dimanche 27 mai 2012

Nihon e yokoso (V)

Une nouvelle journée et un nouveau mode de locomotion. Après le métro et la voiture, il est temps de s'attaquer à ce symbole du transport japonais: le shinkansen. Non seulement, ce train propose des lignes élégantes et un intérieur confortable voire spacieux, mais il est surtout d'une régularité surprenante; Avec, en moyenne, un shinkensen toutes les cinq minutes, la densité de son trafic a peu à envier à celui du métro! C'est aussi le moment d'étrenner le Japan Rail Pass, qui nous permettra pendant une semaine, moyennement une somme fixe, d'emprunter toutes les lignes de la compagnie JR: la mise initiale est très vite remboursée. Ne reste qu'à retenir les places pour les trains où la réservation est obligatoire ou vivement conseillée. Nos amis japonais ont prévu un bon quart d'heure dans notre emploi du temps pour que nous choisissions avec attention nos ekiben (désignent les bento vendus, pour une misère, dans les trains et les gares). Je me contente d'un "prends-moi ce que tu veux" qui désespère mon entourage de gourmets. "Tout est bon, donc le risque de se tromper est nul, n'est-ce pas?" De façon peu surprenante, ma philosophie ne saurait triompher d'une culture pluriséculaire de gastronomes.




De Yokohama, notre point de départ, jusqu'à Nagoya, et en dépit de variations de densité, la ville ne semble jamais s'arrêter. Nous changeons pour un train régional qui se faufile discrètement entre petites rizières, maisons de bois à l'architecture traditionnelle, qui n'est pas sans rappeler les pagodes, et appartements construits en dur au design plus occidental. Nous voici arrivés à Ise, ville sainte du shintoïsme s'il en est. Sous un beau soleil, nous partons à la découverte de Geku, qu'on pourrait qualifier de temple secondaire au service du temple principal, Naiku, que nous visiterons le lendemain. Perdus dans une végétation encore une fois magnifique, sous la voute formée par les branches d'arbres immenses et majestueux, les temples et autels rayonnent d'une simplicité où minéral et végétal sont utilisés sous forme brute. En ces lieux, le regard, et donc l'esprit, ne sont pas accaparés par la beauté des ors et des peintures. Il émane ainsi de l'endroit une beauté et un calme apaisants et ce ne sont pas les quelques minutes passées en silence au bord du lac en forme de magatama qui me feront mentir.


 


 

 

 


Où se fera notre première nuit hors de Tokyo? Ni plus, ni moins que dans un ryokan, un hôtel traditionnel de luxe, situé en bord de mer. Une petite folie que nous tenions à faire à l'occasion de ce séjour. Si l'extérieur du bâtiment est assurément moderne, les chambres, spacieuses et confortables, sont aménagées dans le style d'antan. Que faire dans un ryokan? Bien manger et prendre des bains, ce qui, entre parenthèses, génère le dialogue suivant avec mon camarade japonais, au moment du choix des chambres:
Lui: Cette chambre-ci a la plus belle vue. On vous la laisse.
Moi: Merci mais... elle n'a pas de douche?
Lui: Et alors? Tu n'as pas besoin de douche puisqu'il y a les onsen!
Moi: Ah... oui... suis-je bête...
Nous enfilons les yukata prêtés par l'hôtel et nous revoici donc parti pour une séance de naturisme! Le petit tabouret en bois, la douche, la bassine... c'est bon, je maîtrise. Tiens? Une bouteille verte et une bouteille violette? Après quelques tests non concluants, je décide de me savonner énergiquement avec le liquide de la bouteille violette. Une fois récuré, direction le bassin. Je demande à mon ami: "Au fait, la bouteille violette, c'était le gel douche ou le shampoing?". Réponse; le shampoing. Forcément. Enfin, je ne boude pas mon plaisir - tant pis s'il y a des grincheux réticents à partager leur eau avec un gaijin - et je profite de ce bain chaud face à la mer, dont il n'est séparé que par quelques rochers et un petit sentier. Ledit sentier oblige du coup le bassin des femmes a être muni d'une barrière en plexiglas qui leur gâche la vue. Dommage mesdames, la préservation de votre intimité est à ce prix.


Il faut noter un petit incident survenu à notre arrivée. Il semblerait en effet qu'il y ait eu une erreur de date, de notre fait, concernant la réservation, mais la situation est vite réglée. On conviendra donc bien que nous sommes en tort, n'est-ce pas? C'est important à noter car, alors que nous nous dirigeons vers une grande pièce privative où déguster notre dîner, l'hôtel décide ni plus ni moins que de nous offrir le repas haut de gamme pour le prix du moyen de gamme que nous avions commandé. Attendez, attendez... Nous sommes en tort, mais c'est le ryokan qui nous offre une compensation pour nous faire oublier cette petite contrariété?!? Ces Japonais sont fous! Peut-on avoir sens du service plus exacerbé?...

Il faut voir le festin qui nous attend! Les photos seront, je l'espère, suffisamment parlantes, d'autant plus que le vocabulaire risque ici de me manquer. A noter que, la serveuse/femme de chambre qui nous est attitrée pour la durée de notre séjour, s'occupe d'un petit grill à une extrémité de la table, où elle fait cuire des crustacés et langoustines encore vivants... La partie occidentale de notre équipe détourne pudiquement les yeux devant cette cuisine cruelle. L'obsession japonaise de la fraicheur des aliments touche ici à son paroxysme. On se régale trop pour se lancer dans une remise en question, malvenue, des traditions locales. Nos ventres sont sur le point d'exploser lorsque nous regagnons nos chambres où les futons ont été déployés sur les tatamis.






La femme de chambre passe rapidement apporter une théière pour la nuit, tout en me racontant sans doute un paquet de choses très intéressantes mais donc je ne saisis goutte puisqu'elle me parle en japonais. Interdit et un peu flippé, j'en oublie la leçon de base et donc les trois termes à retenir:
1/ Lorsqu'on s'adresse à vous, il faut ponctuer les phrases de son interlocuteur d'un "hai".
2/ Lorsqu'on vous donne ou fait quelque-chose pour vous: "sumimasen".
3/ Lorsque la conversation (sic) s'achève, la conclure d'un "arigato gozaimasu".
Avec ça, tout occidental peut survivre à n'importe-quel échange avec un Japonais et celui-ci sera ravi d'avoir pu servir son laïus dans sa langue maternelle, avec toutes les formules de politesse et déclinaisons verbales honorifiques qui vont bien.

Avant de s'endormir, nous jetons un œil à la télévision japonaise. Comme d'habitude, les émissions se partagent entre divertissements où des célébrités se livrent à des pitreries qui, apparemment, font hurler de rire les Japonais, et émissions culinaires. Par hasard, nous tombons également sur le dernier drama d'Amami Yuki, Kaeru no Oujo-sama. Peut-être est-ce l'absence de sous-titres, le fait que je ne comprends pas les dialogues ou la qualité de l'écran HD, mais j'ai tout le loisir de m'attarder sur la forme du drama. Comment dire? Le jeu des seconds rôles, les décors, la réalisation, tout cela fait surprenamment cheap... Il faudra que j'étudie la question à mon retour.

Vue depuis la chambre

lundi 21 mai 2012

Nihon e yokoso (IV)

Notre base de repli à Kawasaki est un appartement situé au 11ème étage d'un immeuble qui en compte 14. Le quartier, résidentiel, se partage entre de grandes barres d'immeubles et des maisons individuelles très récentes, le tout noyé dans une végétation touffue. Je constate, étonné, qu'en dépit de la modernité des lieux, les fenêtres ne sont pas en double vitrage. Dans ce quartier où résident des centaines, sinon des milliers de personnes, je m'attends donc à être réveillé tous les matins par les bruits d'activité humaine. Pas une fois, et je le répète, pas une fois, je ne fus réveillé par les voix du voisinage. La discrétion au service du civisme et du bien-vivre ensemble. Admirable. En fait, ce qui m'a tenu lieu de réveil chaque matin furent les croassements des corbeaux japonais, énormes volatiles, au moins deux fois plus gros que leurs congénères européens.

Ce matin-là, après un rapide passage au combini pour acheter le petit-déjeuner, nous reprenons la voiture et traversons Tokyo pour nous rendre au nord de la capitale, au pied des montagnes. J'avoue que les odeurs mélangées des onigiri et du melon pan ne me réussissent pas. Aussi, à 11H30, lorsque nos amis proposent de déjeuner immédiatement pour profiter d'une longue après-midi, je deviens aussi pâle que du tofu. Nous sommes dans la région du maitake, un champignon géant réputé pour ses vertus médicinales, mais je me contente de siroter un peu de thé vert pendant que mes camarades accompagnent la spécialité locale de soba.

L'arrêt suivant nous amène à Nikko, centre religieux shinto où se trouve le mausolée du fameux shogun Tokugawa Ieyasu. La visite commence bien puisque le premier bâtiment est en complète réfection. Peu importe car le site est vaste et le principal reste visible. Accompagnés par le son d'une lourde cloche cérémonielle et sous une pluie régulière, nous nous enfonçons dans un bois touffu, où la mousse qui dévore les pierres et la multiplicité des espèces arboricoles, offrent aux visiteurs un univers aux multiples nuances de vert de toute beauté. Dans le sanctuaire, les bâtiments sont superbes et ornés de décorations dont le niveau de détails est ahurissant! Accéder au mausolée du shogun se mérite et, après nous être faufilés sous les linteaux où se tiennent le nemuri-neko et les trois singes de la sagesse, il nous faut encore gravir environ 200 marches pour nous recueillir devant le fondateur d'une lignée qui présida au destin du Japon pendant près de trois siècles. Aussitôt montés, aussitôt redescendus. Après nous être déchaussés, nous pénétrons avec la foule dans une salle du temple où, à l'issue d'une courte cérémonie pendant laquelle mon ami me souffle quand m'incliner et quand frapper dans mes mains, le prêtre nous offre sa bénédiction.












nemuri-neko, le chat endormi...

... à moins qu'il n'essaye de surprendre les oiseaux (situés de l'autre côté de la porte)?

Mausolée de Tokugawa Ieyasu


Nantis de cette précieuse bénédiction, nous pouvons nous engager sereinement sur la fameuse Iroha-zaka, une route de montagne escarpée tout en lacets. Est-ce pour occuper l'esprit des enfants qui risqueraient d'avoir mal au cœur? A chaque virage se dresse un panneau avec une lettre de l'ancien alphabet japonais: 48 virages pour 48 lettres classées dans l'ordre alphabétique. Au bout de la route, la récompense: kegon no taki, une chute d'eau vertigineuse, haute de 97m. Comme d'habitude, un petit vieux en uniforme nous indique l'emplacement d'un parking et guide les manœuvres de stationnement des véhicules. Nous prenons un large ascenseur qui s'enfonce de 100m dans la montagne pour nous déposer au pied de la chute. La pluie a redoublé et nous sommes quasiment en pleine tempête. Ajoutons à cela un peu de brouillard et nous devons nous contenter d'une vue limitée. Je ne sais pas si c'est mon ADN breton qui prend les commandes, mais me voilà à avancer tête nue sur la plateforme la plus proche de la chute pour profiter à plein du vacarme wagnérien qui émane de l'endroit. Bilan: je suis trempé comme une soupe. Merci la Bretagne.




Iroha-zaka, nous voilà! Cette fois pour redescendre et rejoindre l'autoroute qui nous ramènera à Tokyo. Petite pause en chemin dans une aire d'autoroute. Au cas où vous auriez oublié de rapporter de votre voyage la ou les spécialités régionales, les magasins autoroutiers vous offrent une dernière chance. Cette fois, c'est mon ADN normand (bâtard breton pour les Normands, bâtard normand pour les Bretons, je suis le produit d'une histoire familiale shakespearienne...) qui s'agite. La raison?...

Cheesecake au... camembert!
Traitreusement, à peine revenus à Kawasaki, la moitié féminine de notre équipée décide de passer par un magasin de chaussures... Peut-être pour me soigner de ce vicieux coup de poignard dans le dos, nos amis nous emmènent dans un restaurant spécialisé dans le yakiniku, id est le barbecue à la japonaise. Je le confesse: je suis trop occupé à me goinfrer pour prendre des photos... La soirée s'achève par une séance photo de ces dames dans un purikura. C'est beau de savoir rester jeune. Pendant ce temps, un client remporte le jackpot au pachinko: le bruit incessant des centaines de pièces tombant en cascade dans son escarcelle me raccompagne jusqu'à l'appartement.

samedi 19 mai 2012

Nihon e yokoso (III)

La découverte de Tokyo se poursuivra à la fin du séjour. D'ici là, il est temps de partir explorer de nouveaux territoires. Nos amis louent une voiture et nous voici partis pour Hakone, située à environ 70km au sud-ouest de la capitale. Là, nous prenons un téléphérique qui nous dépose dans l'Owakudani, un pan de montagne noyé dans les émanations de souffre... et dans le brouillard. Après une petite grimpette, nous arrivons aux sources volcaniques bouillonnantes dans lesquelles les Japonais mettent à cuire des oeufs, baptisés kuro-tamago en raison de la teinte noire prise par la coquille. Des cargaisons entières sont descendues dans la vallée au moyen d'un long filin. Quant à nous, c'est, sur place, donc au milieu d'une puissante odeur de prouts - ben oui, le souffre... - que nous sommes invités à les déguster. Et dire que les Japonais font la grimace devant l'odeur de nos fromages. Tss...



 




Livraison de kuro-tamago à destination d'Hakone
L'autre point d'intérêt d'Owakudani, c'est sa fort jolie vue sur le mont Fuji. Mais vous ai-je dis que nous étions dans le brouillard?...

Ce qu'on aurait du voir...

Ce qu'on a vu...

Si! Là! A gauche! Un bout du flanc du Mt. Fuji!...
Si Hakone dispose d'une belle réputation, elle tient en bonne partie à ses onsen, sources chaudes dues à l'activité volcanique locale, dans lesquelles les Japonais s'abandonnent avec délice. Rien de tel pour se détendre? Pas sûr. J'avoue que je me sens a priori moyennement à l'aise puisque les derniers inconnus à m'avoir vu dans toute ma nudité doivent probablement être l'équipe de la maternité où je suis venu au monde. Tant pis pour la pudeur: tout le monde à poil! Hommes et femmes séparés, ne nous emballons pas. Après s'être mis en tenue d'Adam, je vais prendre place au bout d'une rangée de tabourets en bois occupés par autant de Japonais et me savonne énergiquement. Pas de gant de toilette, mais une mini-serviette avec laquelle on peut également tenter de masquer son intimité, mais qu'il est interdit de mettre dans l'eau des onsen. Une fois récuré, je m'aventure vers le bassin le plus proche, en bois et partiellement couvert. §#*%!... C'est brulant! C'est ça, un onsen? Au meurtre! Deux petits vieux, immergés, devisent tranquillement. Pas question de se laisser "battre" par des vieillards et je me force donc à m'asseoir, mais la chaleur est telle que j'en ai le souffle coupé et que mon corps vire au rouge vif! Mon ami japonais s'approche à son tour, glisse un orteil: "atsui"! Il m'invite à rejoindre illico un autre bassin, à l'extérieur et creusé dans la roche. L'eau y est ici autour d'une quarantaine de degrés, ce qui est nettement plus supportable. Mon ami m'explique que le meilleur moment pour profiter des onsen consiste à s'immerger dans cette eau chaude en plein hiver: la sensation serait alors des plus agréables, ce que je n'ai pas de mal à croire. Il décide ensuite de faire le tour des autres bassins, tandis que je choisis de profiter de celui où j'ai trouvé refuge. Étant à flanc de montagne, les bassins s'échelonnent sur plusieurs niveaux et je me trouve dans la partie supérieure, légèrement masqué des autres thermalistes. Le Japonais a une faculté innée à se réfugier dans sa bulle, seul au monde et ne se préoccupant pas de ce qui l'environne. Seul dans ma source, j'essaye de faire de même, mais je ne peux m'empêcher de constater que toutes les personnes qui s'approchent de mon bassin font immédiatement demi-tour. A une dizaine de mètres, un type aux cheveux décolorés me fixent d'un air apparemment peu amène. Finalement, deux gamins, probablement inconscients du danger à partager un bain avec un gaijin, sautent dans le bassin que j'occupe, y entraînant de ce fait leur géniteur. Ayant suffisamment sacrifié à la tradition, je décide de retourner aux vestiaires. En chemin, je ne peux quand même pas manquer ce quinquagénaire, mains sur les hanches, bedaine en avant, pied sur une pierre, serviette nouée autour de la tête et petites lunettes rondes, qui contemple fièrement les onsen, tel un général victorieux parcourant du regard le champ de bataille. Mes zygomatiques tentent alors d'exercer une sévère pression sur ma mâchoire, mais je résiste et c'est d'un air impassible que je passe sous un portique où des courants d'air frais me sèchent en un tour de main. Par curiosité, je jette un œil au bassin que j'occupais: cinq personnes y ont pris place. Les quelques minutes que j'y ai passées ne semblent donc pas avoir définitivement pollué la source. Rassuré, je peux quitter les lieux et retrouver mes comparses:
"- Alors? Alors? Tu as aimé? C'était comment?
- Chaud."


 Nous reprenons la voiture, en direction de Kamakura, ancienne capitale des shogun Minamoto. Nous commençons par rendre visite au grand bouddha Amitabha (13m de hauteur), en bronze et datant du XIIIème siècle. Détail amusant, la statue est creuse et quelques personnes s'autorisent à y pénétrer, contemplant la foule des visiteurs de haut.




Nous nous rendons ensuite au Tsurugaoka Hachiman-gū, le principal sanctuaire shinto du Kamakura shogunal. A l'entrée des lieux, des milliers d'émules ont écrit leurs vœux sur de petites plaques de bois qui sont ensuite suspendues aux emplacements prévus à cet effet. On peut également tirer une prédiction et attacher à des fils les petits morceaux de papier ayant eu le malheur de prédire de la malchance, en attendant qu'un prêtre s'occupe de les incinérer avec force prières. Tout cela contre menue monnaie. Les temples shinto ont en effet ceci d'étonnant que religion et commerce y sont étroitement liés. On paie avant de prier, comme pour acheter les souvenirs ou omamori vendus par les miko à l'intérieur même des sanctuaires. Une méthode gagnante pour faire des offrandes aux divinités et revenir de son pèlerinage avec une preuve tangible de leur bénédiction. Autre conséquence positive, les temples sont parfaitement entretenus et dans un remarquable état de conservation.




Japon, entre tradition et modernité: le distributeur automatique de prédictions! :)





Alors que la nuit tombe, nous nous rendons au port de Misaki, réputé dans tout l'archipel pour la qualité de son thon. Assis sur des tatamis, autour d'une table basse, nous nous régalons d'un thon fondant comme du beurre et d'assortiments de champignons.