jeudi 11 février 2010

Proposal Daisakusen

Si tant est que mes précédentes chroniques m’aient valu une certaine crédibilité, mon intérêt pour cette série pourrait bien lui porter un coup assez rude. L’exercice consistant à expliquer pourquoi j’ai apprécié Proposal Daisakusen s’annonce délicat, mais je vais tâcher de relever le défi: aux éventuels lecteurs de juger.

Mon appréhension repose naturellement sur la présence en têtes d’affiche de Yamashita Tomohisa (dans le rôle de Ken) et Nagasawa Masami (dans celui de Rei), jeunes acteurs extrêmement populaires auprès du public adolescent mais assez largement – et justement – décriés par les amateurs de dramas de qualité. Il est vrai qu’ils sont plus habitués à remporter des concours de popularité que des récompenses pour leur jeu d’acteur. Il faut ajouter à cela que le scenario de Proposal Daisakusen repose également sur un élément peu crédible quoique original, à savoir le voyage dans le temps. En effet, le jour du mariage de son amie d’enfance, dont il est amoureux de longue date, le malheureux Ken se voit proposer par une fée masculine (sic) de remonter dans le temps pour lui avouer ses sentiments et la conquérir.

NB : Même si j’entends limiter au maximum les indices sur le déroulement de la série, ceux qui voudraient la regarder hors de toute autre indication sont invités à ne pas lire la suite.


Ainsi va-t-on suivre à chaque épisode l’envoi de Ken vers un moment marquant de sa relation avec Rei et ses efforts désespérés pour faire comprendre à celle-ci l’amour qu’il lui porte. Evidemment, la série n’aurait pas de raison d’être si, dès son premier voyage dans le temps, notre jeune héros faisait sa déclaration de but en blanc et décrochait le cœur de sa belle. Au fil des voyages pourtant, une certaine frustration pourra poindre d’autant plus que Rei est visiblement entichée de celui-ci et en attente de ladite déclaration. Pour autant, sans doute en partie grâce à son attitude de poseur si commune aux Johnnies, Yamapi incarne bien son personnage introverti, un peu hâbleur mais fondamentalement timide et peu communicatif. Dès lors, on comprend mieux son envie de montrer ses sentiments par des actes plutôt que par des mots, d’autant plus que les scènes du passé où il se retrouve projeter sont généralement synonymes de moments où il a blessé sa promise. Et le voici donc courant en toute hâte pour rattraper ses erreurs passées et marquer son intérêt profond pour Rei… sans jamais en tirer une leçon pourtant de plus en en plus évidente : parfois, quelle que soit sa peur du rejet, il faut oser les mots.
Et c’est bien là que, pour le téléspectateur frustré d’une situation qui se répète, le bât finit par blesser… jusqu’à cet épisode salvateur survenant au milieu de la série. Si Ken ne semble pas avoir tiré d’enseignements de ses échecs, sa psychologie va, elle, évoluer de façon beaucoup plus crédible. D’une première chance saisie à bras le corps, il va petit à petit être logiquement gagné par le découragement, le refus et le désespoir jusqu’au point où son renvoi dans le temps finit par ressembler à un jeu cruel et poignant de l’être féérique. Jusqu’à quel point peut-on supporter de rouvrir ses blessures avant de céder au renoncement?

Peut-être est-ce là que se situe la morale de Proposal Daisakusen. Qui ne rêverait de remonter le temps pour corriger des moments de sa vie : un mauvais mot, un vilain geste, un instant raté, une décision néfaste? Mais serait-ce vraiment la solution? Même en écartant les superstitions sur la prédestination, nous sommes aussi la somme de nos échecs et des leçons que nous en avons tirés. Sans doute, aussi difficile que ça puisse être, faut-il aussi apprendre à ne pas regretter le passé pour se satisfaire de l’infinie possibilité du présent. Aussi évident que cela semble à écrire, encore faut-il être capable de le faire. Une dernière leçon? Peut-être tout bêtement savoir saisir les occasions quand elles se présentent.


Avant de conclure, je dirai également un mot sur la romance, en forme de négatif, entre deux personnages secondaires. Amoureux d’Eri (Eikura Nana), qui ne lui porte aucune attention, Tsuru (Hamada Gaku) ne cesse de lui clamer ses sentiments en toute occasion : comique dans son rôle de gnome bondissant, il ne sera pas moins parfois touchant et cette histoire parallèle se suit avec un intérêt amusé mais certain. A noter également que le « Special » qui suit la série vaut pour une fois d’être vu, attendu qu’il donne une conclusion sympathique à ceux qui ne se satisferaient pas de celle donnée par le drama lui-même.

Et ainsi, malgré toutes les critiques, pour une part justifiées, sur le jeu des acteurs, la difficile alchimie du couple vedette, la passivité de Rei ou encore la répétition de certains épisodes, Proposal Daisakusen mérite qu’on lui donne sa chance tant pour son originalité que pour sa qualité croissante au fil d’épisodes teintés d’un parfum doux-amer.


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7/10 : At least worth checking out..



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Proposal Daisakusen with English Subs