 22 avril 2012

FORWARD - Never Forget 3/11 : A Photo Book of Encouragement and Gratitude

Je me permets de refaire un crochet par le documentaire "FORWARD" diffusé par jibtv.com avec ce reportage unique portant sur la réalisation par des lycéens d'un album photos destiné à transmettre les messages d'encouragement des Japonais de tout le pays à destination des victimes du drame du 11 mars 2011.


L'objet de ce programme consiste donc à mettre en valeur le soutien moral que les Japonais apportent à leurs compatriotes victimes des éléments et/ou des problèmes rencontrés à la centrale nucléaire de Fukushima. Les lycéens étant, plus que les adultes, dans une capacité réduite à offrir une aide matérielle ou monétaire, il est intéressant de pouvoir observer ce type d'initiatives. Certains épisodes précédents de la série de documentaires "FORWARD", en plus de faire un peu de publicité à Canon (mais on sait comment fonctionne le petit écran nippon), avaient déjà illustré à quel point la photographie peut être un outil pertinent pour transmettre ses sentiments à autrui. Par conséquent, la mobilisation de clubs de photographie dans de nombreux lycées, répartis dans tout le pays, pour créer un beau livre destiné aux victimes fait tout à fait sens. Les milliers de photographies collectées sont tout simplement des messages de soutien écrits par des passants acceptant d'être photographiés en portant leurs petites pancartes d'encouragement. Voilà une belle initiative, qui méritait certainement d'être saluée! On relève d'ailleurs que la mobilisation de ces lycéens est prise au sérieuse par leurs aînés, puisque le résultat de leur travail se voit exposé dans des lieux publics, mais également lors d'un Salon professionnel dédié à la photographie.


 Les réalisateurs du documentaire ont également pris le soin d'ajouter une touche plus intimiste, et à mon sens très juste, à ce reportage. En suivant l'une de ces photographes en herbe, on découvre une jeune fille d'une grande timidité pour laquelle ce projet représente un moyen de communiquer ses sentiments personnels, mais également de créer des liens avec les autres lycéens investis dans cette action généreuse.


A contrario, on a assez peu vu les récipiendaires de ce projet id est les victimes et l'accueil que celles-ci peuvent lui réserver. Peut-être parce qu'en ce début d'année 2012, l'ouvrage final était encore sous presse? Mais je pointerais alors, dans cette hypothèse, une sortie prématurée de ce reportage. Bien évidemment, on se doute que les victimes de la catastrophe du 11 mars 2011 ne peuvent qu'être touchées par la mobilisation de ces jeunes et les encouragements prodigués par leurs compatriotes résidant aux quatre coins du Japon. Néanmoins, j'ai été légèrement démangé par une petite inquiétude: s'agissait-il, via ce reportage quasiment mono-centré sur ces lycéens, de flatter quelque peu l'égo nippon en montrant à quel point sa population est active et sensible aux sorts de ses victimes? Peut-être aurait-il fallu passer un peu plus de temps sur la réaction des victimes et percevoir ainsi davantage tout l'intérêt du soutien moral qui leur est encore si nécessaire une longue année après les faits.


La critique peut sembler un peu facile et dure, mais, qu'on se rassure, il s'agit bien d'une interrogation et non pas d'une condamnation, le témoignage de ce genre d'actions ayant de toute façon un réel intérêt. Tout en gardant un œil critique, on ne peut en effet que respecter et saluer les efforts du Japon pour se reconstruire et communiquer au monde les sentiments qui l'animent.


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samedi 21 avril 2012

Ruri no Shima

 

Le soleil, la mer d'un bleu turquoise, les plages de sable fin, les barrières de corail... qui ne voudrait du calme et de l'art de vivre d'une île paradisiaque située à l’extrême sud du Japon? Apparemment, beaucoup de monde, du moins si on en croit l'inquiétante dépopulation connue par les ilots de l'archipel Yaeyama. L'effondrement des industries locales de pêche au thon a en effet conduit les habitants à émigrer vers des centres urbains à la recherche d'un emploi stable et de structures publiques situées à une rassurante proximité. Sur l'île d'Hatoma (Hatomijima dans la série), les parents du dernier enfant scolarisé en maternelle ne souhaitent pas le voir poursuivre ses études à l'école primaire locale et décident donc de partir pour une ville plus grande. L'établissement scolaire de l'île se trouve ainsi condamné à la fermeture, mettant à mal les chances de voir l'île survivre aux derniers vieillards y résidant. C'était sans compter la volonté farouche de ses habitants, qui se mirent à chercher le moyen de faire revenir des enfants dans leur petit coin de paradis. Partant de cette histoire vraie, Ruri no Shima nous dévoile la rencontre mouvementée entre une jeune Tokyoïte et cette culture ilienne traditionnelle.


Il faut avouer qu'en l'espèce le choc culturel était particulièrement aisé à mettre en œuvre, d'autant plus qu'elle se double d'une différence d'âge flagrante entre cette gamine de 11 ans, plutôt mature mais rebelle, et une population locale dont la moyenne d'âge dépasse les 63 ans. Les amateurs avertis se douteront que l'un des fils rouges du drama est de faire de cette rencontre une école de la vie pour la jeune Ruri. Délaissée par sa mère biologique, celle-ci se place constamment dans une logique de provocation envers un monde adulte auquel elle ne fait plus confiance. Ses interactions avec les habitants de l'île, parfois sévères ou maladroits mais toujours chaleureux et prompts au pardon, lui permettent peu à peu de grandir et de retrouver son équilibre. Le téléspectateur est ainsi invité à vivre avec elle ses colères et ses chagrins mais aussi ses joies, lorsqu'elle se trouve confrontée à l'amitié, au respect, à la solidarité, a la responsabilité ou à la mort. En compagnie de Ruri, nous sommes également conviés à découvrir un autre mode de vie dont on ne nous cache ni les plaisirs, visibles à l’œil nu, ni les inconvénients, plus discrets mais réels, tel le manque d'intimité, patent sur une île de moins de 4km de circonférence.


Si les aventures de Ruri servent de fil conducteur à ce drama, de nombreuses histoires viennent en étoffer la trame. De nombreux personnages se voient ainsi doter d'une réelle épaisseur et permettent en conséquence de réellement s’immerger dans la vie de ces insulaires. Au côté de la jeune héroïne, très bien interprétée par Narumi Riko, on trouve ainsi, dans le rôle des parents d'adoption, le colérique mais sage et aimant Yuzo (Ogata Ken, magnifique acteur de Kaze no Garden notamment) et sa patiente et chaleureuse épouse Megumi (Baisho Mitsuko), qui n'auront pas partie facile avec la turbulente Ruri. Sanae-Sensei (Konishi Manami), professeur légèrement autiste, se découvrira une âme au contact de sa jeune élève, encouragée en cela par l'habile proviseur Ohama (Kishibe Ittoku). On s'attache et on suit avec intérêt les aventures de la famille Aragaki, composé de l'inquiet Jiei (Hiraizumi Sei), de la douce Yoshie (Ichige Yoshie) et d'un troisième larron-mystère, ou du couple Matsukuma, Koji (Katsumura Masanobu, père de famille indigne dans LIFE) et Natsumi (Nishiyama Mayuko ), fatigués de subir la pression d'un voisinage qui s'étonne de ne pas leur voir d'enfants, enfin du jeune couple un peu bohème constitué par Shigeru (Kashu Toshiki) et Mizuki (Igawa Haruka, vu dans Freeter, ie o Kau). Comment ne pas compatir également au triste sort de Shomei, simplet et alcoolique, interprété par Kohinata Fumiyo, acteur à la filmographie impressionnante et toujours parfait quel que soit le rôle qui lui est dévolu? Sans doute trouvera-t-on cette longue liste de seconds rôles quelque peu rébarbative, mais il faut y voir le signe de mon attachement affectueux à cette galerie de personnages.


Et puis, il y a Takenouchi Yutaka (Hoshi no Kinka, Long Vacation, Beach Boys, Koori no Sekai, Yankee Bokou ni Kaeru, Ningen no Shoumei, Rondo, BOSS, Fumo Chitai, Nagareboshi...) . Si son personnage, qui vient saupoudrer Ruri no Shima de quelques flocons tragiques, n'est pas sans intérêt, il faut avouer que ce rôle ne constitue pas en lui-même une raison suffisante pour lui consacrer ces quelques lignes à part. Non, ce qu'on retiendra en premier lieu du personnage de Kawashima Tatsuya, c'est l'extraordinaire charisme de Takenouchi Yutaka. En tant qu'homme, j'eusse du ressentir au moins une pointe de jalousie à son égard, mais ce ne fut pas le cas. Avais-je donc reconnu de facto que l'acteur était trop loin du commun des mortels pour ne susciter autre chose qu'une admiration respectueuse de ma part? Quel coup à mon égo...


Pour ne pas finir sur de ridicules prosternations devant une icône du petit écran, je préciserai que ce drama, s'il se laisse parfois aller à des développements faciles et donc pas toujours très originaux, a le mérite d'allier la beauté des images à une réflexion intelligente sur la vie contemporaine. En ne cachant pas les difficultés de vivre sur une île isolée, ni le coût que représente le maintien de services publics sur ces terres reculées, Ruri no Shima a l'habileté de ne pas condamner le mode de vie urbain mais plutôt de poser une vraie question sur l'avenir de ces communautés: à part être une destination touristique, que peuvent offrir ces cultures iliennes au Japon moderne? Elle se double d'une autre réflexion sur ce que peuvent apporter des personnes âgées à des jeunes générations, parfois quelque peu déboussolées. Il faut noter que, dans les faits réels, l'initiative de l'île d'Hatoma d'offrir un accueil à des jeunes en rupture de ban a rencontré un réel succès. Même s'il s'agit d'une adaptation romancée, vous n'en serez pas surpris si vous prenez le temps de faire cette balade sur l'île de Ruri.


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8/10 : Somehow I really enjoyed that one. Personal fave.


Official Site
The complete details about Ruri no Shima on drama-wiki
Ruri no Shima with English subs